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Préavis de crise politique fin juin, si la situation sanitaire est sous contrôle

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

N-VA, Ecolo-Groen et PS veulent la fin des pouvoirs spéciaux et un vote de confiance à Wilmès II. Après la crise sanitaire, la Belgique va-t-elle retrouver le blocage ? Le MR regrette que « certains renient leur parole ».

La Belgique risque de replonger avec l’été dans une période de blocage politique, du moins si la crise sanitaire s’atténue. La N-VA, par la voix de son président Bart De Wever, avait déjà annoncé son souhait de renouer des négociations politiques cet été. Le parti nationaliste ne soutient pas le gouvernement Wilmès II de l’extérieur, mais il a par contre voté les pouvoirs spéciaux.

Les autres partis, qui soutiennent le gouvernement Wilmès II, allaient forcément suivre. De façon générale, c’est le préavis d’une crise annoncée, dans le prolongement de celle qui a fait suite au départ de la N-VA de la coalition suédoise, en décembre 2018, puis du résultat des élections de mai 2019.

Ce lundi matin, Ecolo et Groen ont eux aussi pris cette décision. Kristof Calvo, chef de file des verts à la Chambre, a exprimé le refus des écologistes de prolonger les pouvoirs spéciaux accordés fin mars pour une période de trois mois, renouvelable par le parlement.

Dans l’après-midi, La Libre annonçait que le PS serait sur la même longueur d’ondes : plus de pouvoirs spéciaux « sauf cas de force majeure », sous la forme d’un rebond de l’épidémie. Par ailleurs, toujours selon La Libre, le PS trouve logique que la confiance au gouvernement soit redemandée à la fin des pouvoirs spéciaux.

Le tout sur fond de tensions politiques sur la façon dont le déconfinement progressif est mené et de critiques éologistes sur la manière dont le Conseil national de sécurité fonctionne.

Traduction : la Belgique risque bien de se retrouver à nouveau avec un gouvernement minoritaire en affaires courantes aux portes de l’été. Même son de cloche en Flandre, en effet: « Le SP.A, Groen et la N-VA ve veulent pas prolonger les pouvoirs spéciaux, commente le politologue gantois Carl Devos. Même son de cloche au CD&V. Le PS veut tout de suite un vote de confiance. Lisez: une reprise de la formation gouvernementale est nécessaire ».

A moins que des négociations rapides ne permettent de mettre en place un gouvernement majoritaire, que la Première ministre appelait de ses voeux, une nouvelle période de crise politique est probable. Difficile à croire que ce serait facile, au vu de l’impossible dialogue entre PS et N-VA.

Le président de DéFi, François De Smet, estime qu’il faut faire preuve de prudence : « Un accord est un accord, et celui-ci prévoit d’évaluer les pouvoirs spéciaux après trois mois. Nous n’y sommes pas. La situation sanitaire est toujours tendue. Qui peut vraiment jurer aujourd’hui qu’aucune mesure urgente ne devra être prise après mi-juin ? »

Maxime Prévot, président du CDH, est lui aussi plus réservé: « Beaucoup de partis disent déjà NON à la reconduction des pouvoirs spéciaux. Heu… on n’aurait pas d’autres priorités sur le feu actuellement ? L’ampleur de la crise sanitaire (qui n’est toujours pas finie!) et l’énormité du plan de relance économique nécessaire doivent forcer une analyse sereine. ¨Peut-être aura-t-on encore besoin de cet outil pour maîtriser la pandémie et accompagner la relance économique et budgétaire inédite qui sera requise? C’est donc un peu tôt pour déjà décider de tirer la prise alors que le pays est toujours sous respirateur. Basta les calculs partisans.« 

Au MR, le président Georges-Louis Bouchez estime, pour sa part, que la confiance au gouvernement Wilmès II a été accordée pour six mois. « Regrettable que certains oublient leurs engagements et renient leur parole, souligne-t-il. Les pouvoirs spéciaux devaient être évalués à la fin du mois de juin. Juin a été anticipé cette année. La confiance elle avait été donnée jusqu’à la rentrée parlementaire qui a aussi été avancée. » Le président du MR ne manque pas de souligner à chaque critique combien il est irresponsable de poser de nouvelles hypothèques sur la gestion du pays alors que la crise sanitaire reste préoccupante.

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