La rédaction du Vif

Pourquoi a-t-on voulu casser les flics anti-corruption carolos ?

Blanchis sur toute la ligne par la Chambre du conseil de Charleroi, les policiers de la cellule de Jumet, chargés des dossiers politico-financiers sensibles, ont été accusés à tort. On a manifestement cherché à les discréditer. Pour quelle raison ?

Le remboursement de leurs frais de déplacement et de repas est bloqué depuis juin 2011. Ils ont été sous le coup d’une instruction judiciaire pendant deux ans. Cette mise sous pression a amené le stress-team de la police fédérale à rédiger un rapport alarmant (burn-out, problèmes cardiaques, démotivation et même tentative de suicide). Tout ça pour en arriver à l’ordonnance de la Chambre du conseil, ce 17 novembre, qui a prononcé un non-lieu. Il n’y a rien à reprocher aux 30 policiers de la cellule Polfin de Jumet visés par l’instruction. Ils étaient suspectés d’avoir trafiqué leurs notes de frais en remplissant le mauvais formulaire. Il n’en est rien, a tranché la juridiction de renvoi qui souligne même que les enquêteurs avaient interrogé leur hiérarchie à propos des formulaires à remplir mais n’ont jamais reçu de réponse.

Tout ça pour ça ! Toute cette armada judiciaire pour une bisbille administrative dont la responsabilité incomberait en grande partie à la hiérarchie de la police fédérale… Enorme! Evidemment, les enquêteurs de Jumet dérangent beaucoup de monde. Ce sont eux qui ont investigué dans les affaires carolos (Carolorégienne, Immo Congo, Robert Wagner…). Eux aussi qui ont commencé des enquêtes à Mons (Edmée De Groeve, l’ancien secrétaire communal Pierre Urbain, l’intercommunale Idea…). Tous ces dossiers impliquant principalement des mandataires politiques socialistes ou des personnes liées au PS du Hainaut. Leurs ennuis avec les notes de frais commencent curieusement quand ils se sont intéressés aux affaires montoises, suite à des perquisitions chez Edmée De Groeve. Simple hasard ? Complot ? Sans preuve, impossible de se prononcer. Mais la chronologie des faits nous laisse penseur.

Ils dérangeaient aussi Claude Michaux, l’ancien procureur général de Mons, étiqueté PS et qu’un des hommes de la cellule avait harponné après avoir constaté que le procureur faisait soigner sa moto par un flic en service, devant le bâtiment occupé par Polfin. C’est lui qui a décidé avec Christian De Valkeneer, ancien procureur du roi de Charleroi, de mettre leur affaire de notes de frais à l’instruction. Ils dérangeaient enfin Jean-Pierre Doraene avec qui les rapports étaient tendus lorsque celui-ci officiait comme dirju à Charleroi. Doraene, actuellement conseiller de la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet, a, en outre, fait l’objet d’une enquête par les hommes de Jumet, dans le cadre de la construction du nouveau commissariat de Marcinelle. Chez Milquet, Doraene a repris le suivi du dossier « note de frais » des policiers de la cellule…

Bref, qui a poussé les manettes de cette mécanique infernale déclenchée pour broyer les limiers de Jumet ? Il est trop tôt pour tirer des conclusions. Mais les flics anti-corruption carolos qui ont subi un lourd discrédit n’en resteront certainement pas là. Une enquête sur l’enquête a d’ailleurs été ouverte au parquet de Bruxelles. Espérons qu’elle permettra d’éclaircir ce mystère. La patronne de la police fédérale, Catherine De Bolle, devra, elle aussi, chercher à comprendre ce qui a motivé certains membres de la hiérarchie policière à lancer toute cette procédure. Pour rien.

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