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Yves Coppieters : « Un confinement strict n’est pas une solution pour le long terme »

Stagiaire Le Vif

Les chiffres du covid ne cessent d’augmenter chaque jour, mais quelles sont les mesures à prendre pour ralentir cette tendance ? Allons-nous vers un reconfinement strict, tel que nous l’avons connu il y a un an ? Selon Yves Coppieters, épidémiologiste, ce ne serait pas la solution.

Est-ce que, pour vous, il faudrait un reconfinement court et strict ?

Je pense qu’un reconfinement court et strict va être très difficile à faire accepter à la population, même si de façon tout-à-fait théorique, ça peut être une bonne mesure pour diminuer les transmissions. Mais, on sait très bien que lorsqu’on va relâcher le confinement, dans trois semaines ou dans un mois, il va y avoir un relâchement des comportements dans la population et la vaccination n’aura toujours pas suffisamment évolué. Donc, on risque de se retrouver très rapidement dans une situation identique à celle d’aujourd’hui. Ce que je veux dire, c’est que ça va être très efficace pendant trois semaines, un mois, et puis les trois semaines suivantes, avec la reprise des activités, on risque de se retrouver dans une situation assez identique très rapidement par la suite. Donc ça ne va pas être une solution pour le long terme.

Vous pensez que ce ne serait pas soutenable pour la population ?

Je pense qu’il faut trouver une jauge de mesures, qui ne sont pas des mesures de dentelle mais qui sont des mesures efficaces, qui ne soient pas un reconfinement strict, mais qui permettent de diminuer les transmissions. Alors est-ce que ça passe par les écoles ? Est-ce que ça passe par le monde du travail ? Est-ce que ça passe par les gens qui adoptent un comportement de protection plus fort ? On sent quand même qu’il y a un relâchement depuis début mars. Mais il y a une responsabilité surtout des pouvoirs publics d’accélérer la vaccination et de rendre disponibles les autres tests, les tests antigéniques rapides pour que les gens puissent se tester beaucoup plus rapidement et que ce soit beaucoup plus accessible.

Est-ce que la situation est comparable avec les chiffres de l’année passée, au même moment ? On arrive dans les semaines où les hospitalisations avaient beaucoup augmenté l’année passée. Vous avez peur qu’on se dirige vers la même situation ?

Oui bien sûr, c’est le risque, c’est clair, de se retrouver dans une situation de saturation au niveau des soins intensifs. Ce n’est pas encore le cas puisque l’occupation des lits covid aux soins intensifs est de 30%. Mais est-ce que la gestion de la situation passe par un reconfinement strict ? Ça, je n’en suis pas sûr.

Pensez-vous que la situation puisse être comparée avec celle de l’année passée à la même période ?

Je pense que les choses ne sont pas du tout comparables. Ici, on a quand même des variants qui sont plus contaminants, ils se transmettent donc plus facilement si on relâche les mesures. Comme on sent qu’il y a un relâchement de l’adhésion aux mesures depuis trois semaines, un mois, et comme ces variants se propagent plus facilement, je dirais que c’est ça le facteur explicatif. Mais on ne peut pas la comparer telle quelle à ce qu’il s’est passé il y a un an, d’autant plus qu’à priori, on doit quand même être mieux armé pour faire face à cette remontée épidémique. Mais on a beau être mieux armé, on ne voit pas vraiment l’efficacité des stratégies actuellement. C’est le testing, c’est l’isolement, c’est le suivi de contacts et puis, c’est la vaccination qu’on attend.

Pour vous, ce serait mieux d’avoir quelques mesures notamment dans les écoles, etc plutôt qu’un reconfinement strict ?

Quelques mesures fortes, oui. Que ce soit les écoles ou autres. Il faut revoir les contaminations dans les lieux de foule : les transports en commun, peut-être voir dans les centres commerciaux où les gens se regroupent en dehors des magasins. Je ne sais pas, j’invente. Mais il faut revoir toutes ces situations à fort risque. Il y a aussi le monde de l’entreprise où on se contamine, il y a la famille. Ça, c’est la responsabilisation individuelle. Il faut retravailler sur ces milieux de vie à forte contamination. Et si ce n’est pas possible, alors, bien sûr, ce sera un reconfinement strict mais je ne suis pas sûr que l’adhésion au reconfinement sera la même qu’il y a un an. Il faut toujours voir la balance de ce qu’on impose, par rapport à ce que les gens peuvent accepter. On n’est pas que dans le théorique.

Lauriane Vandendael

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