© belga

D’importantes offres d’emploi pour 2024 : « Les entreprises font de moins en moins la fine bouche »

Stagiaire Le Vif

Un début d’année 2024 caractérisé par une forte offre d’emploi. Si le départ à la retraite d’une partie des travailleurs peut l’expliquer, c’est surtout la pénurie de talents qui est à l’origine de cette demande massive.    

Quarante postes vacants chez Odoo, 1600 demandes de collaborateurs à la SNCB, 600 à Walibi ainsi qu’à Pairi Daiza… Les affaires tournent ! Dans une soixantaine d’entreprises actives en Wallonie, les offres d’emploi fusent en ce début d’année. À Bruxelles, peu d’employeurs communiquent sur leur politique de recrutement en raison de la concurrence. « Nous n’avons pas une information précise et identifiable sur quelle entreprise a décidé d’engager tel ou tel collaborateur », indique Arnaud le Grelle, directeur Wallonie-Bruxelles chez Federgon.

Néanmoins, 46% des employeurs sondés dans le baromètre du ManpowerGroup prévoient d’augmenter leurs effectifs pour ce premier trimestre 2024. Selon Jean-Christophe Dehalu, économiste auprès de l’Union Wallonne des Entreprises (UWE), ces recrutements croissants sont à analyser « sous le prisme de la microéconomie. Si on crée des emplois, c’est parce que l’activité spécifique à une entreprise va bien. Il y a plus d’investissement donc plus d’emploi. »

Un paradoxe est tout de même observable en Wallonie. « On a une croissance économique modeste (environ 1,5% en 2023) mais les intentions d’embauche restent solides », souligne l’économiste. Un constat qui s’explique par la pénurie de main-d’oeuvre d’un côté, et le manque de compétence de l’autre.

Plus d’emploi, moins de talents ?

En Belgique, le manque de main-d’oeuvre est une difficulté déjà rencontrée ces dernières années. « Parmi les membres de l’OCDE, la Belgique se distingue comme le deuxième pays où les tensions dues à cette pénurie de talents sont les plus fortes », explique Arnaud le Grelle. Beaucoup de postes sont donc à pourvoir et les entreprises « font de moins en moins la fine bouche, ajoute le directeur. Elles engagent même si certaines compétences ne sont pas remplies. »

Le « mismatch » au cœur du problème

« On a pas souvent l’habitude d’entendre que les entreprises cherchent à combler leurs postes manquants. En général, on parle souvent du taux de chômage qui augmente », s’exclame Vincent Vandenberghe, professeur en sciences économiques à l’UCLouvain.

Ce que les économistes nomment le « mismatch » explique les difficultés des employeurs à combler les postes vacants. Vincent Vandenberghe le résume ainsi : « Il s’agit d’un écart entre le profils recherchés par les entreprises et les profils des personnes à la recherche d’emploi ». La plupart des entreprises font face à des postes vacants car elles sont « de plus en plus spécialisées », mentionne le professeur. « Il est donc difficile pour un travailler de cocher toutes les cases. » Le départ à la pension d’une grande partie de la génération d’après-guerre, les baby-boomers, explique également cette hausse importante du recrutement.

Aurore Wion

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire