Charles Michel, président du Conseil européen. © Belgaimage

La « dream team » européenne en quête de budget pour concrétiser son bilan des 100 jours

Le Vif

Un peu plus de trois mois après son arrivée, le premier bilan de la « dream team » européenne est mitigé. Les annonces de grands projets se sont multipliées, mais l’incertitude demeure pour leur financement faute d’accord sur le bugdet à long terme.

La présidente de la Commission européenne, la conservatrice allemande Ursula von der Leyen, avait lancé l’idée d’un bilan des 100 jours comme un défi au Parlement européen pour obtenir son investiture. C’était sans compter l’échec en mars du président du Conseil, Charles Michel, dont le projet de budget pluriannuel (2021-2027) a été sèchement rejeté lors d’un sommet extraordinaire.

Les deux dirigeants ont été surnommés la « dream team » par les dirigeants français qui se sont beaucoup activés avec la chancelière Angela Merkel et le soutien du socialiste espagnol Pedro Sanchez pour les faire nommer à ces postes. L’échec du sommet a relancé les critiques du Parlement européen, très remonté contre le manque d’ambition. « Charles Michel s’est discrédité avec cet échec et Ursula von der Leyen a déçu pour avoir accepté des coupes dans des programmes prioritaires pour préserver la politique agricole et la cohésion », a expliqué à l’AFP un dirgeant du Parti Populaire Européen – le propre camp politique de l’Allemande.

Ignacio Molina, analyste du Real Instituto Elcano à Madrid, est un peu moins sévère. « L’échec sur le budget est imputable aux désaccord entre les dirigeants », estime-t-il, même s’il estime que Charles Michel ne s’est pas « montré à la hauteur » et que l’exécutif européen « ne s’est pas montré audacieux ». « Au cours des 100 premier jours, la Commission von der Leyen a tenu ses promesses sur de nombreux fronts », affirmait dès vendredi son équipe sur le compte Twitter de l’institution.

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Fixer un cap

Mais cette période symbolique s’est terminée sur une semaine délicate. Avec Charles Michel et le président du Parlement européen David Sassoli, Mme von der Leyen s’est rendue en Grèce, alors que des milliers de migrants ont afflué à la frontière avec la Turquie en quelques jours, rappelant à l’Union que la réforme de ses règles d’asile n’a pas abouti depuis la crise de 2015-2016. Et à Bruxelles, la jeunesse militante s’est de nouveau rassemblée pour un désaveu sans concession de la nouvelle « loi climat » tout juste dévoilée. « Ce que l’on dit est donc bien vrai: en politique, une semaine, c’est long. Mais 100 jours, c’est juste assez de temps pour fixer un cap et franchir les premières grandes étapes dans cette direction », observe Ursula von der Leyen dans une tribune combative publiée par plusieurs journaux européens au cours du week-end, dont Le Journal du Dimanche.

Depuis décembre, l’exécutif bruxellois a lancé un Pacte Vert contre le changement climatique et une stratégie sur le numérique et l’intelligence artificielle. « Avec le Pacte vert, Ursula von der Leyen a un cheval de bataille qui fait consensus », note Sebastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques Delors. « Son action est lisible », a-t-il jugé. Alberto Alemanno, professeur en droit européen à HEC, est plus critique. « Les dossiers prioritaires –la loi sur le climat, la stratégie numérique ou la conférence sur l’avenir de l’Europe– ont tous déjà été jugés inadéquats par rapport à la nature des défis visés », souligne-t-il.

L’argent, nerf de la guerre

Sans argent, rien ne peut se faire. La Commission européenne est comme un navire encalminé. Ursula en est consciente, selon des sources dans son entourage. « Elle en parle à chaque réunion », ont confié à l’AFP des collaborateurs. Mais il va falloir panser les plaies de l’échec du conseil sur le budget. « Il faut laisser retomber l’écume », a jugé le représentant d’un grand Etat membre.

Les dirigeants européens se sont quittés fâchés et les critiques ont fusé contre Charles Michel, « mal préparé », « trop pressé » et « trop sûr de lui », ont lâché plusieurs délégations. Un nouveau sommet budget sera nécessaire, mais pas tout de suite. « On va trouver un accord », assurent les négociateurs. « Mais les marges de manoeuvres restent étroites », souligne la Commission.

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