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Les Belges pourraient-ils supporter un nouveau confinement « strict et de courte durée » ?

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Un an après le début de l’épidémie de Covid19 en Belgique, comment faire encore adhérer la population aux mesures de lutte contre le virus alors que la perspective d’un confinement « strict et court » se précise ? Éléments de réponse avec Vincent Yzerbyt, psychologue social à l’UCLouvain et membre du groupe d’experts « psychologie et corona ».

Est-ce qu’un reconfinement strict et court est nécessaire ?

Je ne peux pas répondre à cette question, car je ne suis pas épidémiologiste, ni virologue. La question doit être posée en priorité aux personnes qui ont ces compétences-là.

Est-ce que ce reconfinement serait encore soutenable pour la population ?

Ce sera bien entendu soutenable, car tout le monde mesure la gravité de la situation. J’ai plusieurs constats à faire à ce sujet. Il y a, il est vrai, une certaine fatigue après un an d’épidémie. Un point crucial c’est que la population a encore des ressources et de la motivation pour respecter les mesures. Notre « baromètre de la motivation » (NDLR : une collaboration entre l’UCLouvain, l’ULB, l’UGent, la KULeuven) montre une recrudescence de la motivation des Belges depuis le Comité de concertation de vendredi passé. Les Belges ont déjà adapté leur comportement. Les choses se remettent en ordre de marche. Chaque fois que la situation s’empire, on sent les Belges capables de se remobiliser. Bien entendu, c’est chaque fois plus dur. Mais, dans un certain sens, une partie de la population nous dit déjà qu’elle s’attend à des mesures plus strictes et qu’elle y souscrit.

A votre sens, où les autorités ont-elles échoué ?

En début d’année, après la période des fêtes où les Belges ont été exemplaires, il n’y a plus eu de balises claires ni de perspectives, il y a eu un certain « flou artistique ». La population aurait mérité à ce que les autorités gardent des mesures plus strictes fin janvier, début février La situation est d’autant plus compliquée par ces absences de décision à des moments importants. On ne peut plus jouer avec la motivation de la population, il faut aller chercher encore plus loin les ressources qui nous restent.

Comment encore mobiliser la population dans la lutte contre le virus ?

Tout l’enjeu aujourd’hui pour les autorités sera de fixer des balises pour pouvoir encore mobiliser la population. Et, une perspective, ce n’est pas dire à la population « on ouvre tout le 1er mai ». Non, c’est donner des critères objectifs à atteindre. Nous avons toujours plaidé pour un baromètre qui donne à la population une vision claire, facilement lisible de la situation. Il faut déterminer une série de balises, de dates à franchir dans la lutte contre le virus. Pendant un certain temps, on a entendu un brouhaha sur le plan politique. Ces arbitrages nous mettent dans le camp des perdants, car on endure plus longtemps une situation désagréable pour tout le monde. C’est parfois rageant de voir que des choses élémentaires en matière de sciences comportementales ne sont pas mises en application. Les recommandations des psychologues n’ont pas été utilisées à bon escient. Les autorités ont cru pouvoir se passer de ces aspects humains et sociaux qui sont capitaux.

C’est encore possible, selon vous?

La population veut donner un dernier coup, mais avec des autorités unies qui parlent d’une seule voix et qui proposent un cheminement cohérent et pas un objectif final à atteindre. Il faut y travailler tous ensemble avec une planification, via un parcours bien balisé, à travers des étapes bien expliquées. Pendant ce temps-là, il faut montrer à la population qu’elle a raison d’investir tous ces efforts dans la lutte contre le virus en avançant de façon ordonnée et efficace sur le plan de la vaccination. La population attend aussi que les autorités prennent les choses en main pour montrer que la vaccination suit son cours pour protéger tout le monde.

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