Frank Vandenbroucke © belga

Le Codeco va aborder l’obligation vaccinale pour la première fois… mais pas que

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

L’obligation vaccinale sera discutée pour la première fois au Comité de concertation le 22 décembre prochain. Un rapport est actuellement en préparation. Au programme également: un débat sur une politique 2G pour le pass sanitaire. Le tout dans un climat de tensions naissantes: l’attitude de la N-VA dérange, les experts ont du mal à avaler la pilule, et le baromètre corona ne plaît pas à tout le monde.

Les différents gouvernements de notre pays avaient déjà décidé en fin de semaine dernière qu’un Comité de concertation serait organisé dans la semaine du 20 décembre. Il y a maintenant une date précise: le mercredi 22 décembre. L’intention des autorités est de faire une évaluation de la situation sanitaire : comment évoluent le nombre de contaminations et la situation dans les hôpitaux? Les soins de santé peuvent-ils encore gérer la pression? Ces questions seront abordées, mais pas que.

L’impact du variant Omicron sera également discuté. L’intention est d’examiner comment le taux de vaccination peut encore être augmenté, selon les informations du quotidien De Morgen, qui a reçu quelques échos venant des hautes sphères gouvernementales.

Obligation vaccinale et politique 2G

Par ailleurs, on évoque un débat sur la fameuse politique 2G, selon laquelle seuls ceux qui ont été vaccinés ou guéris auront droit à un Covid Safe Ticket valide. Si elle est adoptée, exit, donc, le test négatif pour obtenir le QR code. Il s’agirait d’un changement majeur visant à encourager davantage la vaccination.

Une vaccination, justement, dont l’obligation sera (et c’est une première) discutée lors du prochain Codeco. Selon nos confrères flamands, le commissaire corona travaille sur un rapport qui aborde ce sujet délicat. « On ne s’attend pas encore à ce que des décisions importantes soient prises, mais bien que le débat soit mené en profondeur pour la première fois », écrit De Morgen.

Relâchement des mesures?

Concernant les autres mesures, personne ne veut encore parler de relâchement, à l’exception du ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA), qui avait pourtant provoqué le Codeco de vendredi passé en urgence.

Le ministre-président flamand Jan Jambon a déjà indiqué qu’il plaidera le 22 décembre pour la levée des restrictions dans le secteur de la culture et de l’événementiel. La semaine dernière, c’est pourtant lui qui avait convoqué en urgence le Codeco, en demandant une limitation temporaire des activités récréatives en intérieur. « La semaine dernière, j’ai plaidé pour une mesure courte mais stricte afin d’alléger la pression sur les soins de santé. Mon intention pour le prochain Comité de concertation sera de mettre un terme à cette courte période et faire en sorte que le secteur récréatif puisse rouvrir. »

Des déclarations instables qui suscitent colère et incompréhension. « Fermeture, réouverture, fermeture, réouverture… on a surtout besoin d’une perspective durable à long terme, pas d’une politique yoyo », a taclé sur Twitter Elisabeth Meuleman (Groen).

Mardi dernier, Jambon avait d’abord demandé un assouplissement dans le secteur de la culture, au nom des différents ministres de la Culture de notre pays. Un jour plus tard, il a totalement changé son discours, en faisant pression pour qu’un nouveau Comité de concertation interdise temporairement les événements intérieurs. Lors du Codeco, il a donc été décidé de limiter les événements intérieurs à 200 personnes, une décision dont le Premier ministre flamand s’est dit « satisfait ». « Et maintenant il veut s’en débarrasser ? », s’interroge Orry Van de Wauwer, (CD&V). « Le secteur a juste besoin de stabilité. »

Du côté francophone, les critiques ne tarissent pas non plus envers la manière dont le dernier Comité de concertation a été provoqué par la N-VA. « Je suis en colère depuis vendredi, par rapport à l’instrumentalisation du Codeco par la N-VA, et ses conséquences », avait lâché le vice-Premier Ecolo Georges Gilkinet, dans un entretien au Soir. « On a dû travailler dans la précipitation, dans l’urgence », avait critiqué le vice-premier ministre socialiste Pierre-Yves Dermagne, au micro de LN24.

Selon Gilkinet, l’histoire de la Saint-Nicolas anversoise était bien véridique: Jan Jambon aurait demandé d’interdire les activités en intérieur avant le week-end, sur demande de son président de parti Bart De Wever. Ce dernier n’aurait pas souhaité porter lui-même la responsabilité d’interdire un grand évènement de Saint-Nicolas dans sa ville d’Anvers où des milliers d’enfants étaient attendus. « Si c’est vrai, on est là face à une situation politique intolérable ».

« Pas de rupture entre experts et politiques », mais la tension est forte

Du côté des experts, le scepticisme règne. La virologue Erika Vlieghe (GEMS) avait déjà exprimé son ras-le-bol suite au dernier Codeco. « S’il y a un nouveau Comité de concertation, je ne sais pas si nous allons encore écrire un avis », avait-elle lancé. Cette fois, l’experte calme le jeu, et assure qu’il n’y a pas de rupture entre le monde politique et les experts. Elle ajoute : « Nous sommes toujours pleinement dans la quatrième vague. Nous serons heureux quand nous l’aurons sous contrôle. Je ne veux pas en dire plus. »

De son côté, Jambon rejette toute critique. « Notre position a toujours été que le secteur de la culture et de l’événementiel devrait rouvrir le plus tôt possible, dès que les chiffres le permettront », explique son porte-parole Olivier Van Raemdonck au Morgen. « Il l’a répété au parlement. Est-ce une politique de yoyo ? C’est la chose la plus ridicule que j’aie jamais entendue. »

Parallèlement, le Comité de concertation envisagera une politique à plus long terme. La question du baromètre corona refait surface. Ces derniers jours, plusieurs partis ont déjà exprimé leur soutien. Pour rappel, ce baromètre permettrait de déterminer quelles mesures prendraient effet lorsqu’un certain niveau d’infections et/ou d’hospitalisations serait atteint. Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit), craignent qu’un tel système ne soit trop rigide et plaide pour un baromètre « simplifié. »

Avec De Morgen, Belga.

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