Celine Fremault

S’il n’y avait qu’Uber ! Les crises politiques du gouvernement bruxellois se succèdent et se ressemblent (carte blanche)

Celine Fremault Cheffe de groupe CDH au Parlement bruxellois 

Les députés CDH au parlement bruxellois s’inquiètent de la succession des dossiers problématiques et des risques que la confiance des habitants de la capitale s’étiole.

Quand une institution baptise elle-même une ordonnance de « sparadrap « , c’est dire la profondeur du désespoir. Mais quand l’absence d’arbitrage devient la marque de fabrique du Gouvernement bruxellois, il faut plutôt et malheureusement employer l’image de l’emplâtre sur la jambe de bois. L' »équipe Vervoort III » (PS, Ecolo, DéFI, Groen, Open Vld et one.brussels-sp.a) a érigé l’absence d’arbitrage en méthode de gouvernance. Une gestion qui plonge la capitale internationale de notre pays dans les abîmes.

S’il n’y avait qu’Uber ! Mais non : il y a l’affaire du port des signes convictionnels dans l’administration publique, le rétropédalage de la taxe kilométrique, la question du poste d’agent de liaison, le déploiement de la 5G sous-traité en commission délibérative, les ratages de la vaccination contre la Covid, les tergiversations autour du Covid Safe Ticket, l’abattage rituel avec ou sans étourdissement, le rétrécissement du ring et du boulevard urbain à hauteur de la tour japonaise. Une liste indigeste. Les crises politiques que traverse le Gouvernement bruxellois se succèdent et se ressemblent. Un point commun : un manque de projet collectif guidé par l’intérêt général.

D’aucuns nous disent que nous devrions-nous réjouir d’assister à un match de catch fait de petites phrases souvent faciles et toujours assassines entre des dirigeants politiques mandatés pour donner le cap à notre Région fragilisée. Que nous devrions attendre, en bons spectateurs, et voir qui chute le premier. Qu’on devrait se frotter les mains face à ces débandades. Le fait est qu’on ne se réjouit pas, au contraire, cela nous désole. Cela nous attriste pour tous les Bruxellois. Parce que surtout, ces déchirements successifs bloquent toute ambition pour Bruxelles qui a besoin d’une vision prospective et d’actions qui la déploient. Cela nous désole car cela renvoie l’image d’un mauvais film de Far West avec des décors en carton et des mauvais acteurs qui semblent parfois loin de la réalité.

Fondamentalement, cela nuit à l’image de tous les politiques – y compris celles et ceux qui mettent du coeur à faire avancer Bruxelles dans la majorité comme dans l’opposition, en ce compris au Parlement. Et – c’est le bouquet – quel affaiblissement par rapport aux velléités de certains en Flandre qui voudraient, lors d’une prochaine réforme de l’Etat, transformer Bruxelles en sous-région déresponsabilisée ! On voit où peut nous mener ces bagarres enfantines dans du sable mouvant.

Les dernières images de Bruxelles sont celles de rues bloquées depuis plusieurs jours, des manifestations « taxis » et « Uber » qui se multiplient et une réponse politique qui attise au lieu d’apaiser, rassurer, rassembler. L’image internationale de la capitale de l’Europe est du coup aussi bien amochée.

L’affaire « Uber » et ses conséquences sur la vie de 2.000 chauffeurs sont gérées avec désinvolture voire dédain. Le comportement de la majorité est infantilisant quand il n’est pas enfantin, irresponsable quand il n’est pas dogmatique. Au-delà de l’impact de cette gestion dans la réalité très concrète des chauffeurs concernés, c’est la majorité politique bruxelloise qui se fracture et se fragilise toujours un peu plus.

Cette nouvelle mauvaise pièce se déroule encore, faut- il le rappeler, en pleine crise sanitaire où l’on est en droit d’attendre de nos dirigeants qu’ils soient certes fermes et déterminés mais respectueux de l’exercice démocratique et au minimum de la parole de l’autre.

Il y a des horaires étendus de « récréation » qui laissent pantois et qui nous obligent moralement à appeler à un sursaut collectif de l’exécutif bruxellois, au-delà des clivages majorité – opposition car ici – et c’est bien là que le bât blesse – c’est toute une Région et ses habitants qui deviennent l’otage d’une majorité embourbée dans ses chamailleries et ne voient plus dans quelle direction ses décideurs la portent.

S’il vous plait ! Alstublieft ! Stop à la stratégie du sparadrap et de la gouvernance de l’absence, mais enfin, après deux ans et demi, place au courage de gouverner avec anticipation et vision.

Céline Fremault,

Christophe De Beukelaer,

Véronique Lefrancq,

Pierre Kompany,

Gladys Kazadi

Députés cdH au Parlement bruxellois

Le titre est de la rédaction. Titre original: Appel au Gouvernement bruxellois : il faut arrêter d’affaiblir la Région-Capitale

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