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Vacances d’été écourtées : la Flandre va-t-elle devoir suivre la Wallonie ?

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Près de la moitié des Flamands seraient favorables à des vacances d’été plus courtes et à des vacances d’automne et de printemps plus longues, comme cela a été décidé de l’autre côté de la frontière linguistique, selon le Grand Baromètre Le Soir-RTL-TVI-Ipsos-Het Laatste Nieuws-VTM.

Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles s’est accordé sur la réforme des rythmes scolaires sur base annuelle. Dès la rentrée 2022-2023, les vacances d’été, de la maternelle jusqu’en fin de secondaires, seront raccourcies, tandis que les congés de Toussaint et Carnaval seront doublés.

En Flandre, rien n’est encore décidé à ce stade. Interrogés dans le cadre du Grand Baromètre Le Soir-RTL-TVI-Ipsos-Het Laatste Nieuws-VTM, 48 % des Flamands se déclarent en faveur de ce nouveau rythme scolaire. 34 % sont totalement contre, et 18 % n’ont pas d’avis.

Si le nord du pays est favorable à l’idée, 46 % des Wallons interrogés se déclarent cependant contre ces changements. 38 % soutiennent la décision de raccourcir les vacances d’été. Les Bruxellois sont plus mitigés. 39 % sont pour l’idée et 37 % la rejettent. La proportion d’indécis est aussi élevée : 18 % en Flandre, 24 % à Bruxelles et 18 % en Wallonie.

Les experts en éducation plaident depuis longtemps – l’idée est sur la table depuis une trentaine d’années – en faveur d’un raccourcissement des vacances d’été. Le lien avec l’école est interrompu trop longtemps selon eux. Les élèves souffrant d’un handicap d’apprentissage prennent aussi encore plus de retard. Dans le même temps, une semaine de vacances au cours du premier et du deuxième trimestre est considérée comme trop court pour permettre aux enfants de reprendre leur souffle.

La Flandre va-t-elle devoir s’aligner ?

Le ministre flamand de l’éducation Ben Weyts (N-VA) estime que le moment n’est pas opportun pour ouvrir le débat. « La Flandre est ouverte au débat, mais ne va pas le mener au milieu de cette crise sanitaire qui demande déjà beaucoup au domaine de l’éducation », a répondu son porte-parole. « Si nous devons avoir ce débat, il doit être fait de manière correcte et approfondie« . La discussion n’est donc pas balayée mais reportée à plus tard.

Au-delà de ces avantages pour le suivi éducationnel et le respect du rythme des écoliers, des problèmes logistiques vont se présenter dans le cas où les vacances scolaires ne sont pas alignées entre les deux Régions. Dans les familles où les parents sont séparés, une réorganisation sera nécessaire pour partager les congés entre les deux parents de façon équitable. Certains craignent déjà que cela soit une source de tension. Cette problématique touche des milliers d’enfants et de familles en Belgique. Avocats.be et La Ligue des Familles planchent sur une feuille de route, à savoir des pistes de solution pour proposer un calendrier aux parents séparés et ainsi éviter les conflits.

Plus de vacances de détente et de Pâques communes en Flandre et en Wallonie

Les deux associations prônent également l’harmonisation du calendrier des vacances scolaires au sein du pays pour éviter des rythmes scolaires différents au sein d’un même foyer où les enfants sont scolarisés dans des écoles linguistiques différentes.

Concrètement, le calendrier sera dès l’année scolaire 2022-2023 décalé entre les deux Régions, principalement en ce qui concerne les vacances de détente (Carnaval) et celles de printemps (Pâques). Pour respecter l’écart de 7 semaines entre les vacances scolaires, une semaine sera commune avec la Flandre pour les vacances d’automne (les vacances commenceront une semaine plus tôt en FWB). Par contre, le Congé de détente (Carnaval) ne sera pas du tout aligné entre les deux Régions. Il commencera le 27 février en FWB (jusqu’au 10 mars), alors que dans le nord du pays, il débutera déjà le 20 février pour se terminer le 26 février.

Un avantage pour le secteur touristique

Même cas de figure pour les vacances de printemps qui tomberont ainsi beaucoup plus tard en Wallonie. Elles sont planifiées du 1er mai au 12 mai 2023. Alors qu’en Flandre, les vacances de Pâques débuteront le 3 avril (jusqu’au 16 avril), englobant comme le veut la tradition le lundi de Pâques (le 10 avril). Soit un décalage de presque un mois entre les deux Régions. Avec tous les soucis organisationnels que cela pourrait poser pour des familles où les enfants sont scolarisés en Flandre et en Wallonie (principalement dans les communes limitrophes de la frontière linguistique ou en région bruxelloise).

Le souci se présentera aussi pour les enseignants de la FWB dont les enfants scolarisés en Flandre ne seront pas en congé en même temps qu’eux (ou pour la minorité d’enseignants flamands qui donnent cours en immersion en Wallonie et dont les enfants sont scolarisés en Flandre). Plus moyen pour ces familles de partir ensemble à carnaval et/ou au printemps vu qu’aucune semaine de vacances n’est commune aux deux Régions… Casse-tête en vue pour les faire garder.

Le secteur touristique voit, de son côté des avantages à cette dilution des vacances sur une plus longue période, comme c’est le cas en France où les congés sont différents de département en département pour éviter la cohue sur les routes, dans les stations de ski ou les centres de vacances.

Avant d’entrer en vigueur, cette réforme, portée par la ministre de l’Education Caroline Désir (PS), va devoir faire l’objet d’une série d’adaptations décrétales qui seront soumises dans les mois à venir au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

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