Le président des Engagés, Yvan Verougstraete, pourrait devenir le héros de son parti s’il obtient des résultats positifs à l’issue de sa mission de facilitateur pour le gouvernement bruxellois, mais celle-ci semble perdue d’avance. © BELGA

Verougstraete facilitateur à Bruxelles: un «premier vrai challenge politique»

Sylvain Anciaux

Le nouveau président des Engagés plonge à son tour dans la saga de la formation d’un gouvernement bruxellois. Yvan Verougstraete a peu à perdre, tout à gagner.

Cela faisait un petit temps, plusieurs mois même, que les appels du pied se multipliaient vers Les Engagés, afin qu’ils s’engagent plus concrètement dans la formation d’un gouvernement bruxellois. Le parti centriste attendait la passe du MR après l’initiative non concluante de Georges-Louis Bouchez visant à rassembler les six partis autour d’une déclaration de politique régionale commune, puis d’un casting gouvernemental sans la N-VA. Mais cette passe n’est jamais venue. C’est finalement d’un mouvement interne qu’est venue l’impulsion, et Yvan Verougstraete est donc devenu «facilitateur» dans le dossier de la formation bruxelloise.

Le nouveau président des Engagés (originaire de Bruxelles) a donc entamé des rencontres bilatérales dès ce lundi avec tous les partis (à l’exception du Belang). Pas de priorité donnée à l’un ou à l’autre concernant le timing des entrevues, probablement pour éviter les crispations à ce sujet par le passé. Mais les partis néerlandophones semblent s’être montrés plus pressés que leurs homologues francophones, le PS et le MR ont préféré attendre plus tard dans la semaine.

Verougstraete, celui qui n(e s)’était pas encore mouillé

Qu’attendre de neuf? Surtout, pourquoi le président des Engagés réussirait là où, avant lui, David Leisterh (MR), Ahmed Laaouej (PS), Elke Van Den Brandt (Groen), Christophe De Beukelaer (Les Engagés), et Georges-Louis Bouchez (MR) se sont plantés? D’autant que les blocages sont connus et n’ont pas évolué: le PS refuse de gouverner avec la N-VA, alors que l’Open VLD et le MR font de la participation des nationalistes au gouvernement régional une condition sine qua non.

La réputation plus souple et moins polarisante d’Yvan Verougstraete par rapport à ses prédécesseurs, et particulièrement Georges-Louis Bouchez, pourrait l’aider à valider «son tout premier gros test politique», résume un membre de son parti. Puis, contrairement aux précités, Yvan Verougstraete n’avait pas encore été impliqué dans les négociations, et ne risque pas de figurer dans le futur gouvernement bruxellois. L’ex-homme d’affaires était déjà prêt en juillet, avant l’annonce de la pause politique bruxelloise, à endosser le costume de facilitateur, mais «les stigmates de l’épisode Bouchez» étaient encore présents. Yvan Verougstraete veut trouver une base de réformes susceptibles de réunir une majorité au parlement bruxellois. S’il se cantonne à cette mission, il est fort probable que sa conclusion répète celle de Christophe De Beukelaer et Elke Van Den Brandt à l’issue de leur mission d’information, en mars dernier, menant à une piste à sept (MR, PS, Les Engagés, Groen, Open VLD, Vooruit, et CD&V).

Un héros dont Les Engagés bruxellois ont besoin

C’est également connu, mais il existe pourtant déjà des accords politiques de fond entre les partis de chaque communauté. Il y a un an, presque jour pour jour, PS, MR et Engagés avaient un accord, et les visions des partis néerlandophones sur les grandes politiques à mener à Bruxelles sont loin d’être incompatibles. Au contraire. L’enjeu, pour Yvan Verougstraete, est de trouver une manière de récompenser les partis néerlandophones prêts à renoncer à la présence de la N-VA. Et c’est principalement l’Open VLD, incarné par l’intraitable et imprévisible Frederic De Gucht.

C’est aussi le résultat d’une dynamique politique distincte de part et d’autre de Bruxelles. «Auparavant, les partis néerlandophones de Bruxelles étaient plus indépendants de leur siège flamand, c’est beaucoup moins le cas aujourd’hui», résume une source francophone. En revanche, il est établi qu’il existe un PS bruxellois et un PS wallon, un MR bruxellois et un MR wallon, et plusieurs dossiers (la fusion des zones de police en tête) font penser qu’il en va de même pour Les Engagés. Personne n’en voudra vraiment à Verougstraete s’il échoue dans sa participation à la construction d’un gouvernement bruxellois, mais il sera érigé en héros au sein de son parti s’il obtient des résultats positifs. Les Engagés, en cette période d’instabilité politique, en auraient bien besoin.

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