Alexander De Croo
Alexander De Croo © Belga

Fuite de messages WhatsApp: l’opposition tire à boulets rouges sur Alexander De Croo

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Le Premier ministre Alexander De Croo est convoqué au Parlement suite à des questions sur la fuite de messages Whatsapp détaillant le budget. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas épargné par l’opposition.

Sander Loones (N-VA) a ouvert le débat en demandant la transparence. « Tout le monde se concentre sur ces messages Whatsapp, qui n’existaient pas au départ et semblent maintenant exister. Mais il s’agit surtout de savoir ce qui se cache derrière ces messages. Il s’agit de chiffres et d’un gouvernement qui doit nous conduire à travers la tempête d’une manière qui inspire la confiance. C’est de cela qu’il s’agit, Monsieur le Premier ministre : le Parlement, les contribuables peuvent-ils vous faire confiance ? Vous nous montrez toutes sortes de choses, vous nous dites toutes sortes de choses, mais j’ai l’impression que vous ne nous montrez pas tout, ne nous dites pas tout. Allez-vous enfin tout dire et tout montrer ? Toute communication entre votre cabinet et celui de Mme De Bleeker ? Il est temps de donner enfin de la transparence ».

Le Vlaams Belang, lui, appelle à la démission du gouvernement. « Dans un pays civilisé, le gouvernement démissionnerait aujourd’hui. Quand garderez-vous l’honneur pour vous ? Que doit-il se passer en Belgique en 2022 pour que le gouvernement, ou au moins le Premier ministre, démissionne ? Un mensonge suffirait-il ? Dites-le nous, car il n’y a personne ici qui sache encore », a déclaré la députée d’extrême droite Barbara Pas.

Au cdH, Catherine Fonck a également demandé au Premier ministre de mettre à disposition tous les documents. Elle a également accusé le Premier ministre d’avoir fait porter le chapeau à sa secrétaire d’Etat Eva De Bleeker (Open VLD). « J’attends vos explications, elles doivent être étayées. (…) Seules des preuves sont maintenant de nature à lever les doutes et à crédibiliser le gouvernement », a-t-elle déclaré.

Avant de revenir sur le fond de l’affaire, le Premier ministre a commencé par expliquer pourquoi il n’a pas pu se rendre au Parlement mardi: il a rencontré les partenaires sociaux, le Premier ministre du Vietnam et les parents d’Olivier Vandecasteele, le travailleur humanitaire détenu depuis des mois en Iran, et condamné à 28 ans de prison.

Le libéral a affirmé ne « jamais avoir nié face au parlement l’existence de messages au sujet du budget » (affirmation qui a provoqué quelques remous dans la salle). Mais ces messages n’ont jamais servi à donner une approbation pour changer l’exposé général du budget ou pour en donner une version « fautive », a-t-il assuré. « Ces messages n’existent pas. La modification de quelque chose d’aussi fondamental n’a jamais eu lieu via messages ».

   Le Premier ministre a inlassablement répété que le budget 2023 tel que présenté début novembre par la désormais ex-secrétaire d’Etat ne respectait pas les décisions du gouvernement, et que cela lui avait été signalé. Pour rappel, il intégrait de manière pérenne une TVA à 6% sur l’énergie, sans tenir compte d’un mécanisme de modifications d’accises censé rendre cette mesure « budgétairement neutre », selon le compromis de la Vivaldi. Conséquence: un bond dans le déficit attendu. Le Premier ministre avait ensuite parlé d’une « erreur matérielle » dans les documents, et la secrétaire d’Etat démissionnait le 18 novembre.

« C’est le gouvernement dans son ensemble qui fixe le cadre budgétaire. Le gouvernement décide, la secrétaire d’Etat exécute, et pas l’inverse ».

   « Je ne comprends toujours pas comment un budget sur lequel il n’y a pas d’accord, qui n’est pas conforme à la décision du gouvernement, peut être signé par deux vice-Premiers ministres, partir chez le Roi sans réaction de votre cabinet, y être signé et être envoyé au parlement », a observé l’élue Les Engagés Catherine Fonck, rebondissant sur ces propos. « Quand on signe un budget c’est qu’on le valide, qu’il y a un accord ».

   Dans les rangs de DéFI, Sophie Rohonyi a aussi fait part de son insatisfaction par rapport aux explications. « Ce que l’on attendait de vous, c’est d’assumer le fait qu’à un moment donné la responsabilité du gouvernement est de pouvoir corriger les chiffres de la secrétaire d’Etat, en corrigeant le budget, et non pas en la limogeant de manière assez violente ».

   Des motions de méfiance ont été déposées par N-VA, VB, Jean-Marie Dedecker et le PTB, qui seront soumises au vote jeudi en plénière. Catherine Fonck (Les Engagés) a quant à elle introduit une motion demandant de transmettre à la Chambre toutes les communications électroniques concernées. (Avec Belga)

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