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Virus chinois: quelles sont les procédures si la Belgique était touchée?

Le Vif

Alors que l’inquiétude gagne le monde, la Chine fait tout ce qu’elle peut pour empêcher une nouvelle expansion. Quelles sont les procédures si la Belgique était touchée? Le point.

Pour l’instant aucun cas n’a été détecté en Belgique, et selon Vinciane Charlier du SPF santé publique, en l’état, il y a peu de chance que cela se produise. En effet, il n’y a que très peu de liaisons directes avec la Chine à partir de Zaventem et aucun vol direct entre un aéroport belge et Wuhan. Il n’empêche que cette métropole de 11 millions d’habitants est un important lieu de passage et quatre aéroports européens qui ont une connexion directe vers Bruxelles desservent la ville. Cependant, en amont, en Chine, ils ont l’habitude et ont très tôt appliqué les procédures. Le dépistage est de toute façon plus efficace au départ. En Chine, des médecins contrôlent déjà les passagers à l’aide de thermomètres infrarouges ou font passer les passagers devant des caméras thermiques. Dans les deux cas, s’ils ont de la fièvre, un contrôle médical s’en suit.

Par ailleurs, toujours au vu des informations dont on dispose pour l’instant, si le virus est transmissible entre hommes, il ne l’est que faiblement. Soit il faut un contact direct. Pour rappel, on connaît déjà le code génétique du virus, qui partage 80 % de son patrimoine avec celui du coronavirus qui avait donné l’épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) au début des années 2000. Malgré les similitudes, rien n’indique que le nouveau virus soit un tueur. Pour l’instant , ce virus, toujours en fonction de ce que l’on sait pour l’instant, ne serait pas très sévère. La crainte principale est donc qu’il mute comme le Sras, qui au début n’était pas si agressif. En effet, les coronavirus évoluent très vite surtout quand ils changent d’hôte ou se déplacent. « Mais pour cela il est encore trop tôt pour le dire et on se trouve donc encore dans une phase d’observation » précise encore Vinciane Charlier.

C’est pour cela, que pour l’instant il n’y a qu’un avis de voyage déconseillant de se rendre sur les marchés ouverts dans la région de Wuhan. Il n’y a pas non plus encore de screening automatique à Zaventem. Seul le personnel navigant a reçu un courrier informatif. Toujours selon Vinciane Charlier, les médecins généralistes et hôpitaux n’ont pas non plus encore reçu de courrier officiel indiquant les procédures à suivre, l’historique de la maladie et les éventuels risques. Le groupe groupe de gestion des risques (RMG ou Risque Management Group) de Sciensano, l’ancien Institut scientifique de santé publique, devrait envoyer un tel courrier fin de cette semaine ou début de semaine prochaine. Soit après la réunion d’urgence de l’OMS de cet après-midi qui risque d’être déterminante.

Quelle est la procédure en cas de contamination ?

Tous les échantillons suspects sont envoyés au Centre national de référence pour les agents pathogènes respiratoires de la KU Leuven. Un laboratoire dirigé par le virologue Marc Van Ranst. Il peut détecter ce type de coronavirus depuis vendredi dernier sur la base du code génétique du virus qui a été partagé avec les laboratoires du monde entier. Pour l’instant, aucun échantillon ne s’est révélé positif en Belgique et seul un cas aurait été analysé, mais il s’est révélé négatif selon la Gazet Van Antwerpen.

Si un cas positif était détecté, la procédure veut que le patient soit isolé dès que possible et de préférence à l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles, qui est le centre de référence en Belgique. La première personne infectée par la grippe porcine y a également été mise en quarantaine en 2009. Le patient reçoit des soins par un personnel entraîné à ce genres de cas, tandis que les contacts étroits sont surveillés afin que le virus ne se propage pas davantage. « C’est une procédure standard », selon Vinciane Charlier.

Une possible mutation est le vrai danger

Le nouveau coronavirus, qui a fait neuf morts et contaminé des centaines de personnes en Chine, pourrait muter et se propager plus facilement, ont averti mercredi les autorités, exacerbant une inquiétude mondiale déjà renforcée par le signalement d’un premier cas aux Etats-Unis. Ce premier cas de contamination hors Asie intervient au moment où un comité ad hoc de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) doit se réunir mercredi à partir de 11H00 GMT à Genève pour déterminer s’il convient de déclarer une « urgence de santé publique de portée internationale ». Lors d’une conférence de presse à Pékin, le vice-ministre de la commission nationale de la Santé, Li Bin, a précisé que le virus avait été diagnostiqué auprès de 440 patients. Le précédent décompte faisait état de six morts et d’environ 300 cas recensés.

Une « urgence de santé publique de portée internationale » ?

L’OMS n’a jusqu’ici utilisé ce terme que pour de rares cas d’épidémies nécessitant une réaction internationale vigoureuse, dont la grippe porcine H1N1 en 2009, le virus Zika en 2016 et la fièvre Ebola, qui a ravagé une partie de l’Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016 et la RDC depuis 2018.

Le virus a été repéré en décembre à Wuhan, mégapole de 11 millions d’habitants, dans un marché de gros de fruits de mer et de poissons. On ignore encore son origine exacte ou la période d’incubation.

Des ventes illégales d’animaux sauvages avaient lieu dans ce marché, a déclaré mercredi devant la presse le directeur du Centre national de contrôle et de prévention des maladies, Gao Fu, sans pouvoir affirmer avec certitude si du gibier était à l’origine de l’épidémie.

Le maire de la ville a suggéré de ne pas se rendre à Wuhan si cela n’est pas nécessaire et aux habitants de ne pas quitter les lieux.

La souche incriminée est un nouveau type de coronavirus, une famille comptant un grand nombre de virus. Ils peuvent provoquer des maladies bénignes chez l’homme (comme un rhume) mais aussi d’autres plus graves comme le Sras.

L’organisation internationale avait à l’époque vivement critiqué Pékin pour avoir tardé à donner l’alerte et tenté de dissimuler l’ampleur de l’épidémie.

Le virus, qui se transmet par les voies respiratoires, « pourrait muter et se propager plus facilement », a-t-il expliqué au moment où des centaines de millions de Chinois voyagent à travers le pays pour se retrouver en famille à l’occasion des congés du Nouvel an lunaire, qui débutent vendredi. Après avoir largement semblé ignorer l’épidémie apparue le mois dernier, les Chinois paraissaient prendre conscience du risque dans les grandes villes du pays, où beaucoup d’habitants revêtaient des masques respiratoires.

Dans une pharmacie de Pékin, une employée était obligée d’expliquer aux clients qu’elle n’avait plus de masques ni de produits désinfectants à vendre. « Les stocks sont à zéro à cause de ce qui se passe à Wuhan. Quand le nombre de cas s’est rapproché des 300, les gens ont réalisé que c’était grave », dit-elle.

– Ventilation, désinfection –

Près de la moitié des provinces du pays sont touchées, y compris des mégapoles comme Shanghai et Pékin, où le lycée français a diffusé des consignes de prévention et distribué du gel antibactérien aux élèves, dont certains portaient des masques mercredi. Un cas a également été décelé à Macao, capitale mondiale des jeux d’argent, où les employés de casinos devront porter des masques.

Relayant un appel du président Xi Jinping à « enrayer » l’épidémie, M. Li a annoncé des mesures de prévention telles que ventilation et désinfection dans les aéroports, les gares et les centres commerciaux.

Des détecteurs de température corporelle pourront également être installés dans les sites très fréquentés, a-t-il annoncé.

Nombre de pays ayant des liaisons aériennes directes ou indirectes avec Wuhan, la ville à l’épicentre de la maladie, ont renforcé les contrôles des passagers à l’arrivée, puisant dans leur expérience de l’épidémie du Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2002-2003, un virus de la même famille.

Après le Japon, la Corée du Sud, la Thaïlande et Taïwan, les Etats-Unis ont annoncé mardi un premier cas de maladie.

Il s’agit d’un homme d’une trentaine d’années, originaire de Wuhan et résidant près de Seattle, dans le nord-ouest des Etats-Unis. Arrivé le 15 janvier sans fièvre à l’aéroport de Seattle, il a lui-même contacté dimanche les services de santé locaux après avoir constaté des symptômes.

Il a été hospitalisé par précaution et restera à l’isolement pendant encore au moins 48 heures, selon les autorités sanitaires.

D’autres épidémies parties de Chine

Plusieurs grandes épidémies virales sont parties de Chine au cours des dernières décennies, comme le nouveau coronavirus apparu en décembre dans la ville de Wuhan (centre).

– 2003: le Sras –

Le virus du Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) émerge fin 2002 dans le sud de la Chine après avoir été transmis de la chauve-souris, son « réservoir naturel », à l’homme par la civette palmiste masquée, mammifère sauvage vendu vivant sur des marchés de Chine méridionale pour sa viande.

Ce « coronavirus » (virus en forme de couronne) s’avère redoutablement contagieux, provoquant des pneumonies aigües parfois mortelles.

A partir du printemps 2003, il provoque une véritable psychose en Asie, surtout en Chine, à Hong Kong et Singapour, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ayant déclenché le 12 mars une alerte sanitaire internationale.

L’épidémie sera responsable, au final, de 774 morts pour 8.096 personnes atteintes dans une trentaine de pays, Chine et Hong Kong concentrant 80% des victimes.

– 1997: grippe aviaire A(H5N1) –

La grippe aviaire A(H5N1) tue pour la première fois à Hong Kong en 1997, causant la mort de six personnes avant de réapparaître en 2003 en Asie du Sud-Est, faisant un total de 282 décès pour 468 cas dans 15 pays (bilan 2003-2009 de l’OMS).

Mais ce virus sévit essentiellement chez les oiseaux, surtout les volailles d’élevage, et les infections chez l’homme sont dues à des contacts directs avec ces animaux.

On ne peut donc pas parler d’épidémie humaine de grippe aviaire, la transmission inter-humaine étant inefficace ou minime. La crainte est une évolution du virus vers une forme facilement transmissible d’homme à homme.

– 1968: grippe de Hong Kong –

Un nouveau virus grippal de type A (un des trois types de grippe saisonnière) se répand à partir de juillet 1968 à Hong Kong où il infecte un demi-million de personnes, soit 15% de la population, avant de s’étendre à l’Asie puis de toucher les Etats-Unis à l’automne et l’Europe.

Considérée comme la première pandémie de l’ère moderne, aggravée par la multiplication des voyages par avions, cette épidémie entraîne une forte mobilisation internationale, coordonnée par l’OMS. Dès novembre 1968 des vaccins efficaces sont mis au point.

Le bilan de cette pandémie est estimé à un million de morts (chiffre cité par l’organisme américain de surveillance et prévention des maladies CDC).

– 1957: grippe asiatique –

Les premiers cas de cette grippe, également de type A, sont repérés en février 1957 dans la province chinoise de Guizhou (sud-ouest). Le virus se diffuse ensuite à travers la Chine et dans toute l’Asie puis à l’échelle de la planète pour provoquer la plus importante pandémie depuis la grippe espagnole de 1918, avec un nombre total estimé de morts de 1,1 million (chiffre cité par le CDC).

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