Collection  » sensation  » à Tournai 101 chefs-d’ouvre… de Manet à Dürer

Rêvant à ses futurs travaux d’embellissement, le musée des Beaux-Arts de Tournai déploie ses plus beaux atours. Présage d’une renaissance pour ce musée trop longtemps négligé.

Difficile d’imaginer ce musée sans l’intervention providentielle d’Henri Van Cutsem. Soucieux d’assurer l’avenir de sa collection, cet amateur d’art éclairé légua quantité de chefs-d’£uvre à la ville de Tournai, à condition de les accueillir dans leur ensemble et de leur offrir un écrin à leur mesure. Le généreux mécène chargea son ami Victor Horta de le concevoir. Le célèbre architecte de l’Art nouveau s’attela corps et âme à cette réalisation.

Aujourd’hui, l’institution se trouve à un tournant de son histoire. Attendant patiemment le début de ses travaux de rénovation et d’extension, elle tente de (re)mettre en lumière ses chefs-d’£uvre de la peinture ancienne et moderne. La sélection opérée par Jean-Pierre De Rycke – le conservateur passionné mais surtout le catalyseur incontesté des richesses de  » son  » musée – offre aux visiteurs une approche synthétique mais éclairante de la production picturale du XVe siècle à nos jours.

L’exposition compte sept chapitres : Le Bonheur de vivre, Les Travaux et les jours, Eloge de la Folie, Matières et illusion, La Vérité de l’être, Au c£ur de l’Univers et, enfin, Foi et Dévotion. D’emblée, on apprécie l’audace de mêler dans certains espaces peintures anciennes et modernes. Ensor côtoie Dürer, Bruegel semble bien proche de Courbet ou Monet, Fantin-Latour rencontre Campin… Pour présenter ce panorama étourdissant, la muséographie a été soigneusement repensée : les £uvres se détachent aujourd’hui sur des murs de couleurs variées, lesquels se voient complétés de cimaises mobiles. Certaines £uvres ont été restaurées, d’autres profitent de nouveaux encadrements. Une entreprise coûteuse mais largement récompensée par la découverte de crayonnés inédits au dos de deux dessins de Toulouse-Lautrec. Un dispositif  » double face  » permet de découvrir les rectos mais surtout les versos jusqu’alors insoupçonnés.

Au total, 100 £uvres d’art graphique. La cent et unième étant le musée lui-même, une merveille d’architecture inaugurée en 1928 à partir d’avant-projets dressés dès 1908 par Victor Horta. Exceptionnellement, l’atrium exposera les esquisses et les plans originaux du maître de l’Art nouveau. Ils seront accompagnés d’un documentaire consacré à l’historique du musée et de ses collections.

Enfin, cette exposition offrait un magnifique prétexte pour compléter les collections d’une nouvelle acquisition. Au sommet d’une  » chapelle  » abritant un petit Rubens, une curieuse girouette surmontée d’un combat de coqs… rouges ! Une métaphore ironique qui évoquerait qu’au sein même de son propre camp l’homme se bat. L’£uvre satirique est de la main du sculpteur contemporain Tom Frantzen.

101 chefs-d’£uvre, de Manet à Dürer, musée des Beaux-Arts de Tournai, Enclos Saint-Martin, à 7500 Tournai. Jusqu’au 11 juin 2012. www.tournai.be

GWENNAËLLE GRIBAUMONT

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