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Le risque d’un déconfinement à deux vitesses entre Flandre et Wallonie

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

La N-VA et le patronat plaident pour une relance rapide de l’économie. Des différences existent déjà au niveau des écoles. Tensions en vue au Conseil national de sécurité, vendredi.

Fidèle à lui-même, Bart De Wever, président de la N-VA, y est allé de sa petite pression matinale sur la politique fédérale, ce lundi matin sur la VRT. Il a appelé à la mise en place rapide d’un plan de déconfinement: « Nous courrons après les pays voisins. Des pays intelligents comme l’Allemagne sont en train de gagner le pari sur l’avenir. L’économie et la politique de santé vont de pair. Nous devons veiller à ce que, sur la durée, la réaction à la crise ne soit pas pire que la crise elle-même. »

Le refrain, connu, est similaire à celui d’un Donald Trump aux Etats-Unis ou d’un patronat de plus en plus inquiet par les conséquences économiques de la crise sanitaire. « Nous avons besoin que l’économie tourne pour financer les soins de santé », rappelle en permanence Pieter Timmermans, CEO de la Fédération des entreprises de Belgique. Ce lundi matin également, Dominique Michel, CEO de Comeos (Fédération des commerces), a plaidé sur LN24 en faveur d’une reprise de l’activité : « Il faut une réouverture globale, et non secteur par secteur, sous condition du respect des mesures de sécurité. Plusieurs chaînes sont en grandes difficultés ». Ce lobby patronal risque de recevoir une oreille plus attentive au sein de la suédoise flamande (N-VA – CD&V – Open VLD) qu’auprès de l’arc-en-ciel wallon (PS – MR – Ecolo).

C’est dire combien la pression monte sur le Conseil national de sécurité, qui doit présenter vendredi le plan belge pour le déconfinement. Et cela risque d’aller crescendo tout au long de la semaine. Avec le risque d’une négociation difficile pour accorder les violons de cette réunion qui rassemblera une nouvelle fois le gouvernement fédéral, les ministres-présidents des entités fédérées, sur base du rapport élaboré par les experts du groupe chargé d’imaginer la stratégie belge. Autour de la table, on retrouvera le ministre-président wallon Elio Di Rupo (PS) et son homologue flamand Jan Jambon (N-VA): tous deux ont jusqu’ici évité les désaccords majeurs, mais sera-ce encore possible cette fois-ci? La Première ministre, Sophie Wilmès (MR), a déjà annoncé quà ses yeux, ce déconfinement serait « graduel » et que « des retours en arrière serait possible ».

Serait-il possible, à terme, que le déconfinement se fasse à plusieurs vitesses entre la Flandre, la Wallonie et Bruxelles ? Si les représentants politiques ont tout fait pour éviter des mesures discordantes entre les trois Régions du pays, la sortie de crise risque de donner lieu à des divergences plus sérieuses sur la stratégie socio-économique. Des tentations d’aller de l’avant, plus vite, plus fort, pourraient voir le jour au nord du pays.

Les différences sont déjà marquantes au niveau des écoles. En Flandre, le ministre Ben Weyts (N-VA) a décidé que de nouvelles matières seraient données à partir de ce lundi, tandis que l’on reste sur des révisions en Fédération Wallonie-Bruxelles. Le même Ben Weyts réclame cette semaine une date pour la réouverture des écoles et n’exclut pas de prolonger l’année scolaire, suscitant des critiques dans l’opposition et chez les syndicats.

Politiquement, de manière plus générale, les tensions vont resurgir. Le président de la N-VA a confirmé ce lundi matin qu’à ses yeux, le déconfinement politique devrait avoir lieu en juin. Un vote de confiance devrait être organisé à l’issue des trois premières semaines de pouvoirs spéciaux du gouvernement Wilmès II. Bart De Wever réclame des négociations pour former un gouvernement pleinement majoritaire cet été. Et appelle les autres partis flamands à ne pas tomber dans le piège du PS et d’Ecolo qui souhaitent la mise en place d’une majorité Vivaldi, sans les nationalistes.

L’attitude de la N-VA pourrait toutefois provoquer le contraire de ce qu’elle souhaite et inciter les partis qui soutiennent de l’extérieur le gouvernement Wilmès II à resserrer les coudes, alors que des tensions étaient perceptibles la semaine passée, notamment au sujet des visites dans les maisons de repos.

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