Plusieurs tentes du campement de fortune sur le pont devant le Petit-Chateau, au dessus du Canal.
Des dizaines de tentes se sont ajoutées à celles de Afghans, sur le pont devant le centre d'arrivée de Fedasil. © Zoé Leclercq

Squat fermé de Schaerbeek: des dizaines de personnes campent devant le Petit-Château (reportage)

Stagiaire Le Vif

Devant le Petit-Château, le centre d’arrivée de Fedasil, des dizaines de nouvelles tentes se sont dressées. La rue fait office de campement provisoire pour les expulsés du squat de la rue des Palais, qui n’ont pas de place d’accueil. Reportage.

Le long du Canal, les cyclistes roulent le long de dizaines de tentes qui se sont dressées pendant la nuit devant le Petit-Château, centre d’arrivée de Fedasil. Ces tentes, données par des associations ou le voisinage, se rajoutent à celles de demandeurs d’asile afghans, qui campent là depuis des mois. En une nuit, le campement de fortune a triplé de taille. L’évacuation du squat de la rue des Palais, le 14 février, a laissé perplexes des centaines de demandeurs d’asile qui y vivaient.

Autour des tentes, un groupe de personnes avec des gilets blancs parlent aux campeurs. Ce sont des médecins et infirmières de Médecins Sans Frontières (MSF). Ils se renseignent sur les besoins médicaux des demandeurs d’asile, pour pouvoir revenir le lendemain avec les traitements nécessaires. La communication est parfois difficile, un des bénévoles essaie de discuter avec un groupe de jeunes hommes afghans. Mais il ne parle pas pachto et eux ne connaissent pas l’anglais. Il essaie de trouver un interprète au téléphone. C’est la débrouille. Pour le camp aussi : des bâches de chantier accrochées avec de la cordelettes recouvrent les tentes quechua, pour protéger les demandeurs d’asile du vent et de la pluie. Les déchets jonchent le sol, à quelques centimètres de là où ils dorment. Les voitures, bus, camions, vélos, passent à quelques mètres des groupes. L’atmosphère est polluée et bruyante, c’est une artère très empruntée. La différence est flagrante : sur l’asphalte, les véhicules passent à 50 km/h, mais sur le troittoir, tout est à l’arrêt. Les demandeurs d’asile ne font rien à part attendre.

« Je vous mentirais si je vous disais que j’allais bien, ce n’est pas une vie d’être ici. Si nous étions ukrainiens, nous serions déjà à l’intérieur« , dénonce Najid, en montrant du doigt le centre d’arrivée. « Mais je n’ai pas les yeux bleus. »

Najid vient de Palestine. Il a passé 28 jours au squat de la rue des Palais, à Schaerbeek. Lui et ses deux amis font partie des centaines de personnes qui ont dû passer la nuit dehors. « Ils nous ont promis que des bus arrivaient. On a attendu. A 17h, les agents de police ont soudainement pris toutes nos affaires et ont commencé à nous pousser dehors. » Une fois dehors, pas de place pour eux dans ces bus. Ils ont dormi sur le pont surplombant le canal, aux frontières de Molenbeek. « Ils nous ont fait de fausses promesses. On est venus ici pour espérer trouver une solution avec Fedasil, mais jusqu’ici, il n’y en a pas. »

« Si nous étions ukrainiens, nous serions déjà à l’intérieur »

« Ils étaient censés être placés au Crossing, à Schaerbeek, mais il n’y avait plus de place. Les autorités n’ont pas anticipé le nombre de personnes », explique David, un des responsables de la communication de Médecins Sans Frontières. Le Crossing, c’est le centre temporaire prévu et promis par les autorités pour accueillir les demandeurs d’asiles et les sans-papiers qui résidaient illégalement dans le squat que les activistes appellent Palais des Droits. « Apparemment ils vont essayer de libérer de la place au Crossing pour accueillir ces hommes », les membres de l’association n’en savent pas davantage que les demandeurs d’asile.

Les deux côtés du pont sont désormais occupés par des tentes de demandeurs d’asile sans place d’accueil. Quelques passants s’arrêtent pour parler aux campeurs, d’autres regardent de loin. ©Zoé Leclercq

Najid n’est pas optimiste, les mains dans les poches, il secoue la tête, « en fin de compte, il ne se passera rien parce que c’est juste politique. Cela fait quatre mois que j’attends. »

Des habitantes du quartier arrivent avec un tas de couvertures et les distribuent aux campeurs tandis que les travailleurs et travailleuses de MSF passent de tente en tente, pour établir une liste des besoins. « On reviendra avec des médicaments, des sacs de couchages et des tentes. » explique David, « mais le vrai problème, c’est la gale. Ils n’ont pas accès à des douches. C’est un cercle vicieux, il suffit qu’ils partagent un sac de couchage pour se recontaminer. »

En attendant une solution pérenne, et une place d’accueil, les demandeurs d’asile peuvent compter sur les association de terrain, comme MSF et la Croix-Rouge, et au voisinage, pour leurs dons de matériel. Un Hub humanitaire leur est également accessible, à proximité, pour recevoir des médicaments et des repas gratuits.

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La banderole sur laquelle est écrite "Niemand is illegaal sauf l'état" (Personne n'est illégal sauf l'état) a été à moitié arrachée par le vent, très fort aux abords du Canal.

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La banderole sur laquelle est écrite « Niemand is illegaal sauf l’état » (Personne n’est illégal sauf l’état) a été à moitié arrachée par le vent, très fort aux abords du Canal.

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La banderole sur laquelle est écrite "Niemand is illegaal sauf l'état" (Personne n'est illégal sauf l'état) a été à moitié arrachée par le vent, très fort aux abords du Canal.

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La banderole sur laquelle est écrite « Niemand is illegaal sauf l’état » (Personne n’est illégal sauf l’état) a été à moitié arrachée par le vent, très fort aux abords du Canal.

Photos et texte de Zoé Leclercq

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