Carte blanche

Enseignement: après la réforme des vacances scolaires, place à la réforme des rythmes journaliers et hebdomadaires (carte blanche)

Ca y est, la réforme des rythmes scolaires est votée, et dès la rentrée prochaine, le calendriers des congés entrera dans une nouvelle ère. Mais pour Bernard De Commer, ancien permanent syndical, la prochaine étape doit être la réforme des rythmes quotidiens (à quelle heure doit commencer et finir l’école?) et hebdomadaires.

La réforme des rythmes scolaires annuels a été adoptée par décret le 30 mars dernier. Après une longue gestation de quelque trente années, après des essais avortés ou mort-nés comme celui d’Elio DI RUPPO en 1993, après une série de promesses dans les déclarations de politique communautaire successives restées lettres mortes, malgré des coups de frein de divers lobbies… Enfin ! Comme l’écrivait dans son dernier édito Anne-Sophie Bailly, rédactrice en chef du Vif : « C’est bien l’élève qui est au coeur de la réforme. Pas le confort des parents. Pas le bilinguisme du pays. Ni l’attractivité du métier d’enseignant ».

Maintenant l’heure est à la mise en pratique.

Le prochain chantier en matière de rythmes auquel devra s’atteler le gouvernement sous la prochaine législature, si l’on veut vraiment finaliser cette réforme, ce sera celui des rythmes journaliers et hebdomadaires. Le Rapport de la Commission de 1991 le prévoyait et il ne me semble y avoir aucune raison de s’arrêter en si bon chemin. D’autant que ces rythmes journaliers et hebdomadaires sont tout aussi indispensables que les rythmes annuels.

Et ils le sont sur base des mêmes données chronobiologiques et chronopsychologiques.

Le Rapport recommandait qu’il soit tenu compte, en fonction de l’âge des sujets bien sûr et des niveaux d’enseignement, des besoins de moments de repos, des besoins alimentaires, des fluctuations au niveau des performances – comme par exemple le « creux méridiens du début d’après-midi »- , et que l’école pratique une pédagogie du sens, de la cohérence et de la continuité.

Certes, des améliorations ont été apportées depuis : l’enseignement par cycles au fondamental par exemple ou, dans l’enseignement spécialisé, le Plan Individuel d’Apprentissage (P.I.A). Mais d’autres recommandations du Rapport devraient voir le jour , de manière plus approfondie qu’aujourd’hui, avec le Pacte pour un enseignement d’Excellence.

Ainsi pouvait-on lire en 91 : « Tous les membres de la communauté éducative sont appelés à élaborer la politique de l’établissement et le projet qui la traduit… La communauté scolaire s’organise en un ensemble complexe, mais cohérent d’équipes et de groupes. La direction d’école est responsable de l’articulation de tous les réseaux de communication et d’action existant au sein de l’institution ». Ce qu’on pourrait traduire par le processus participatif mis en avant justement par le Pacte, processus que certaines directions, certains pouvoirs organisateurs, dénigrent. Et c’est peu dire.

En 1991 déjà le rapport recommandait des activités pluridisciplinaires et « une continuité entre l’enseignement fondamental et l’enseignement secondaire ». C’est, en partie, deux des buts avoués du tronc commun. Tout cela ne me semble pas devoir provoquer de gros problèmes dans le public intéressé par l’école. Ce qui pourrait coincer et coincera sans doute, c’est l’horaire-type d’une journée avec un accueil débutant vers 8h30 et une journée finissant vers 17h30 pour les plus âgés et , en ce cas, en y incluant des activités « après la classe ».

Pas une simple garderie

Ce « après la classe », pour le Rapport, ce sont des temps d’activités libres, de jeux, de projets de recherche, de valorisation des apprentissages selon « une nouvelle conception des devoirs », et pas une simple garderie. Il me revient que l’allongement de la journée est une idée que, désormais, certains opposants aux rythmes annuels ayant pignon sur internet trouvent intéressante. En fait, pour les parents travaillant. Comme quoi le bien des enfants peut aussi servir de paravent !

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A noter, au passage, que le rapport recommandait déjà la suppression des devoirs à domicile comme tels au fondamental. Sujet qui avait crispé certains parents lorsque le ministre Nollet avait sorti le 29 mars 2001 son décret qui « régule la durée, le contenu et l’évaluation des devoirs à domicile dans l’enseignement primaire ». Décret qui n’a guère été respecté à ce jour sous la pression, sans doute, des parents ou la concurrence entre écoles et réseaux. Une école donnant beaucoup de travaux à domicile étant censée, pour certains, être une « bonne » école. Mais avec ces activités « après la classe », ce seront les finances de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui risquent d’être un peu plus à mal encore qu’elles ne le sont.

Quant aux rythmes hebdomadaires, le rapport remarquait – et je cite – que « le maintien du congé du samedi est davantage expliqué par le contexte économique et social que par la chronobiologie. Les effets négatifs de la rupture du week-end devraient donc être compensés par l’amélioration des rythmes scolaires durant la semaine mais aussi par le souci de proposer des activités stimulantes et équilibrées sur les plans culturels, artistiques et sportifs durant le week-end tout en tenant compte des rythmes biologiques des enfants ».

Effectivement : l’école n’est pas toute seule et elle ne doit pas le rester. C’est toute la société qui doit prendre à bras le corps cette problématique avec une attention toute particulière pour les milieux socioculturels en difficulté et en mettant en place une politique ambitieuse de l’enfance et de la jeunesse.

Bernard De Commer, ancien permanent syndical et désormais militant

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