Thierry Fiorilli

Les vrais tests dépassent Philippe et le Palais

Thierry Fiorilli Journaliste

Maintenant que la fête est finie, maintenant qu’on s’est extasié parce que le nouveau Roi n’a pas commis de bévues, maintenant qu’on s’est enthousiasmé parce que l’ancien s’est permis une expression sympatiquette, maintenant que les micro-trottoirs sont enfin terminés, on peut sans doute, calmement, (re)mettre les choses à plat. Et appeler un chat un chat.

Donc, Philippe a réussi son premier test. Le prochain, c’est un peu le discours de fin d’année et surtout l’après élections du 25 mai 2014. Lorsqu’il faudra désigner un informateur puis un formateur, pour bâtir le futur gouvernement fédéral. Mais peut-on imaginer qu’il le loupe, ce test ? Non. Puisque c’est le verdict du/des scrutin(s) qui imposera cet informateur et ce formateur. Et puisque le Roi, qu’il s’appelle Philippe, Albert ou Pierrot, n’a aucun pouvoir d’intervention en l’espèce. En fait, le vrai test, ce sera tout au long de son règne. Sur la faculté qu’il aura à gérer l’image de la monarchie, sur sa façon de représenter le pays, sur le comportement des membres de sa famille. Pour le reste, le(s) vrai(s) test(s), ce sont les sujets du nouveau Roi qui y seront soumis. Le 25 mai prochain donc, et face aux futurs effets quotidiens de la toute fraîche sixième réforme de l’Etat, et parce que ce pays va encore évoluer institutionnellement, et parce que, ce n’est pas un crime de lèse-majesté de le dire, le Roi n’est le ciment de rien du tout. Il est un symbole, une sorte de porte-drapeau, de miroir-image, mais avec ou sans lui, la Belgique d’aujourd’hui serait pareille : en constante évolution, avec des compétences fédérales toujours plus réduites au bénéfice des Régions et Communautés, avec Bruxelles et la dette publique comme verrou empêchant la dislocation brutale, avec De Wever, Di Rupo, Reynders et compagnie, avec la crise économique et sociale, avec les Diables rouges qui jouent diantrement bien.

Mais si, au Nord, on vote encore massivement pour des partis nationalistes, que Philippe soit à la hauteur ou non ne change rien. Ce sera aux francophones, les électeurs et les élus, à en prendre la mesure et à y réagir, à s’y adapter, à se moderniser, à assurer leur propre prospérité. Le Roi n’y contribuera, dans les actes, d’aucune façon. Tout au plus pourra-t-il, avec des mots, mettre en garde les uns et « encourager » les autres. Philippe, comme Albert et Baudouin hier, comme sans doute Elisabeth demain, n’est pas dans la peau ni dans la fonction d’un patron d’entreprise, d’un chef de gouvernement, d’un président non honorifique. Il n’a aucune prise, aucun poids, aucune influence sur les vrais décideurs – les électeurs quand il faut voter, les élus quand il faut gouverner et légiférer.

Sinon, la N-VA ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui et la Belgique ne serait pas un Etat fédéral.

Les tests, les véritables, les essentiels, les indispensables, se déroulent hors du Palais. C’était le cas ce week-end. C’est le cas aujourd’hui. Ce sera le cas demain.

Et toujours

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