Carte blanche

« Soigner des patients, et non des résultats »: lettre ouverte de médecins généralistes (carte blanche)

« Continuons à sensibiliser les autres patients sur les avantages de la vaccination, et des gestes barrières. Mais de grâce, relançons la société », écrivent deux médecins généralistes, soutenus par des dizaines de signataires représentant différents horizons de la médecine générale.

Mesdames et messieurs les ministres , chers élus, chers hommes politiques,

Une demande claire de la médecine générale : STOP au testing de masse !

Pour rappel: le 23 décembre, nous vous implorions d’arrêter le testing massif…

Or celui-ci a explosé de manière exponentielle, avec les conséquences qu’on lui connait : l’école a repris depuis dix jours et les classes ferment les unes à la suite des autres, les entreprises, tous secteurs confondus, sont paralysées par la légion d’employés en arrêt de travail.

Le montant colossal investi dans cette stratégie est une pure perte !

De plus ce testing de masse mobilise des infirmiers qui font cruellement défaut dans les structures hospitalières et sature les laboratoires.

Puisqu’une grande partie de la population est vaccinée, et que l’immunité collective tend à croître, puisque 99% des patients contaminés ne passeront heureusement pas par la case « Hôpital », puisque les courbes de contamination continuent d’augmenter ( malgré le testing ), puisque les masques dans les écoles n’ont pas freiné la progression des contaminations, puisque le nombre de patients aux soins intensifs tend actuellement à diminuer… pourquoi ne pas arrêter cette stratégie dépourvue de logique ?

L’humilité de reconnaître que certaines mesures n’ont pas été efficaces n’est pas un défaut !

Soigner des patients, et non des résultats

Loin de nous l’idée de vouloir minimiser cette épidémie.

Cependant, le COVID provoque actuellement chez l’adulte des symptômes mineurs, allant d’une banale virose respiratoire à un état grippal plus marqué. Parfois il se complique de surinfection respiratoire dont les traitements sont bien maitrisés ( antibiothérapie et corticothérapie en ambulatoire).

Le principe même de la médecine est « ne pas soigner un résultat mais un patient, en fonction de son état clinique »

Aujourd’hui, la médecine générale est trop souvent contrainte à faire l’inverse: soigner des résultats ( frottis positifs, sans même voir le malade) et non plus des patients, parce que cette stratégie s’appuie sur des chiffres.

Il est devenu exceptionnel que l’état clinique d’un patient contaminé justifie un arrêt aussi long que celui que vous préconisez !

Revenons au bon sens et à la logique d’avant COVID: « si vous présentez des symptômes respiratoires, présentez-vous en consultation de médecine générale, un arrêt de quelques jours et un traitement adéquat sera préconisé »

Si nous devions extrapoler cette situation à la période « d’avant la pandémie » , en faisant une comparaison aux états grippaux, cela reviendrait à dire que chaque patient « grippé » de même que son entourage aurait dû subir un test à la recherche du virus de la grippe et bénéficierait d’un certificat de 7 jours minimum…. ?

La médecine générale sous pression

Nous demandons, nous, médecins généralistes de reprendre la main sur l’indication de testing, ( et donc de stopper l’accès libre aux demandes de tests PCR sur la plateforme « masante.be »), de cesser urgemment les auto-tests qui n’ont pour but que d’accentuer la paranoïa et la névrose collective, de renflouer les caisses de certains, et de donner l’illusion d’être faussement négatifs .

Nous, médecins généralistes, exigeons de ne réserver ces indications de testing qu’aux patients présentant des symptômes sévères ( admission aux urgences ) ou présentant des facteurs de co-morbidité ( diabète, obésité, dialyse … )

La médecine générale, de première ligne, est un précieux atout pour progresser vers la sortie de crise.

Or, cette médecine de première ligne s’épuise, tous les signaux sont rouges, les généralistes saturent sous une charge de travail administratif croissante depuis deux ans.

Nous, médecins généralistes, ne tiendrons plus la cadence longtemps: vous voilà prévenus ! ( Un certain nombre d’entre nous ont déjà lâché cette profession, d’épuisement, de dégoût…)

Un testing de « Comfort », porte ouverte à tous les abus …

Posez la question aux centaines de milliers de patients qui se présentent chaque jour dans les centres de testing de Belgique: « Qui réalise encore ce test pour limiter l’épidémie ? »

À dire vrai, les motivations de testing sont essentiellement d’ordre individuel :

« Je dois aller au restaurant ce soir avec des amis, … »

« Si je suis positif, j’aurai un certificat de guérison qui rendra mon CST valable pendant 6 mois… »

« Si je suis positif, j’aurai un certificat de dix jours de repos… »

« Docteur, je suis encore fatigué ( après le certificat de dix jours ) pouvezvous me prolonger d’une semaine ? »

« Docteur, mon fils est positif mais il va bien, pouvez-vous me couvrir toute la famille ? »

La liste d’exemples est interminable.

Voulons-nous continuer d’entretenir une société autocentrée, nombriliste ?

Plus personne ne réfléchit encore en terme d’épidémie et de contagion . Chacun pense à son petit comfort personnel.

Il est urgent que vous conviez à la table des concertations des représentants de terrain: infirmiers, urgentistes, généralistes, enseignants …

Nous sacrifions égoïstement la jeunesse

Évoquons la situation dramatique des écoles et des crèches: vous avez imposé le port du masque dans les écoles dès l’âge de 6 ans ( un âge où l’apprentissage crucial passe par le verbal, l’expression, la sensibilité ) cette mesure n’a pas prouvé d’efficacité dans la diminution des transmissions.

Pire encore les écoles ferment.

Qui voulez-vous protéger ? Les professeurs ? Ceux-ci peuvent respecter les gestes barrière, porter un masque, et sont en grande partie vaccinés . Ils souffrent et font de leur mieux pour essayer de continuer à enseigner dans des conditions difficiles.

Cela va sans dire qu’en arrêtant le testing invasif de nos enfants et en les soignant de manière adéquate c’est à dire en fonction de leurs symptômes (pour rappel, à cet âge, essentiellement un « nez qui coule » ) nous pourrions maintenir l’enseignement en fonction comme lors des périodes endémiques de grippe et autres petits virus respiratoires.

« À force de vouloir ménager les plus réfractaires, et par conséquent de faire preuve d’un attentisme coupable, puis de nous révéler incapables d’adapter les protocoles rapidement en fonction de l’évolution épidémiologique, on continue de sacrifier la scolarité des plus jeunes, soit l’essence même de la construction de ces futurs adultes. Nous sommes responsables de la mise en péril de leur avenir. »

Les jeunes adultes, les ados, les enfants , sont dans une souffrance incommensurable liée à cette crise.

Cela n’a pas l’air de vous émouvoir.

Ils en portent trop souvent le poids de la culpabilité : »si tu ne mets pas ton masque tu vas donner le covid à tes parents… »

Nous avons respecté vos règles, nous avons opté pour une vaccination de masse, et ce , pour revenir à la fermeture des classes deux ans après le début de cette pandémie ?

C’est grave parce que vos mesures parviennent à nous faire douter du bon sens scientifique.

Il devient dès lors difficile d’appliquer au quotidien vos mesures dans lesquelles nous ne croyons plus.

Il n’est plus à prouver aujourd’hui que la vaccination réduit drastiquement le risque de finir aux soins intensifs, mais, s’il fallait préserver un autre avantage prioritaire à cette vaccination ce serait la garantie que nos enfants, nos jeunes adultes puissent vivre et grandir de la manière la plus sereine possible.

Et si nous réfléchissions un peu ?

Chers directeurs d’école et de crèches, refusez de fermer vos établissements !

Chers parents, n’allez pas tester vos enfants pour le moindre symptôme respiratoire banal.

Chers médecins généralistes, continuez à rassurer vos patients et à restaurer un peu de logique dans la prise en charge de nos malades.

Tous ensemble: soyons vigilants par rapport à nos aînés, nos « plus fragiles », gardons les « gestes barrières » et consultons notre médecin généraliste si des symptômes apparaissent.

Chers hommes et femmes politiques , prenez vos responsabilités rapidement, adaptez les mesures, soyez un peu plus à l’écoute de la réalité de terrain.

Car s’il fallait rappeler la situation des hôpitaux à l’heure actuelle : ils sont débordés oui, les soignants sont épuisés, pas exclusivement à cause de la surcharge COVID mais surtout par manque d’effectifs .

Notre capacité d’accueil hospitalière actuelle est moins performante qu’en début de crise. ( et ce point-là était à anticiper depuis longtemps )

L’argent dépensé en testing inefficace est à réinvestir dans l’aide aux soignants, aux hôpitaux, aux dispositifs de soins de première ligne.

Et s’il fallait évoquer l’épineuse question de l’obligation vaccinale : imposez-la aux plus de 65 ans, aux patients « à risque »,puisque la saturation des lits en soins intensifs est proportionnellement corrélée à l’âge et aux facteurs de co-morbidité.

Continuons à sensibiliser les autres patients sur les avantages de la vaccination, et des gestes barrières.

Mais de grâce, relançons la société .

Cela ne sera possible que si la peur, la panique, la recherche absolue de coupables s’estompe pour laisser place au bon sens!

Vous en êtes les premiers garants.

Tout reste à faire .

Carte blanche rédigée par les docteurs Guillaume Fraiteur , médecin généraliste à Soignies et Dr Vandystadt Nadège, Neufvilles, et soutenue par :

Dr Séverine Jérôme

Dr Emilie Desbonnez MG centre médical Jean Jaurès Schaerbeek

Dr Stephan Delvaux MG 7170 Bellecourt

Dr Maud Materne MG Donceel

Dr Caroline Vanstappel MG profondeville

Dr Myriam Cavez MG Plombières

Dr Paul Jonard, médecine nucléaire Chr Tilleriau Soignies et président du

conseil médical de l’hôpital CHR Tilleriau Soignies : représentant donc les

190 médecins du CHR Tilleriau

Dr Michel Jehaes , MG Charleroi

Dr Marie Marshall MG Charleroi

Dr Stievenart MG Caroline Gilly

Dr Véronique Mustin , anesthésiste Clinique Saint Pierre Ottignies

Dr Xavier Libouton, orthopédiste traumatologie, cliniques universitaires

Saint Luc , Bruxelles

Dr Lobjois Valentin. , MG Quenast

Dr Eric Junkeer médecin généraliste 4801 Stembert

Dr Sandrine Matagne MG Bellecourt

Dr Alessia Gontier, MG Binche

Dr Tordeur Geraldine, MG , Braine-le-Comte

Dr Virginie Costermans, MG, Huppaye

Dr Sandrine Carlier, MG , Braine-le-Comte

Dr Charlotte Lambaere, MG, Soignies

Dr Resseleer Elise, MG, Soignies

Dr Leveque Anne, MG , Soignies

Dr Cedric Peckel MG Bassilly

Dr Marc Vandenbergh, MG Thieusies

Dr Vanhecke Sylvie, MG Horrues

Dr Emilie Hubert , maison médicale Tilleur Sclessin

Dr Brice Payen directeur médical CHR Haute Senne Tilleriau

Dr Charlotte Deronne , MG Soignies

Dr Paul Lombard, MG Nivelles

Dr Amorison Lise, MG, Basecle

Dr Demulier Clemence, MG, Fayt-les-Manage

Dr Betsaida Barrios, MG Soignies

Dr Delphine Goblet MG Braine-Le-Chateau

Dr Roger Andre, MG, Naast

Dr Charlotte Antonello Neufvilles

Dr Guillaume Fouret, Mons

Dr Julie Leroy, Chièvres

Dr Henri Toussaint, Baudour

Dr Déborah Delattre, Beaudour

Dr Ghoul Dounia, Quiévrain

Dr Waroux Céline, Jurbise

Dr Lafosse Quentin, Hyon

Dr Filbiche Camille, Huissignies

Dr Amorison Pierre, Basècles

Dr Guermit Assya, Grivegnée

Dr Amri Sabrine, Charleroi

Dr Id -Boufker Hafida, Quiévrain

Dr De Smet Margot, Ghlin

Dr Dauge Christophe, Ath

Dr Berghezan Anne-Marie, Horrues

Dr Sblendorio Ornella, Givry

Dr Abbonizio Antonella, Casteau

Dr Renaux Delphine, Thieusies

Dr Caruana Loredana, Boussoit

Dr Cuvelier Alexandre, Boussoit

Dr Letot Christian, Hornu

Dr Steyaert Charlotte, Buzet

Dr Bindels Florence,MG Grez Doiceau

Dr Barbier Saskia, réseau d’aide aux toxicomanes

Dr Toubeau Barbara, Tertre

Dr Valenne Noémie, Thy-le-Chateau

Dr Darimont Céline, Courcelles

Dr Nussbaum Benoit, anesthésiste à Jolimont

Dr Reumont Thomas, radiologue à Jolimont

Dr Devroede Carine, Sainte

Dr Michel Jehaes , MG Charleroi

Dr Basile Maldague : MG Quenast

Dr Nathanaelle Caprace : MG Schaerbeek

Dr Fabien Labie, Médecin généraliste Soignies

Dr Sarah Karolinsky, pneumologue, CHR Tilleriau Soignies

Dr Dimitri Allard Demoustiez, médecin généraliste Soignies

Dr Claudia Schomus MG Soignies

Dr Guy Druart, MG Neufvilles

Dr Gérard Marin , MG Soignies

Dr Philippe Bonjean , MG Neufvilles

Dr Pierre DeCrem

Dr Benedicte Mondovits , pédiatre à la clinique Saint Jean

Dr Soille Pauline, assistante à Braine le chateau

Dr Mairesse Claire-Lise, Ittre

Dr Oguz Levent, Rendeux

Dr Pirson Kévin, Héron

Dr Sibille Elise, Court Saint Etienne

Dr Stiennon Margaux, Thy le Chateau

Dr Willems Angèle, Schaerbeek

Dr Draps Peter, Rebecq

Dr Le Huu Diem Thuy, Tubize

Dr Tuczynski Boryslaw MG, Naast

Dr Arnaud Ghilain, pneumologue, Saint Luc

Dr Marin Gérard, Neufvilles

Dr Blondet Damien, Athus

Dr Lejeune Mathilde, Bouge

Dr D’Ambros Antoine Huissignies

Dr Amory Remy, assistant en médecine interne

Dr Bouton Florence Bruxelles

Madame Stéphanie Bocchio cheffe de service en MRS

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