Elio Di Rupo et Georges-Louis Bouchez, en 2018. © Belga

Le MR et le PS réconciliés sur le dos d’Ecolo? L’histoire du moment est plus nuancée…

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Libéraux et socialistes sont-ils de concert exaspérés par l’attitude des verts, au point de songer à une alternative avec le CDH? L’histoire circule, avec un médiateur libéral (Louis Michel) pour réconcilier Bouchez et Magnette. Mais d’autres éléments sont à prendre en considération.

Rik Van Cauwelaert, observateur très réputé de la scène politique en Flandre, y est allé de son analyse, mardi soir sur la VRT. « J’entends que Louis Michel joue un rôle de médiateur entre Charleroi et Mons, c’est-à-dire entre Bouchez et Magnette, soulignait-il. Au sein du gouvernement wallon, on sent que le PS et Ecolo en ont un peu marre d’Ecolo. Certains seraient tentés de laisser Ecolo de côté pour le prochain gouvernement, en cherchant éventuellement un renfort du côté du CDH. On sent d’ailleurs, du côté de Georges-Louis Bouchez, que le ton s’est fortement modéré à l’encontre du PS. »

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Fable ou vérité? « Sérieusement, c’est de la pure légende… rien de tout cela n’est exact », grince-t-on au boulevard de la Toison d’Or, siège du MR. Il suffit, souligne-t-on, de voir combien les récentes déclarations de Georges-Louis Bouchez concernant l’activation des chômeurs et la nécessité d’occuper les métiers en pénurie s’en prenait indirectement aux socialistes. Notamment lorsque le président du MR s’en prend directement au bilan de la Walonie post-industrielle et à tout l’argent public investi en pure perte.

L’affaire provoquée par la nomination par Ecolo d’Ihsane Haouach en tant que commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité hommes-femmes (avant qu’elle ne soit contrainte à démissionner) a toutefois laissé des traces. « Il y a un un rapprochement avec certains socialistes (individuellement) sur le dossier de la laïcité, confirme-t-on à la Toison d’or. Ils sont déçus de leur parti. Et Louis (Michel – Ndlr) a toujours eu des contacts avec les vieux socialistes qui sont anti-Ecolo comme tous les gens de leur génération. »

En réalité, c’est surtout l’axe PS-Ecolo qui est dans le collimateur des libéraux, surtout à Bruxelles, celui qui s’est noué dans le dossier de la neutralité et de la « diversité inclusive », mais aussi sur la grève des sans-papiers. « Il y a de plus en plus des sensibilités très différentes entre Bruxelles et la Wallonie », constate un sage libéral.

Si Georges-Louis Bouchez s’en est surtout pris aux écologistes et moins nommément aux socialistes, c’est, dit-on, parce que « le PS se met dans des positions moins impossibles qu’Ecolo, qui se met en permanence dans la ligne de tir ».

Fragilités du MR et avertissement présidentiel

Il y a toutefois une autre explication. Impulsif, certes, mais intelligent, le président libéral sait jusqu’où ne pas aller trop loin avec les socialistes, qui ont un poids déterminant dans les coalitions fédérale et wallonne. Se fâcher trop durement avec le PS, ce serait prendre un risque majeur.

Ce n’est pas tout. Des sensibilités proches existent entre certains libéraux et socialistes, y compris entre un Bouchez et un Di Rupo, ministre-président wallon: les deux hommes sont sont durement affrontés à Mons, mais le socialiste sait miser sur l’alliance avec les libéraux, au contraire d’un Magnette davantage enclin à privilégier une option purement progressiste. Voilà pourquoi certains tenteraient de « mettre de l’huile » entre Charleroi et Mons.

Enfin, nous dit une source libérale bien informée, il ne faut pas oublier un autre élément. Après une période où il a été fragilisé, Bouchez a repris la main sur le MR au point de prévoir un changement de statut prévoyant un mandat présidentiel rallongé de quatre à cinq ans. « Cela signifierait que Bouchez aurait la main pour les prochaines négociations de 2024 et sur la nomination des ministres, souligne-t-on. C’est un avertissement pour ceux qui l’ont contesté, singulièrement au sein du gouvernement wallon. »

La « fronde » contre le mode de gouvernance du président libéral était née en octobre 2020 au sein du gouvernement wallon, après sa volonté avortée de « débarquer » la ministre Valérie De Bue pour recaser Denis Ducarme. Depuis, le ministre wallon Jean-Luc Crucke a réitéré des critiques sur l’hypercommunication de Bouchez, tandis que le vice-président du gouvernement wallon, Willy Borsus (MR), se fait plus discret. Mais l’agacement de certains ministres au sujet de l’hyperésidence Bouchez serait particulièrement palpable à Namur, dit-on. Sans que cela ne prête à d’autre conséquence pour l’instant.

Parce que Georges-Louis Bouchez sait jusqu’où ne pas aller trop loin? Ou parce que PS et MR ont un intérêt objectif commun à faire en sorte qu’Ecolo ne soit pas trop saillant?

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