© belgaimage

Opération Red Kite: trois vols Kaboul-Islamabad ont permis d’exfiltrer 280 personnes lundi

Le Vif

Trois vols d’avions de transport C-130 Hercules belges « presque complets » ont permis d’évacuer lundi quelque 280 personnes d’Afghanistan vers le Pakistan, ont indiqué les trois départements les plus impliqués dans l’opération « Red Kite » (cerf-volant rouge) lancée par le gouvernement fédéral.

« Trois des quatre rotations prévues lundi ont eu lieu », a-t-on indiqué de source diplomatique. Le quatrième vol – le premier prévu dans la journée – a été annulé en raison d’une « défaillance technique » de l’appareil, a pour sa part précisé un haut responsable militaire lors d’un point de presse informel.

Les trois autres vols ont transporté respectivement 93, 115 et 110 personnes de Kaboul vers Islamabad, la capitale pakistanaise, alors que la situation est « volatile » à l’aéroport de la capitale afghane, contrôlé par l’armée américaine et des forces occidentales. L’accès à l’aéroport Hamid Karzaï reste « très difficile », notamment pour les personnes ne disposant de la nationalité belge, a-t-on expliqué de source diplomatique.

Les talibans qui se sont emparés de Kaboul le 15 août au terme d’une offensive éclair entamée en mai à la faveur du début du retrait des forces américaines et de l’Otan, ont établi des postes de contrôle à l’extérieur de l’aéroport. Des milliers d’Afghans effrayés par le retour des islamistes au pouvoir attendent d’être en mesure de quitter leur pays à bord des avions affrétés par les Occidentaux.

Selon des sources locales, des échanges de tirs y ont eu lieu dans la matinée entre militaires américains et allemands d’un côté et assaillants non identifiés de l’autre. « La pression augmente », a-t-on admis de source militaire, rappelant que l’objectif du gouvernement était de « rapatrier le plus possible de personnes » dans un contexte d’incertitude face au maintien des militaires américains au-delà de la date du 31 août initialement fixée pour leur retrait par le président Joe Biden.

Grosso modo, quelque 240 ressortissants belges et ayant-droits se trouvaient à bord des vols de lundi, ainsi que des Néerlandais et un Suédois, a-t-on souligné de source diplomatique.

Six rotations – un troisième C-130 s’est entre-temps joint au détachement d’une centaine de personnes déployé à Islamabad – sont encore prévues mardi, selon la Défense.

Deux avions, un Airbus A340 civil et un A330 militaire, transportant au total 226 personnes exfiltrées de Kaboul – principalement des Afghans et leurs familles – ont atterri lundi matin à l’aéroport militaire de Melsbroek, ce qui représente les premières arrivées sur le sol belge de personnes évacuées d’Afghanistan depuis le lancement de Red Kite.

Un autre vol stratégique effectué par la compagnie Air Belgium doit avoir lieu lundi soir entre Islamabad et Bruxelles, « à capacité maximale », soit 250 passagers, a-t-on appris auprès du Service public fédéral (SPF) Affaires étrangères.

Les autorités belges se refusent à préciser combien de Belges restent à évacuer de Kaboul. « Cette liste est un document vivant » car d’autres pays procèdent également à des évacuations et que certaines renoncent à être évacuées si, par exemple, les membres de leur famille ne peuvent les accompagner.

Les services du secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration s’activent pour leur part pour accueillir les personnes arrivant d’Afghanistan après leur transfert à la caserne Major Housiau de Peutie (Vilvorde), où un examen médical et divers contrôles ont lieu. « Il s’agit de contrôles d’identité, de sécurité et de test Covid », dans l’attente d’un accueil plus définitif en concertation avec Fedasil (l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile).

Les premiers fixeurs et militants des droits de l’Homme arrivés à Peutie

Les premiers fixeurs de la Défense, qui ont aidé la Belgique en Afghanistan, et des militants des droits de l’Homme sont arrivés lundi à la caserne militaire de Peutie, a indiqué le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Sammy Mahdi. Le colonel en chef de la Défense lui a fait une visite guidée sur le déroulement de l’accueil des personnes évacuées.

Sammy Mahdi
Sammy Mahdi© belgaimage

Les personnes exfiltrées d’Afghanistan arrivent à l’aéroport militaire de Melsbroek, puis sont transférées à Peutie, où elles subissent un examen médical et un contrôle de sécurité.

Différents services travaillent ensemble à Peutie pour mener ces opérations à bien. La Défense garde une vue d’ensemble sur les arrivées des personnes et celles-ci sont conduites dans des salles d’attente où elles ont un premier entretien avec le personnel de la Croix-Rouge ou du SPF Santé publique, explique-t-on au cabinet de Sammy Mahdi. Elles se rendent ensuite dans la zone de police, où un contrôle d’identité et une vérification complémentaire sont effectués. Les services de renseignement procèdent également à un contrôle. L’Office des étrangers vérifie alors à nouveau les noms dans la base de données des migrations. Enfin, on procède également à des examens médicaux, dont un test PCR pour le Covid-19. Les personnes nécessitant davantage de soins les reçoivent également sur place.

Pour les concernés, Fedasil effectue également les entretiens nécessaires à une demande d’asile en Belgique. Les Belges ayant une famille peuvent alors partir. Ceux ayant besoin d’un abri se voient proposer une place d’accueil. Pour les ayant-droits, c’est-à-dire les compagnons, compagnes ou enfants de Belges, les procédures nécessaires sont entamées.

Lors de sa visite à Peutie, le secrétaire d’Etat a pu parler avec certains des fixeurs, qui ont travaillé comme interprètes pour la Défense, et avec les membres de leur famille. « Ils ont été extrêmement reconnaissants pour cette aide. Je le suis moi aussi mais pour leur aide en Afghanistan », a commenté Sammy Mahdi sur Twitter. Certaines personnes ayant travaillé pour une organisation afghane de défense des droits de l’Homme avaient également déjà été évacuées par avion en Belgique.

Interrogé par la VRT, le secrétaire d’Etat s’est dit heureux de voir que les interprètes et les militants des droits de l’Homme avaient finalement pu quitter Kaboul, bien qu’il leur ait été très difficile de se rendre à l’aéroport. « C’est un signe que quelque chose pourrait être possible après tout, et nous espérons que la situation s’améliorera dans les prochains jours », a conclu Sammy Mahdi.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire