Carte blanche

Youth For Climate ressaisis-toi : l’extrême-droite on la combat !

Ce mardi 6 août, un article du Vif relayait les propos de la cheffe de file de Youth For Climate, Anuna De Wever, à propos de ce qu’envisage le mouvement pour la rentrée qui vient. Pour rappel, Youth For Climate est le mouvement qui a conduit les grèves scolaires pour le climat en Belgique notamment, au printemps 2019.

Le journaliste rapporte que les grèves scolaires reprendront l’année prochaine, sans doute à une fréquence moins soutenue que lors des mois précédents, et que le mouvement fera sa rentrée avec la troisième grève mondiale pour le climat, le 20 septembre. Rien de bien nouveau jusqu’ici.

Ensuite, on apprend que la nouvelle stratégie de Youth For Climate consistera désormais à s’adresser au monde des affaires, au vu de l’inertie du monde politique constatée jusqu’ici. Cette nouvelle approche, qui consistera à aider les entreprises qui le souhaitent à atteindre la neutralité carbone n’est pas étonnante. En effet, on peut y voir la continuité de la pétition Sign For My Future, largement diffusée par Youth For Climate et dont les principaux signataires étaient de grandes entreprises et autres banques célèbres, telles que BNP Paribas Fortis. Cette pétition portait comme revendications la mise en place d’une « loi Climat », un « plan d’investissement », et un « Conseil climat ». Nous pourrions expliquer nos désaccords avec cette approche consensuelle vis-à-vis du monde des affaires, mais ce n’est pas l’objet de cette tribune.

Ce qui nous dérange réellement, ou plutôt nous indigne, c’est quand Anuna De Wever dit : « Je veux que le climat devienne une priorité pour chaque parti. Le Vlaams Belang et la N-VA doivent également devenir des leaders climatiques. »

Il est absolument inacceptable de considérer que des partis tels que la NVA et le Vlaams-Belang puissent être des partenaires dans ce combat contre le réchauffement climatique, et encore moins des leaders. Non seulement ces partis assument sans complexe une position climatosceptique (même si certains se disent climato-réalistes pour mieux faire passer la pillule), mais en plus ils n’ont même pas à recevoir une once de légitimité de notre part. C’est une erreur stratégique impardonnable de considérer que l’extrême-droite puisse avoir un rôle politique à jouer dans la gestion de cette « crise », ni même d’ailleurs dans la gestion de notre société. Nous devons nous battre pour empêcher les idées autoritaires et discriminatoires d’accéder au pouvoir, et ce d’où qu’elles viennent.

Nous voulons décider nous-mêmes du monde dans lequel nous voulons vivre. Nous voulons organiser collectivement notre résistance contre les multiples destructions du monde vivant, et construire une société véritablement démocratique et soutenable. Tout le contraire du projet de l’extrême-droite.

Ceux-ci n’ont pour seul désir que le repli nationaliste, avec l’inégalitarisme comme fondement de la société, et la haine de l’autre comme arme politique principale. Ils n’ont que faire de la destruction systémique de la planète. Ils fondent leur projet sur des thèmes qui n’ont rien de plus éloigné de l’écologie que la haine, la violence physique et psychologique, l’égoïsme et le rejet de la différence. Rien ne peut justifier de faire appel à de tels partis pour administrer la société. Même pas la catastrophe climatique.

De plus, le Vlaams-Belang est historiquement un parti néonazi, dont certaines têtes de proue sont par ailleurs aujourd’hui inquiétées par la justice pour « infractions à la loi sur le racisme, à la loi réprimant les faits de négationnisme, ainsi qu’à celle portant sur les armes ». Rien ne peut justifier de mettre ce parti sur le même pied que les autres. Pas même le réchauffement climatique.

Il y a toujours eu un cordon sanitaire autour des partis comme celui-là. Discuter, négocier avec ce parti, ou même seulement l’envisager est en fait briser ce cordon sanitaire. Cordon sanitaire qui a pourtant pour but de garder ces partis à distance des institutions. Car la prise du pouvoir par l’extrême-droite ne pardonne pas. Car cela a toujours constitué un drame pour les minorités, pour la démocratie, pour la planète, pour toute forme de liberté, pour les droits sociaux et les droits individuels. Car rien ne peut nous rapprocher de l’extrême-droite, en tant que militants écologistes, et qu’au contraire, tout nous sépare. Ce qui signifie que l’extrême-droite, de par son idéologie dangereuse et totalitaire et son opposition systématique à la lutte écologiste, fait partie de nos pires ennemis. Ce n’a jamais été, ce n’est pas et ne sera jamais nos alliés. Nous les combattrons, car ils nous ont combattus et ne s’arrêteront pas. Leur dénigrement agressif et permanent des jeunes manifestants pour le climat³ en est une illustre manifestation. C’est donc un devoir moral d’appeler à la lutte contre les partis d’extrême-droite.

Pourtant, les propos de la représentante de Youth For Climate vont dans le sens d’une banalisation inadmissible de ce camp politique. Ils vont dans le sens d’une normalisation de l’horreur, d’un oubli de l’histoire, et de l’abandon de la lutte qui nous rassemble : la préservation de la vie sur Terre. Nous, membres de Génération Climat, appelons donc à une rectification publique et sincère de la part de la principale intéressée, ou à une distanciation du mouvement vis-à-vis de sa porte-parole. Sans quoi nous considérerons que Youth For Climate se rend complice de nos pires ennemis, et en tirerons les conséquences.

Génération Climat – mouvement de jeunes écologistes belges francophones

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