Anne-Sophie Bailly

L’édito d’Anne-Sophie Bailly: vaccination obligatoire, le temps du débat

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Le débat sur l’obligation vaccinale tombe à un moment particulier. Mais il demeure néanmoins fondamental.

La liste des experts appelés à être auditionnés désormais actée et validée, le débat sur l’obligation vaccinale a pu commencer au sein de la commission Santé publique du Parlement. Enfin. Ou plutôt seulement, tant le calendrier semble en décalage avec l’évolution de la situation sanitaire. En effet, la plus grande transmissibilité d’Omicron, couplée à sa plus faible létalité, alimente l’espoir que la pandémie de Covid-19 est en voie d’être maîtrisée.

Il est vrai que certains signaux positifs commencent à poindre, essentiellement en Europe où la fin de l’épidémie devient une hypothèse qualifiée de « plausible » grâce à une saisonnalité favorable et à une immunité globale acquise soit par le vaccin, soit par infection, reléguant l’obligation vaccinale au rang de débat théorique et finalement peu opportun.

Pour autant, nous ne sommes pas encore entrés dans une phase endémique de la maladie et les mutations de ce coronavirus ont surpris plus d’une fois. Rarement en bien. La vigilance reste donc de mise. « Les conditions sont réunies pour de nouveaux variants », pointait récemment Tedros Adhanom Ghebreyesus, le patron de l’Organisation mondiale de la santé, ajoutant que « le potentiel d’un nouveau variant plus contagieux et plus mortel est très réel ». Dans ces pages, l’immunologue belge Sophie Lucas ne dit pas autre chose. « Il est clair qu’Omicron ne sera pas le dernier variant », assure-t-elle, ne voyant dans la fin de l’épidémie qu’une option parmi d’autres .

Alors, oui, le débat sur l’obligation vaccinale tombe à un moment particulier. Mais il demeure néanmoins indispensable.

Tout d’abord, pour qu’un véritable débat sur une question fondamentale et polarisante ait lieu au coeur de nos instances démocratiques et que le Parlement reprenne en main les prérogatives qui sont les siennes.

Ensuite, pour que, si le scénario du pire devenait malheureusement réalité et le prochain variant s’avérait plus dangereux, plus virulent, plus létal, ce débat sur la vaccination obligatoire ait déjà eu lieu. Et que l’ensemble des questions qui l’entourent, qu’elles soient éthiques, sociales, juridiques, psychologiques ou économiques, aient été abordées en profondeur.

S’empêcher d’avoir cette réflexion et de mener ce débat sereinement serait un sacré pari sur l’avenir.

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