Des soldats ivoiriens. © AFP

Côte d’Ivoire: les mutins de Bouaké refusent de rentrer dans le rang

Le Vif

Accès à la ville bloqués, tirs en l’air et patrouilles: les soldats mutins de Bouaké (centre), deuxième ville de Côte d’Ivoire, refusaient samedi de renoncer aux primes promises et continuaient de défier les autorités malgré les menaces de « sanctions sévères » du chef d’état-major des armées.

A Daloa (centre), des mutins ont tiré dans la nuit de vendredi à samedi et continuaient à circuler en ville, selon deux habitants joints par l’AFP par téléphone, alors que des tirs ont également été entendus à Korhogo (nord). La situation était toutefois calme dans la capitale économique Abidjan, a constaté un journaliste de l’AFP.

« Nous voulons notre argent », lançait ainsi samedi à Bouaké sous couvert d’anonymat l’un des mutins, qui portait une cagoule sur la tête. Plusieurs centaines de mutins étaient impliqués samedi dans ce nouveau mouvement de grogne à Bouaké.

Ces mutins ont chassé les policiers qui contrôlent habituellement les « corridors », et ont pris position sur les routes, bloquant les accès à Bouaké et empêchant toute circulation. Les corridors Nord et Sud sont situés sur le principal axe routier du pays qui part d’Abidjan, et poursuit vers le nord jusqu’au Burkina Faso voisin.

Les mutins tiraient samedi sporadiquement en l’air au niveau de ces corridors mais aussi à l’intérieur de la ville, où les banques et les magasins n’ont pas ouvert samedi matin.

En fin de matinée, des négociations avec des hauts gradés du commandement militaire de Bouaké ont échoué.

Les mutins assurent être prêts à en découdre avec les forces loyalistes si celles-ci intervenaient.

‘On est prêts’

« Qu’ils nous envoient ce qu’ils veulent. On est prêts », a ainsi lancé à l’AFP un des mutins à Bouaké. « Si on n’était pas prêts à se battre, on n’allait pas poser ces actes (agir ainsi, ndlr) », a renchéri un autre.

Les deux hommes portaient des cagoules et ont refusé de donner leurs noms.

Vendredi, un important dispositif loyaliste (Garde Républicaine, police et gendarmerie) avait été déployé à Abidjan, obligeant les mutins qui occupaient le camp Gallieni, au centre-ville, à partir.

« La situation est plus compliquée à Bouaké que dans les autres villes du pays. N’oubliez pas que cette ville fut la capitale de la rébellion », a commenté samedi auprès de l’AFP Yao Kobena, enseignant à Bouaké.

Cette ville a été la capitale d’une rébellion à partir de 2002. Une large partie de ces rebelles, qui ont soutenu le président Alassane Ouattara lors de la crise de 2010-2011 contre l’ancien président Laurent Gbagbo qui refusait de reconnaître sa défaite électorale, ont ensuite été intégrés à l’armée. C’est ce contingent de 8.400 hommes qui a lancé la mutinerie de janvier.

Les mutins réclament le paiement de reliquats de primes que leur avait promis le gouvernement après ces mutineries de début janvier qui avaient ébranlé le pays.

Les mutins avaient réclamé 12 millions de francs CFA de primes (18.000 euros) pour chacun d’eux, et obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7.500 euros). On leur avait promis de payer les 7 millions restants par tranche à partir de ce mois de mai.

Toutefois, jeudi soir, un représentant de soldats avait annoncé renoncer à leurs revendications financières, lors d’une cérémonie au Palais présidentiel en présence du président Ouattara et d’autres soldats.

Cette cérémonie, organisée sans la présence de la presse et diffusée en différé après montage, se voulait visiblement un point final à la protestation de l’ensemble des forces de sécurité, mais a finalement déclenché un nouveau mouvement de grogne.

Vendredi, des mutins avaient tiré et pris position autour du camp Gallieni d’Abidjan. Ils avaient également tiré en l’air à Akouedo (est d’Abidjan) et paralysé plusieurs villes du pays dont Bouaké, Korhogo (nord), Odienné (nord) et Man (ouest).

Les forces loyalistes avaient de leur côté déployé vendredi un important dispositif à Abidjan, et menacé dans la soirée les mutins de sanctions, lors d’une allocution du chef d’état-major des armées au journal télévisé.

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