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Cinq indiscrétions sur le voyage de Philippe et Mathilde au Congo

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Le Vif a accompagné la visite royale à Kinshasa, au Katanga et au Sud-Kivu. Cinq anecdotes et indiscrétions extraites du carnet de voyage de notre journaliste Olivier Rogeau.

1. Le roi voulait admirer le paysage du Sud-Kivu depuis le cockpit de l’A400M

Lors de la visite royale en RDC, les vols intérieurs Kinshasa-Lubumbashi, Lubumbashi-Bukavu et retour ont été assurés par des Airbus A400M, les nouveaux avions de transport militaires de l’armée belge, qui ont succédé aux vieux C-130. Philippe et Mathilde ont chaque fois pu prendre place dans le cockpit de l’appareil européen.

Le roi, qui est pilote de chasse et d’hélicoptère, reste un passionné d’aviation. A Bukavu, la grande ville du Sud-Kivu située sur la rive sud du lac Kivu, à deux pas du Rwanda, Philippe était très excité à l’idée d’admirer de jour, au décollage, le paysage de la région.

Mais voilà, les télés qui couvrent la mission au Congo ont insisté pour pouvoir faire des séquences « face caméra » avant de quitter le Sud-Kivu. Du coup, le décollage a été retardé. La nuit est tombée – elle survient toute l’année entre 18h et 18h30 – et le roi n’a rien pu voir du cockpit au moment du décollage. Il a confié lui-même, avec le sourire, son dépit, à l’occasion d’un échange informel avec la presse écrite.

2. Le pape a fait de la concurrence au couple royal

« Bienvenue au couple royal belge ». Sur les grands axes de Kinshasa, Lubumbashi et Bukavu, des panneaux géants et des calicots affichent les visages de Philippe et Mathilde. Mais sur d’autres panneaux et banderoles, plus nombreux encore, figure le pape, avec la mention « Bienvenue pape François. Tous réconciliés en Jésus-Christ ». Le souverain pontife devait se rendre en RDC du 2 au 5 juillet, avec une étape à Kinshasa et une autre à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, pour y rencontrer les victimes des violences dans l’Est du Congo. Cette première depuis la venue de Jean-Paul II, il y a trente-sept ans, a été reportée sine die, au grand dam de l’Eglise catholique congolaise, très puissante en RDC, qui a financé une grande campagne publicitaire.

Dans un communiqué publié le 10 juin, le directeur du service de presse du Vatican annonce qu’« à la demande de ses médecins et afin de ne pas compromettre les résultats des thérapies du genou encore en cours, le Saint-Père, à son grand regret, est contraint de reporter son voyage ». Aujourd’hui âgé de 85 ans, Jorge Mario Bergoglio souffre de douleurs au genou droit et n’arrive plus à marcher. Il est aussi atteint par les suites d’une opération du colon subie l’an dernier.

Les catholiques congolais attendaient énormément de cette visite, au moment où le Nord-Kivu est à nouveau meurtri par la guerre et où les tensions entre la RDC et son voisin rwandais connaissent une recrudescence. Goma vivait au rythme de l’attente du pape, qui devait y célébrer une messe et appeler à la réconciliation.

Olivier Rogeau

3. Philippe et Mathilde victimes d’un couac lié au « coupage »

La presse kinoise a tardé à évoquer dans ses colonnes la venue du roi et de la reine des Belges en RDC. Elle n’a commencé à publier des articles sur cette visite que deux jours à peine avant l’arrivée de Philipe et Mathilde à Kinshasa. En cause, d’après certaines sources : le fait que les journalistes auraient tardé à recevoir de la présidence leur petite « enveloppe ». En RDC, la pratique du « coupage » – la rémunération que les autorités et organisateurs d’événements versent aux journalistes en guise de pourboire – est un rituel de corruption qui existe depuis l’époque de Mobutu. Souvent très mal payés, les journalistes congolais arrondissent ainsi leurs fins de mois.

4. « Evitez de circuler à Kinshasa pendant la visite royale »

Une source s’est permise de transmettre à la communauté belge de Kinshasa le programme détaillé de la visite royale dans la capitale congolaise. Du coup, l’info suivante a été diffusée dans ses rangs : évitez de circuler à proximité des axes où passera le convoi des souverains, de la délégation belge et des officiels congolais, car il provoquera des bouchons considérables. Kin’ est déjà, en temps normal, une mégalopole très encombrée.

Pour tenter de fluidifier la ville, le président Félix Tshisekedi a lancé au début de son mandat la construction de « sauts de mouton » sur les grands carrefours de la capitale congolaise. La construction de ces ponts, qui a duré plus longtemps que prévu, a rendu à l’époque le trafic encore plus chaotique, et la mise en service de ces infrastructures n’a pas vraiment amélioré le quotidien des Kinois dans la circulation routière.

5. Une grande partie de la Cour a fait le déplacement en RDC

Un contingent impressionnant de membres de la Cour a accompagné le roi et la reine à Kinshasa, au Katanga et au Sud-Kivu, du chef de cabinet du roi, le diplomate Vincent Houssiau, 59 ans, à la coiffeuse de la reine Mathilde. L’ensemble du staff chargé de la communication du Palais a fait le déplacement, à une exception près. Oreillettes à l’oreille, des agents du détachement de sécurité de la famille royale ont surveillé les lieux des rencontres.

Toutefois, un membre de l’entourage du roi était encore plus visible que les bodygards aux côtés de Philippe et Mathilde : Alain Gerardy, chef de protocole de la Cour depuis 2017. Cet officier de 54 ans ne quitte pas le roi d’une semelle. Il est visible sur la plupart des images du couple royal prises par les télés et photographes d’agences. Le colonel d’aviation veille au grain, indique la direction à suivre, balise les échanges. Au moment de quitter Bukavu, capitale du Sud-Kivu, des dignitaires locaux se sont approchés de Philippe pour lui offrir un tambour traditionnel. Le chef du protocole s’est empressé de débarrasser le roi de ce cadeau encombrant.

A droite, l’omniprésent chef du protocole. (Olivier Rogeau)

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