Alexander De Croo © belga

Sous pression, un Comité de concertation entre prudence et déconfinement progressif

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

À quelques jours d’un Comité de concertation, la pression s’intensifie pour envisager un déconfinement. Les secteurs confinés attendent des perspectives. Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke n’envisage pas d’assouplissements, mais d’autres responsables politiques ne sont pas de cet avis.

Les pressions s’intensifient pour relâcher un peu les mesures : week-end printanier aux airs de déconfinements, manifestations du secteur de la culture, pression de l’Horeca pour une réouverture… Le Comité de concertation de ce vendredi 26 février sera important pour accorder les violons des différents gouvernements, faire des choix sur ce qui est prioritaire, mais s’annonce sous tension.

Vandenbroucke toujours dans la prudence

Pour le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke (sp.a), il est encore trop tôt pour envisager des assouplissements. « D’ici à trois semaines, le variant britannique du coronavirus sera dominant en Belgique et nous pourrons évaluer à quel point il est contagieux », a-t-il dit au micro de VTM. Un variant qu’on ne doit cependant pas craindre si l’on continue de suivre les règles : « Nous avons construit une digue solide. Le problème se pose si on a des trous dans la digue. » On ne peut envisager des assouplissements que quand on aura une meilleure vision de la propagation du variant britannique en Belgique.

Les chiffres de l’épidémie sont en effet toujours sur un plateau. Ce lundi, les contaminations repartent légèrement à la hausse, à nouveau au-dessus de la barre des 2000. Le taux de positivité, lui aussi, augmente et atteint 6%, alors qu’il était stabilisé à 5% depuis des semaines et que les tests sont moins nombreux.

Pour un déconfinement progressif et encadré

Les propos du ministre de la Santé ont provoqué quelques réactions. Quel est l’intérêt d’un Comité de concertation si aucune décision ne pourra y être prise ? D’autant que, dans les rangs politiques, certains sont davantage favorable à une reprise progressive de certains secteurs.

« On doit passer d’une gestion de la crise à une gestion du risque. On doit protéger les personnes les plus vulnérables. On doit disposer de protocoles clairs et adaptés pour les différents secteurs à déconfiner », a réagi la co-présidente d’Ecolo Rajae Maouane sur LN24. « Au Comité de concertation ce vendredi, nous voulons discuter des perspectives d’un déconfinement progressif, bien encadré, avec des protocoles clairs. »

« Je pense qu’aujourd’hui, on peut dire que la culture peut reprendre, progressivement, avec prudence, à la mi-mars. Tout est prêt pour pouvoir le faire, les protocoles sont prêts », a déclaré pour sa part la ministre de la Culture Benedicte Linard au micro de Bel-RTL.

Et si le déconfinement se faisait « à la carte » ? Le groupe d’experts chargé de la stratégie de sortie (GEMS) planche sur la mise au point d’un nouveau plan, qui pourrait prendre la forme d’un menu où les politiques pourraient piocher ce qu’ils estiment nécessaire ou prioritaire. Tout se concentrerait sur une sorte de « menu » à la carte mis au point par les experts. Avec un score associé à chaque assouplissement des mesures, « prix » à payer en cas de mise en oeuvre. En d’autres termes, ce sera un score épidémiologique qui permettra d’estimer le risque de l’assouplissement en question.

Débat sur la fermeture des frontières

Le MR estime de son côté que la fermeture des frontières à la belge ne doit pas être prolongée, selon un message transmis par le président Georges-Louis Bouchez en vue du prochain comité de concertation. « L’accord politique à ce jour fixe la fin de la mesure au 1er mars et pas au-delà », affirme Georges-Louis Bouchez. « Une telle limitation à une liberté aussi fondamentale ne peut être prolongée sans démontrer une absolue nécessité et si aucune autre mesure ne peut être prise pour nous préserver. Aujourd’hui, cette mesure doit donc être questionnée et son terme établi », estime-t-il.

Cette interdiction sera difficile à prolonger encore, par exemple jusqu’aux vacances de Pâques, au vu des recommandations européennes, indique Frank Vandenbroucke. Mais cela reste « déraisonnable de voyager vers l’étranger », selon lui.

Le Premier ministre Alexander De Croo avait déjà annoncé que l’interdiction des voyages non-essentiels vers l’étranger (et depuis l’étranger vers la Belgique) allait être réévaluée vendredi. Annoncée initialement du 27 janvier jusqu’au 1er mars, la mesure avait été prolongée le 5 février dernier jusqu’au 1er avril. La Commission européenne n’a pas manqué de réagir. Le commissaire belge Didier Reynders, lui-même issu des rangs des libéraux francophones, avait ainsi mis la Belgique en garde quant à la nécessité de proportionnalité dans les mesures.

Culture, horeca, jeunesse : coup de pression pour une réouverture

Ce week-end, le secteur culturel a fait entendre sa voix aux quatre coins du pays avec l’opération « Still Standing for Culture ». Le secteur culturel espère avoir des perspectives de reprise dans les prochains jours et semaines. Il réclame d’urgence davantage de soutien alors que les concerts et représentations n’ont pas lieu depuis plus de 100 jours et que les cinémas sont toujours fermés.

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Le secteur de l’Horeca attend, lui aussi, des perspectives. Le MR évoque la nécessité de « fixer un objectif pour l’horeca », une réouverture « pour le printemps », accompagnée de « protocoles stricts ». Pas question de prolonger un « statu quo » jusqu’à l’été, annonce Georges-Louis Bouchez.

Autre point au menu du Comité de concertation : le sort des jeunes. Il sera également important vendredi de « rendre des libertés » à la jeunesse, et de revoir les protocoles pour les activités culturelles estime le président du MR. Globalement, il « faut interroger chacune des mesures au regard de la situation sanitaire réelle mais aussi au regard des nécessités psychologiques de bien être, et économiques ».

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Les centres de fitness ont, eux aussi, participé à une action symbolique, dimanche, pour rappeler qu’ils n’ont toujours pas pu rouvrir leurs portes. Le secteur estime qu’une réouverture des centres de fitness ne comporterait que peu de risques sanitaires et met en garde contre « une autre sorte de pandémie », celle de l’inactivité physique. Ceux-ci veulent rouvrir aussi vite que possible et rappellent les mesures strictes qui avaient été prises lors du premier déconfinement.

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