La ministre des affaires étrangères Hadja Lahbib (MR) et le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) ont vigoureusement condamné les attaques du Hamas contre Israël.

« Les partis sont pris en tenaille » : la délicate prise de position de la Vivaldi sur le conflit israélo-palestinien

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

La nouvelle escalade du conflit israélo-palestinien suscite un flot de réactions de la communauté internationale. Pour les partis de la Vivaldi, l’heure est à la condamnation unilatérale des attaques perpétrées par le Hamas. Avant, peut-être, de voir émerger des positions plus nuancées.

Attaques meurtrières », « attentat terroriste », « acte criminel »… Depuis quarante-huit heures, les réactions politiques à l’embrasement inattendu du conflit israélo-palestinien pullulent sur les réseaux sociaux. En Belgique, comme ailleurs, les termes choisis pour qualifier l’attaque lancée par le Hamas samedi ne sont pas laissés au hasard. Mûrement réfléchis, ils illustrent le positionnement des partis sur un conflit s’éternisant depuis trois quarts de siècle.

Historiquement, les lectures de cette guerre diffèrent au sein de la classe politique belge. Sommairement, l’aile droite soutient traditionnellement la cause israélienne, alors que la gauche défend plutôt la cause palestinienne. La résurgence du conflit ce week-end a à nouveau mis en lumière ces divergences, surtout dans l’opposition. Isolé sur la question, le PTB a sans surprise réaffirmé son soutien au peuple palestinien et justifié « l’assaut du Hamas » par « l’apartheid et l’occupation israéliens ».

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A contrario, DéFi, la N-VA et le Vlaams Belang ont unanimement condamné les attaques « terroristes » du groupe palestinien. Les Engagés, par la voix de leur président Maxime Prévot, ont eux adopté une position plus nuancée (lire plus loin).

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« Pas de réelle fracture »

Au sein de la majorité, pas de véritable déchirement. L’heure est d’abord à la réprobation face aux violentes images des exactions commises par la Hamas. « Lorsqu’on observe les premières réactions, fondamentalement, il n’y a pas de réelle fracture au sein de la Vivaldi, estime Pierre Vercauteren, professeur en sciences politiques à l’UCLouvain. Les partis condamnent unilatéralement les attaques, même si certains mettent aussi l’accent sur la nuance. » C’est le cas notamment d’Ecolo. Dans un communiqué publié lundi matin, le Bureau de parti condamne « avec la plus grande vigueur les attaques meurtrières et indiscriminées du Hamas et du Jihad islamique contre les populations civiles israéliennes », mais conclut en rappelant qu’une paix durable est inconcevable sans « la fin de l’occupation et des politiques d’apartheid amplifiées ces derniers mois par le gouvernement israélien associant l’extrême-droite. » Hormis la réaction des Verts, la majorité des partis du gouvernement suit la ligne du Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD), et plus largement des autorités européennes, qui ont affiché leur soutien unilatéral à Israël.

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Pour Pierre Vercauteren, les divergences sont bien plus prononcées en France : « Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise, NdlR) a tenu des propos qui se démarquent totalement du reste de la classe politique ». L’absence de condamnation des actes commis par le Hamas a d’ailleurs crispé certains élus socialistes, jusqu’à remettre en cause leur participation à la Nupes, l’alliance des gauches et principal groupe d’opposition à l’Assemblée.  

Eviter les solutions simplistes

Cela étant, l’unité apparente de la Vivaldi sur la question pourrait laisser place à davantage de division dans les semaines à venir. « Après la première vague de réactions, logiquement teintées de sidération et de stupeur, la deuxième vague pourrait faire apparaître davantage de questionnement et de nuances, prédit Pierre Vercauteren. Certains partis maintiendront certainement leur positionnement en restant alignés avec la politique d’Israël, mais d’autres, sans remettre en cause l’agression qu’a subie Israël, vont progressivement analyser les choses différemment. Ce sera intéressant à suivre. » Pour le politologue, cet appel à la nuance s’accompagnera également d’une mise en évidence de l’extrême complexité du conflit. « Pour les partis, il s’agira de rester très prudents. Venir avec des solutions simplistes risque de se retourner contre eux, d’autant plus qu’on est dans une période sensible de campagne électorale où le moindre dérapage est sujet à la polémique. »

À huit mois des élections, les réactions des partis sont en effet scrutées de près. L’omniprésence des réseaux sociaux impose aux leaders politiques de réagir dans l’immédiat, même le week-end. Le silence des présidents de parti écologistes (Rajae Maouane et Jean-Marc Nollet) et socialiste (Paul Magnette) a d’ailleurs été épinglé par plusieurs figures politiques, et ce, malgré la réaction de leur vice-Premier ou de leur parti.

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Un exercice d’équilibriste

« Les partis sont pris en tenaille, observe Pierre Vercauteren. D’un côté, ils sont tenus par la nécessité d’une prise de position claire et immédiate. Mais de l’autre, ils doivent faire attention au manque de nuance ou aux réactions précipitées. Surtout dans le cadre d’une question aussi sensible que le conflit israélo-palestinien, où les positionnements peuvent rapidement entraîner des accusations d’antisémitisme ou d’attitude antimusulmane. Dans le cadre d’une campagne électorale, ces positions peuvent très vite être montées en épingle. »

Sur X, le président des Engagés Maxime Prévot a d’ailleurs été contraint de rétropédaler après une prise de position « maladroite », selon ses propres termes. Le bourgmestre de Namur a ainsi supprimé une première publication, qui mettait sur le même pied d’égalité les agressions palestiniennes et israéliennes, avant de présenter ses excuses et reformuler sa pensée.

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L’exercice d’équilibriste est d’autant plus périlleux que les politiques en fonction ont une responsabilité différente des figures d’autorité morales, qui peuvent s’autoriser des prises de position plus tranchées, estime Pierre Vercauteren. Dans une tribune au Monde, l’historien et essayiste Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, a par exemple qualifié la politique israélienne d’ « imbécile », ce qu’aucun politicien en exercice n’aurait pu se permettre. « En fonction de l’autorité, du statut et de la légitimité de la personne, la position pourra s’avérer différente », conclut le politologue.

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