Tous parlements confondus (ici, la Chambre), quelque cent cinquante personnes contribuent à préserver la mémoire des débats politiques qui s'y déroulent. © BELGA IMAGE

Fact-checking politique : les partis politiques belges sont-ils en crise ?

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Etes-vous incollable sur la politique belge ? Sur base du nouvel ouvrage du Centre d’étude de la vie politique de l’ULB, « Les Partis politiques en Belgique », Le Vif a préparé un grand quizz permettant de tester ses connaissances. Notamment sur la crise que vivraient les partis. Vrai ou faux ?

Oui

La crise des partis politiques en est une, d’idée commune. Elle n’en semble que plus factuelle au terme des 535 pages des Partis politiques en Belgique. Les partis tels que les ont connus les générations passées sont en profonde mutation. Leur poids au Parlement évolue, bien sûr, au gré d’un comportement toujours plus volatil des électeurs. Et, surtout, ceux-ci sont beaucoup moins attachés que jadis à des « piliers », ces structures qui, autour d’un parti, surtout socialiste ou social chrétien, encadraient le citoyen « du berceau à la tombe »: le syndicat, la mutuelle, les organisations féminines, de jeunesse ou de pensionnés, etc. Même si certaines dépendances restent lourdes – Emilie van Haute (ULB) observe par exemple que plus de 90% des adhérents du CD&V sont affiliés aux mutualités chrétiennes, tandis que Nicolas Bouteca et Pieter Moens (UGent) signalent que 47% des membres de Vooruit (ex SP.A) sont syndiqués à la FGTB, et 80% affiliés à Solidaris -, elles vont en diminuant. Le fait même d’être membre d’un parti est aujourd’hui beaucoup moins fréquent qu’hier. Signe de cette fluidité des temps: plus de 30% des électeurs du Vlaams Belang affichent une affiliation à une organisation du pilier socialiste.

Les partis dont les procédures sont les moins ouvertes tendent à mobiliser davantage, sur le plan électoral à tout le moins.

Les grandes formations historiques ont vu, à partir des années 1990, leurs membres progressivement les déserter: entre 1978, date de sa scission d’avec ses camarades flamands, et 2020, le PS est passé de près de 150 000 à moins de 50 000 adhérents. Même si certaines formations plus jeunes, plus petites et moins pesantes sociologiquement (comme la N-VA, passée de 11 000 à 45 000 membres entre sa fondation en 2001 et aujourd’hui, ou le PTB, dont le nombre d’adhérents à quadruplé en dix ans) ont émergé, l’emprise des partis sur la vie sociale est incontestablement moins importante aujourd’hui. Les sections locales, autrefois cruciales en tant que lieux de socialisation, politique mais pas seulement, ne sont, de plus en plus souvent, que des structures endormies, réveillées le temps d’une campagne. En 2018, écrivent Thomas Legein (ULB) et Emilie van Haute, « alors que la plupart des partis prévoient une assemblée statutaire obligatoire par an, seules 60% des sections locales disent en organiser une ». Pis: à peine 8% de ces sections locales déclaraient alors organiser des débats politiques.

Ces symptômes accréditent l’hypothèse d’une crise des partis, que ceux-ci peinent à enrayer. Leurs incessantes promesses d’ouverture, et les pouvoirs formellement de plus en plus significatifs dont ils dotent leurs adhérents – l’élection du président, la confection du programme, le choix des candidats, etc. – ne sont guère récompensés. Au contraire, même. « Alors que les partis traditionnels se détachent des modèles de délégation pour adopter des modèles de démocratie directe en interne, ce sont les partis dont les procédures sont les moins ouvertes qui tendent à mobiliser davantage, sur le plan électoral à tout le moins », ajoutent encore Thomas Legein et Emilie van Haute.

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