On a senti le ministre-président wallon, Elio Di Rupo, très concerné lors des réunions relatives à l'épidémie. © Belga

Formation fédérale : un parfum d’union sacrée contre le coronavirus sans la N-VA

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Les sorties critiquées de Bart De Wever, président de la N-VA, et l’aggravation de l’épidémie vont-elles permettre la réussite de la mission Dewael – Laruelle ?

Un frémissement est perceptible dans la formation d’un gouvernement fédéral, sur fond d’aggravation de l’épidémie de coronavirus. On pensait la coalition Vivaldi morte et enterrée après le sondage interne confirmant la position du sommet du parti : pas de majorité fédérale sans majorité dans le groupe linguistique néerlandophone, autrement dit pas de gouvernement sans la N-VA. Ledit sondage a toutefois été critiqué en interne et une majorité du groupe CD&V de la Chambre demande désormais à son président, Joachim Coens, de revoir sa position et d’au moins entamer des discussions en vue de former une coalition Vivaldi (socialistes, libéraux, écologistes et CD&V), sans la N-VA.

L’offre de DéFI et du CDH

Dans le même registre, il faut lire l’offre de service singulière faite par DéFI et le CDH comme une pression supplémentaire sur le CD&V ou, le cas échéant, comme une alternative si les sociaux-chrétiens flamands persistent dans ler refus de lâcher la N-VA. Leurs présidents, François De Smet et Maxime Prévot, mettent en avant cinq priorités pour former d’urgence un gouvernement : lutte contre le coronavirus, emploi et lutte contre la précarité, refinancement de la justice, question migratoire et transition climatique. La question budgétaire transcenderait le tout et une discussion sur l’efficacité de l’Etat se ferait en marge, dans une enceinte à déterminer. Cette initiative fait songer à l’alliance « melon » par laquelle le CDH et Ecolo avaient uni leurs forces en 2009, mais étrangement, ici, CDH et DéFI (cinq et deux députés à la Chambre) ne lient pas leur sort et se proposent de faire l’appoint, l’un OU l’autre. François De Smet porte depuis de longues semaines l’idée d’une « Coalition 77 », un arc-en-ciel (socialistes, libéraux et écologistes) appuyé par son parti.

Le soutien d’Elio à Sophie

De façon significative, le ministre-président wallon Elio Di Rupo (PS) joue fortement la carte de la loyauté fédérale, davantage encore depuis le déclenchement de l’épidémie du coronavirus. On l’a vu très concerné lors du Conseil national de sécurité. Suite aux critiques de Bart De Wever contre les mesures du fédéral, il a insisté de façon très nette en appelant à l’union : « Je soutiens Sophie ». L’expression du bourgmestre d’Anvers, affirmant qu’il n’appliquerait pas l’interdiction des rassemblements de plus de mille personnes avant de réclamer un plan catastrophe, ont singulièrement énervé les autres partis, surtout le MR et l’Open VLD dont deux figures de proue, Sophie Wilmès et Maggie De Block, sont en première ligne de la lutte contre l’épidémie.

Ce faisant, le président de la N-VA va peut-être provoquer sans le vouloir une issue favorable à la mission royale de Patrick Dewael (Open VLD) et Sabine Laruelle (MR), qui doivent faire rapport au palais au plus tard le 16 mars. Ce ne serait toutefois pas la première fois que les partisans d’une Vivaldi miseraient sur un revirement du CD&V qui n’a jamais eu lieu à ce jour. Quant à l’arc-en-ciel élargi, il ne disposerait que d’une forte minorité en Flandre et le MR s’y est toujours refusé. Le coronavirus va-t-il faire enfin bouger les lignes?

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