© GettyImages

L’enquête « Noir Jaune Blues, 5 ans après »: plus d’un Belge sur deux aspire à une gouvernance autoritaire

Une société toujours plus fragmentée, qui croit de moins en moins dans ses institutions démocratiques et se laisse tenter par une gouvernance autoritaire. Tel est le portrait de la société belge que dresse la dernière enquête « Noir Jaune Blues, 5 ans après », relayée dimanche par le journal Le Soir et la RTBF.

Pour réaliser cette enquête, l’Institut de recherche en sociologie Survey and Action, mandaté par la fondation « Ceci n’est pas une crise », a sondé la population belge à trois reprises. La première fois, en février 2020, soit avant le début de la pandémie de Covid-19. La deuxième fois, en octobre de la même année, ponctuée par les confinements et l’incertitude de sortir de la crise sanitaire. Et la troisième fois, en juillet 2022, soit après l’invasion russe en Ukraine, la flambée du prix des énergies et de l’inflation et plusieurs événements climatiques extrêmes, comme les sécheresses, les canicules, etc.

De ces trois coups de sonde, effectués auprès de 1.059 personnes, deux grandes tendances se dégagent : « l’aspiration à la ‘retribalisation‘ », d’une part, et « l’aspiration à fonder des sociétés ouvertes« , d’autre part.

À l’échelle nationale, les résultats montrent qu’un peu plus d’un sondé sur deux (52%) se classe dans la catégorie « retribalisation ». Parmi leurs attentes s’exprime clairement l’aspiration à une gouvernance autoritaire, non contrainte par des contre-pouvoirs – soit la négation partielle ou totale de notre système démocratique, écrit Le Soir. À cet égard, il n’y a pas de différence significative entre la Flandre et la Wallonie, l’aspiration à la « retribalisation » domine dans les deux Régions et progresse de façon lente, mais régulière. Seule Bruxelles fait exception: l’aspiration à fonder une société ouverte (43,5%) y est supérieure à la retribalisation (36,2%). 

Selon l’enquête, la plupart des partisans de la « retribalisation » nourrissent des « ressentiments puissants, un climat d’hostilité et de défiance forte et des peurs ». « Parmi eux, 89% se déclarent même favorables au « rétablissement de la peine de mort dans certains cas », souligne le journal Le Soir.

À l’autre extrême, seuls 21,9% des répondants (contre 22,9 % en février 2020) réclament une « société ouverte », soit une gouvernance vraiment démocratique, et veulent bâtir une nation de citoyens. S’ils étaient 31,2% juste après les confinements, leur nombre a chuté après l’invasion russe en Ukraine et la flambée du prix des énergies. 

Radicalement opposés, ces deux groupes se rejoignent pourtant sur certains constats. Ainsi, 8 répondants sur 10 estiment par exemple que le dérèglement climatique et les pandémies résultent de l’emprise grandissante de certaines activités humaines sur les milieux naturels ou encore que l’organisation globale actuelle de l’économie et de la finance conduit à la destruction de notre environnement et donc de nos santés, entre autres.

Selon les chercheurs, l’aspiration à la « retribalisation » et celle visant la création d’une « société ouverte » correspondent aux deux passions que l’on observe partout sur la planète. « Elles ne couvrent pas tout le spectre des opinions publiques mais appréhendent les deux forces qui structurent de plus en plus nos sociétés et la façon dont on se représente la vie collective », conclut l’Institut de recherche en sociologie Survey and Action.

Contenu partenaire