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Qui est Cathy Berx, la femme qui a imposé le couvre-feu à Anvers ?

Muriel Lefevre

Cathy Berx est la femme qui a imposé un couvre-feu à la province d’Anvers. Elle a ainsi coupé l’herbe sous le pied de Bart De Wever et, au passage, acquis une notoriété internationale. Portrait.

Cathy Berx était l’étoile montante du CD&V avant de se retirer, en mai 2008, de la politique active. Elle décide alors de quitter Bruxelles pour retourner sur ses terres en acceptant de devenir gouverneur de la province d’Anvers. Cette docteur en droit fut, notamment, la conseillère principale d’Yves Leterme et celle à qui on songea très sérieusement à confier les rênes du parti. Si, il y a plus de 10 ans, elle décide de faire un pas de côté, c’est suite à un drame personnel qui a eu lieu en 2004. Celui-ci ne va pourtant pas l’empêcher de reprendre le travail presque immédiatement et de négocier la formation du gouvernement flamand. « Bien sûr, je suis très triste. Mais en restant à la maison, je ne récupérerai pas mon enfant », expliquait-elle alors. Deux phrases qui la caractérisent parfaitement selon ses proches.

Une travailleuse acharnée

Tous ceux qui la connaissent la décrivent comme une travailleuse acharnée qui ne se laisse pas bousculer et sait ce qu’elle veut. Beaucoup s’accordent à dire que, lorsqu’elle a été nommée gouverneur, ce fut une grande perte pour le parti. C’est aussi l’avis de l’ex-Premier ministre Yves Leterme : « Pour moi, ce fut une déception quand elle est devenue gouverneur, car j’avais de grands projets avec elle. Elle était une travailleuse acharnée et connaissait parfaitement ses dossiers, elle était disponible jour et nuit. Elle combinait un grand sérieux avec de l’empathie et de la gentillesse. »

Qui est Cathy Berx, la femme qui a imposé le couvre-feu à Anvers ?
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Son approche musclée ne surprend donc pas ceux qui la connaissent : « Prendre des mesures d’urgence et tout régler administrativement et juridiquement dans les moindres détails, c’est son truc. » dit ainsi Leterme. Et puis surtout elle est obsédée par la santé : « Je ne mange plus de viande depuis mes 18 ans. Je ne touche plus aux sucres ajoutés depuis mes 16 ans. Je mange du poisson, mais ne bois jamais d’alcool », explique-t-elle. « Mon médecin surveille tout de près. Je fais régulièrement contrôler mon sang. »

La dame au sac-à-dos

Une organisation militaire et un levé aux aurores lui permettent de combiner son travail, la vie avec ses deux enfants Joachim (21 ans) et Hannah (14 ans) et sa passion pour les livres et la musique classique. Autres obsessions : l’environnement et la sécurité routière. Elle fait un maximum à pied ou à vélo. « J’écris mes discours dans ma tête, en marchant. » Elle ne se déplace jamais sans son sac à dos qui par moment semble plus grand qu’elle. « Il contient mon ordinateur portable, mon iPad, mon portefeuille et beaucoup de papiers – mes dossiers. Mais aussi : beaucoup de masques dans des sacs en plastique, un livre et surtout le New York Times ».

Devant un tel stakhanovisme, on ne s’étonnera guère que la santé est en tête de ses priorités et qu’elle n’est pas du genre à se contenter de demi-mesure dans ce domaine.

Pour Berx, la situation actuelle est simple, « il s’agit d’une question de vie ou de mort. C’est un virus très imprévisible, qui se comporte de manière très erratique. Tout le monde dépend de tout le monde maintenant. »

Qui est Cathy Berx, la femme qui a imposé le couvre-feu à Anvers ?
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Il n’est donc plus temps d’ergoter. Quitte à prendre des mesures plus strictes que celles du bourgmestre d’Anvers. Pour elle par exemple on ne peut envisager qu’une obligation générale du masque car cela exclut toute discussion. Si officiellement cela n’a pas conduit à des frictions puisqu’elle est à la fois déterminée et aimable- « Je travaille très bien avec Bart De Wever. Nous nous connaissons depuis que nous sommes étudiants », dit-elle. Il n’empêche, pour Bart De Wever (N-VA), le couvre-feu (une première depuis la Seconde Guerre mondiale) et le port généralisé du masque sont une douche froide. D’autant plus que, d’un point de vue légal, il n’a d’autres choix que d’appliquer ces règles.

Pour rappel les mesures sont les suivantes

Un couvre-feu sera d’application sur tout le territoire provincial. Entre 23h00 et 06h00, les résidents devront rester à domicile à moins qu’un déplacement d’urgence soit nécessaire vers le travail ou l’hôpital. Dans toute la province d’Anvers, le port du masque sera aussi obligatoire dans l’espace public et dans les endroits où la distance sociale d’1,5 mètre ne peut être respectée.

Les sports de contact individuels seront interdits, tandis que les sports d’équipe sont encore tolérés pour les joueurs de moins de 18 ans.

Le télétravail devient en outre obligatoire à moins que cela soit absolument impossible. Dans tous les établissements horeca, la distance physique d’1,5 mètre devra être garantie à tout moment, à moins qu’une séparation physique sépare les clients. Les groupes seront limités à certain nombre de personnes ou aux membres d’un même ménage.

Les règles seront identiques pour les marchés et les magasins, à savoir que les commissions se font individuellement, ou accompagné de mineurs, et endéans 30 minutes maximum.

Dans certaines communes, des mesures supplémentaires plus strictes sont prévues, à savoir l’interdiction d’organiser des évènements ou des fêtes. Les salles de fêtes et les salles de fitness doivent fermer. Ces mesures additionnelles seront d’application dans la ville d’Anvers, ainsi qu’à Zwijndrecht, Stabroek, Kapellen, Brasschaat, Schoten, Wijnegem, Wommelgem, Ranst, Boechout, Borsbeek, Mortsel, Hove, Lint, Kontich, Edegem, Aartselaar, Boom, Niel, Schelle, Hemiksem et Rumst. Aucun quartier ou commune ne se voit toutefois complètement isolé.

Les mesures entreront en vigueur une fois que les décisions seront contresignées par la gouverneure de la province Cathy Berx. Elle plaide pour que plus personne ne se rende en région anversoise et que chacun reste chez soi tant que possible. « Nous ramenons la vie sociale au plus bas », confirme la gouverneure, « mais les magasins restent bien ouverts ». « Nous avons cherché un équilibre et pris des mesures sur base des analyses épidémiologiques ».

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