© belga

Le fond du problème? Le manque de respect pour le travail des femmes

« Le véritable problème est le manque de respect pour le domaine des soins », un travail effectué essentiellement par les femmes, estime auprès de Belga Justine Begerem, porte-parole du Collecti.e.f 8 maars. Cette organisation, qui réunit syndicalistes, militantes féministes et citoyennes engagées, appelle les femmes et minorités de genre à se croiser les bras vendredi prochain, à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

Pour la sixième année consécutive, le collectif recourt à la grève pour démontrer que, « quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête ». Cette année est qualifiée de « moment crucial » alors que des élections européennes, fédérale et régionales sont prévues en juin.

   L’heure est dès lors au bilan de la législature et, aux yeux du collectif, « les politiques du gouvernement fédéral de la Vivaldi et des gouvernements régionaux ont aggravé les inégalités ». Et de citer « l’approche budgétaire insuffisante en matière de lutte contre les violences faites aux femmes » ou la réforme des pensions. Cette dernière est décriée notamment parce que les périodes où les femmes se sont arrêtées de travailler pour prendre soin de leurs enfants ne sont pas prises en compte, éclaire Justine Begerem.

   « Quelques étapes ont été franchies sous la Vivaldi (…) mais, même si de petites mesures sont prises, l’idée politique de fond n’est pas la bonne« , avance la porte-parole du Collecti.e.f 8 maars. « Le véritable problème est le manque de respect pour le domaine des soins », un travail effectué essentiellement par les femmes et dont elles sont aussi souvent les principales bénéficiaires. L’activiste féministe pointe les rémunérations moindres dans ce secteur, mais aussi l’invisibilisation de tout le travail de soins effectué par les femmes chez elles.

Pas assez de respect

   « C’est un travail qui ne reçoit pas assez de respect mais qui est hyper important pour tout le monde », pointe Mme Begerem. « Le Covid l’a démontré: la seule chose que l’on n’a pas pu arrêter, c’est le travail de soins », que ce soit dans les hôpitaux ou à la maison, pour s’occuper des enfants par exemple. « C’est toujours mis dans un coin car on ne peut pas faire de profit dessus », juge-t-elle. « Et lorsqu’une femme décide de rester à la maison pour assumer tout ce travail, elle est jugée et on lui dit d’aller travailler », dénonce encore la porte-parole.

   Ce travail est largement invisibilisé : faire grève permet dès lors de le mettre en lumière et de faire prendre conscience que lorsque les femmes s’arrêtent, toute une série de tâches (déposer les enfants à la crèche, cuisiner, faire le ménage, etc.) ne sont plus effectuées. « On sait bien que tout le monde ne peut pas se permettre de se mettre en grève au boulot ou de dire ‘aujourd’hui, je ne prends pas soin de mes enfants’. Mais c’est possible de travailler moins, ou plus lentement par exemple. C’est déjà une manière de protester. On peut décider de ne pas faire la vaisselle, ce qui lance la discussion avec son partenaire ou avec ses amis… », illustre Justine Begerem.

   Quitter le travail une heure plus tôt, allonger sa pause, accrocher un tablier à sa fenêtre… sont également des moyens de protester sans passer par la case formelle de la grève, liste le Collecti.e.f 8 maars. Pour se mettre en grève, l’organisation recommande de contacter son syndicat, alors que la CSC et la FGTB ont déposé un préavis.

   « Lorsqu’on s’arrête, on montre que la vie sociale s’arrête », insiste l’activiste féministe. Dans le même temps, les femmes sont également appelées à occuper l’espace public et à descendre dans la rue, à l’occasion de la Marche mondiale des femmes. Celle-ci s’élancera le 8 mars à 17h30 de la place de l’Albertine, près de la gare de Bruxelles-Central.

Contenu partenaire