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Vaccination obligatoire: pour ou contre, les débats ont commencé à la Chambre

La commission Santé de la Chambre a commencé mercredi matin sa série d’auditions visant à évaluer l’opportunité de procéder à la vaccination obligatoire contre le Covid-19.

« Certains disent que c’est trop tard, d’autres disent enfin. Nous sommes heureux de mener ce débat, car nous sommes convaincus que le Parlement a un rôle à jouer das le cadre de cette pandémie », a commenté en introduction le président de la commission Thierry Warmoes (PTB).

Les deux premiers invités ont développé des positions différentes. Tout d’abord, le président de l’Absym (Association Belge des Syndicats Médicaux), Luc Herry, s’est résolument montré favorable à cette vaccination obligatoire pour la population générale, et ce à partir de 5 ans. « La vaccination, c’est une assurance santé pour soi-même et pour la collectivité », a-t-il développé. « Actuellement, on serait beaucoup plus tranquilles, tant dans l’enseignement que pour le secteur médical. Cela permettrait aussi de soigner avec beaucoup plus d’accessibilité les soins courants. Je suis favorable à une obligation pour tout le monde, car si le soignant doit protéger le soigné, le soigné doit aussi protéger le soignant. (…) Avec les vaccinés 3 doses, on constate une diminution des contaminations de 70% ! Le bienfait de la vaccination en Belgique, avec 9 millions de personnes ayant déjà reçu deux doses de vaccin, nous permet d’éviter des catastrophes », a-t-il conclu, sur base des données de l’institut de santé publique Sciensano. Selon lui, se contenter de vacciner les personnes vulnérables est difficilement praticable.

En matière d’effets secondaires, M. Herry a assuré que 300.000 personnes vivent actuellement en Belgique avec un Covid long. « Et on ne sait pas non plus les effets à long terme d’avoir attrapé le covid ! Les risques de la vaccination sont par contre peu fréquents, avec un choc anaphylactique pour un million de doses Pfizer. Les autres risques, dont les myocardites, sont dans la plupart des cas réversibles. » Le président de l’Absym a regretté le fait que l’Union européenne n’a pas pris la main dans ce dossier. « En 40 ans de carrière, je n’ai jamais vu de refus de vaccination contre la polio, la rougeole-rubéole-oreillons ou encore le papillomavirus. »

Luc Herry s’est par contre montré opposé au pass vaccinal, qui pourrait remplacer l’actuel Covid Safe Ticket. « C’est inacceptable. C’est mettre la pression et la responsabilité du contrôle sur certains citoyens. Ça va être ingérable et il y aura des rébellions. » Le président de l’Absym préfère une sanction via une amende administrative.

À l’inverse, le vétérinaire et expert en biotechnologie Geert Vanden Bossche s’est opposé à cette vaccination obligatoire, plaidant pour l’immunité collective naturelle, « meilleure que l’immunité acquise avec un vaccin ». Selon lui, la vaccination empêcherait de mettre sous pression le virus, ce qui aurait fait durer la pandémie au-delà d’une seule année et aurait induit de nouveaux variants. « Aucune obligation vaccinale n’est justifiable scientifiquement », a-t-il estimé.

Cette audition, proposée par le Vlaams Belang, a suscité davantage d‘interrogations chez les députés. « Quelle documentation scientifique avez-vous utilisé pour affirmer cela ? », s’est demandée Kathleen Depoorter (N-VA). « Vous plaidez pour le modèle brésilien. Pensez-vous que la situation y est meilleure ? », a ajouté Sofie Merckx (PTB) « Au Brésil, votre théorie n’a pas fonctionné », a renchéri Melissa Depraetere (Vooruit). Catherine Fonck (cdH) lui a demandé d’apporter à la commission les publications scientifiques « evidence based » sur lesquelles il a basé ses conclusions. « Je regrette le manque de références »‘, a complété Laurence Zanchetta (PS). « Il n’y a aucun doute sur les bienfaits de la vaccination. Le débat porte sur les stratégies les mieux adaptées pour augmenter cette vaccination », a estimé Daniel Bacquelaine (MR). « Personne n’a jamais dit que le vaccin, c’était la panacée. C’est un outil parmi d’autres », a exprimé Sophie Rohonyi (DéFI), dont le parti est favorable à la vaccination obligatoire uniquement pour les plus de 50 ans. Elle a jugé « dangereux voire criminel » les propos de M. Vanden Bossche. « Ils invitent à la contamination volontaire ! »

Le vétérinaire de « Voice for Science and Solidarity » a évoqué un « malentendu lorsque l’on dit que je suggérerais que les mutations sont induites par la vaccination de masse ». Selon lui, dans un tel contexte, « c’est le variant le plus fort qui va survivre ». « Où sont les évaluations par les pairs qui prouvent qu’une vaccination massive contre un virus qui peut facilement muter serait une réussite ? Il n’y a aucune révision par les pairs qui suggère cela », a-t-il également répondu.

Le président de la commission Thierry Warmoes a également invité les intervenants à déclarer d’éventuels conflits d’intérêt, bien qu’aucune obligation légale n’existe pour le moment. Aucun texte de loi n’est en effet à l’examen actuellement. Aucun des deux orateurs n’a déclaré de conflit d’intérêt potentiel. Avant la réunion de la commission, les parlementaires avaient en effet reçu différents mails à ce sujet, notamment du cabinet d’avocat Modrikamen et de l’association Cumuleo, a-t-on appris.

Dans l’après-midi, les députés entendront Liliane Schoofs (KU Leuven), Ann De Guchtenaere (UGent), Johan Neyts (KU Leuven) et Emmanuel André (KU Leuven).

D’ici le vendredi 4 février, la commission Santé de la Chambre procédera à 32 auditions au total, avant d’entendre le commissaire corona Pedro Facon et, éventuellement, les partenaires sociaux. Le débat politique suivra, notamment lors d’une séance plénière extraordinaire, avec comme objectif d’aboutir d’ici la fin février. Selon les déclarations précédentes formulées par les partis, il n’existe actuellement pas de majorité pour passer à l’obligation vaccinale pour la population générale. La majorité Vivaldi s’est par contre accordée sur l’obligation vaccinale du personnel soignant. Ce point sera réexaminé cette semaine en kern.

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