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Bulle sociale, masque, rentrée scolaire, shopping… que peut-on attendre du Conseil national de Sécurité de ce jeudi ?

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Ce jeudi 20 août a lieu une nouvelle réunion du Conseil national de Sécurité (CNS). Voici ce qui pourrait être annoncé, concernant la bulle de contacts ou encore, le port du masque, notamment à Bruxelles où les contaminations au coronavirus sont toujours à la hausse.

La dernière réunion du CNS remonte au 27 juillet dernier. Il avait alors décidé de faire marche arrière dans le processus de déconfinement, face à un rebond des cas de coronavirus, plus spécifiquement en province d’Anvers. La bulle sociale de 15 personnes différentes par semaine a été réduite à cinq personnes, toujours les mêmes, pendant quatre semaines.

Depuis, le nombre de décès continue d’augmenter alors que celui des nouvelles hospitalisations semble se stabiliser bien qu’il soit encore en légère hausse, selon les données diffusées mercredi par l’Institut de santé publique Sciensano. En revanche, la baisse se confirme pour le nombre de nouveaux cas de contamination. Durant cette même période, il y avait en moyenne 527,7 nouvelles contaminations par jour soit une baisse de 15% par rapport à la semaine précédente.

Ces différents paramètres pourraient-ils influencer les décisions prises par le CNS ce jeudi ? On fait le point sur les possibles assouplissements et durcissements des mesures qu’annoncent plusieurs sources.

Une rentrée scolaire balisée

A une dizaine de jours du 1er septembre, les modalités pratiques concernant la rentrée scolaire sont établies et ne seront plus discutées par le Conseil national de sécurité. Sauf un revirement de situation important, c’est décidé : tout le monde rentrera à l’école en septembre, 5 jours semaine. Le but étant de rattraper le retard, de réduire les inégalités et d’empêcher les dérives psychologiques. Au mois de juin déjà, les ministres de l’Éducation des trois Communautés, accompagnés des acteurs de l’enseignement et des experts du GEES, avaient élaboré un code couleur détaillant les mesures spécifiques à mettre en place dans les écoles en fonction de l’évolution de la pandémie. Et pour l’instant, sur base du dernier avis des experts du GEES et de la prise en compte de considérations épidémiologiques, pédagogiques et sociales, les ministres de l’Éducation confirment l’application du code jaune pour la rentrée, à tous les niveaux.

Une rentrée sous le code jaune, à tous les niveaux.
Une rentrée sous le code jaune, à tous les niveaux. © BELGA/BRUNO FAHY

La bulle de contact étendue ?

Certains experts plaident pour l’ouverture de la bulle de contact, limitée pour le moment à 5. Marc Van Ranst, virologue à la KULeuven et l’un des trois virologues du GEES, est catégorique: « Il est trop tôt pour élargir la bulle des cinq. La situation épidémiologique que connaît la Belgique ne le permet pas encore. » Selon Marc Van Ranst, il y a un consensus des experts du GEES pour ne pas relever la bulle de 5: « L’étendre, c’est risquer d’augmenter l’épidémie », affirme-t-il dans La Libre.

Frédérique Jabocs, porte-parole interfédérale, abonde dans ce sens. Elle s’est exprimée lors de la conférence de presse de Sciensano sur l’évolution de l’épidémie ce mercredi : « La bulle des 5 est assez lourd à respecter, mais c’est essentiel pour l’instant. D’autant plus que ce n’est que depuis quelques jours que le nombre contaminations diminue. Nous sommes toujours à un stade élevé de propagation du virus dans la communauté. On sait c’est surtout dans la famille, avec des contacts très rapprochés, qu’on a une dissémination du virus. Donc pour l’instant, il n’est probablement pas question de l’élargir, ce n’est pas à l’ordre du jour. »

Yves Coppieters, professeur de santé publique à l’ULB, est plus modéré en proposant dans les colonnes du journal La Meuse de « décloisonner la bulle sociale en favorisant les gestes barrières ». Il avance une autre idée dans le quotidien wallon : « Le gouvernement devrait adapter sa stratégie en fonction des tranches d’âge. On sait que les plus de 50 ans, et surtout les plus de 60 ans, sont les plus fragiles. On doit les faire tester plus vite que les autres : soyons plus préventifs envers eux, surtout en cas de comorbidité. »

Jean-Luc Gala, professeur à l’UCLouvain, prône lui aussi l’allégement de la bulle des cinq. Pour lui, on peut revenir à la bulle des 15. « Sinon, qu’on impose le traçage de manière automatique, cela sera moins ennuyeux pour les gens, surtout ceux qui ont bien suivi les recommandations et qui sont punis parce que d’autres ne l’ont pas fait », avance-t-il.

Port du masque obligatoire

Après Anvers qui a vu son taux de contamination repartir à la hausse, l’attention se tourne à présent vers Bruxelles où le seuil de 50 cas pour 100.000 habitants a été franchi. Les autorités régionales y ont imposé le port du masque sur l’ensemble du territoire. La mesure est en vigueur depuis le 12 août.

Le port obligatoire du masque, fortement débattu, sera donc à l’agenda du CNS. En prélude, le groupe d’experts Celeval, qui assiste le gouvernement dans les mesures à adopter pour lutter pour le coronavirus, a critiqué dans un rapport l’approche prise par les autorités de la capitale. « Le Celeval reste préoccupé par la situation épidémiologique à Bruxelles et considère comme insuffisante la généralisation de l’obligation du port du masque comme seule mesure », est-il notamment indiqué.

« Les masques buccaux constituent une mesure utile dans certaines zones densément peuplées« , déclare le virologue et président intérimaire du Celeval, Steven Van Gucht. « Mais nous avons l’impression que, pour les autorités bruxelloises, la généralisation de cette obligation de porter le masque ne nécessite aucune autre mesure supplémentaire. » Steven Van Gucht n’est, par ailleurs, pas favorable à la fermeture des cafés à Bruxelles, ni à un durcissement des règles mises en place pour lutter contre le coronavirus. Le porte-parole du ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS) assure qu’aucune nouvelle mesure n’est prévue pour l’instant.

A Bruxelles, le port du masque est obligatoire depuis le 12 août.
A Bruxelles, le port du masque est obligatoire depuis le 12 août. © Belga

Si les chiffres de l’épidémie de coronavirus dans la capitale ne faiblissent pas, de nouvelles mesures localisées seront décidées pour infléchir la courbe des contaminations, a déclaré de son côté, la ministre de la Santé au sein du collège de la Commission communautaire commune, Elke Van den Brandt, sur Radio 1.

Télétravail

En cinq jours, l’impact de l’obligation de porter un masque en rue et dans les lieux privés accessibles au public ne peut être mesuré, réagit la ministre. Pour cela, il faut généralement attendre deux semaines, ajoute-t-elle. Cette mesure doit être respectée et, pour le moment, l’important est de veiller à ce qu’elle le soit, souligne l’écologiste. Si de nouvelles mesures ne sont pas exclues, le gouvernement bruxellois attend de voir ce qui ressortira du Conseil national de sécurité de jeudi. Pour l’écologiste, les mesures actuelles doivent également être maintenues.

Jean-Luc Gala estime pour sa part dans le journal La Meuse, « qu’il faut renforcer le contrôle du port du masque dans les endroits où il doit être mis et bien mis. On doit former les gens à cela, non pas de manière répressive, mais éducative ». Il ajoute : « Le masque doit être porté dans les artères commerciales, les surfaces où il y a beaucoup de monde ». Il rappelle que l’idéal serait que chaque citoyen porte un masque sur lui, au cas où. « Que ce soit au bras ou dans un sac, peu importe ».

Le CNS avait, le 27 juillet, entre autres aussi ré-insisté sur la nécessité de favoriser le télétravail partout où cela est possible, une recommandation qui ne devrait pas changer dans le futur proche. Pour Yves Coppieters, il faudrait rendre le masque davantage obligatoire à l’intérieur des lieux clos et confinés, dont les bureaux. « Il faut se pencher sur le monde du travail, là où il y a des ‘open spaces’ car il a été démontré que le virus pouvait se transmettre par aérosol ». D’où l’intérêt, selon lui, de privilégier le télétravail.

Les règles du shopping assouplies ?

Le dernier CNS en date avait aussi fait marche arrière sur les visites au magasin, les limitant à 30 minutes par personne, seule, sauf exception comme lorsqu’on accompagne une personne en besoin d’assistance ou un enfant de moins de 12 ans. Une mesure décriée par le secteur qui accuse de lourdes pertes financières en incriminant les mesures strictes sanitaires. Les soldes d’été ont été par ailleurs très décevantes. Le conseil de la consommation a ainsi demandé à la ministre de l’Economie Muyle d’assouplir la règle des achats en solo.

Les règles pour les achats pourraient être assouplies.
Les règles pour les achats pourraient être assouplies.© BELGA

Selon La Libre, experts et politiques sont d’accord pour assouplir la règle après en avoir discuté mardi soir en comité de concertation, en préparation du CNS. Cette mesure pourrait être annoncée: deux personnes maximum (auxquelles on peut ajouter un enfant ou une personne ayant besoin d’être accompagnée) seront autorisées à se rendre ensemble dans un commerce, sans limite de temps. Ce sera sans doute l’un des rares assouplissements qui devrait être annoncé par le CNS ce jeudi.

Evénements culturels et sportifs

Le CNS devrait aussi se pencher sur le secteur culturel et événementiel, grand oublié de la crise sanitaire et en proie à d’importantes difficultés depuis le confinement. Dans ce cadre, Denis Ducarme (MR), en charge des Indépendants et des Classes moyennes, a rencontré lundi les représentants de différents secteurs des arts du spectacle. La rencontre a débouché sur la mise sur pied d’un groupe de travail technique portant sur les problématiques spécifiques rencontrées par le secteur.

Le nombre maximum de personnes présentes à un évènement sera discuté. La cellule de crise culture plaide pour une réouverture des salles à 60% de leur capacité. Pour le moment, seules 100 personnes sont autorisées à assister à des événements à l’intérieur, avec port du masque obligatoire. A l’extérieur, la limite reste fixée à 200 personnes. Le secteur culturel demande aussi plus d’aides financières.

La question de la présence de public lors d’événements sportifs pourrait aussi être abordée. La Pro League a ainsi demandé un retour progressif des supporters dans les stades de football.

Toutes ces décisions qui seront en vigueur à partir du 1er septembre seront discutées, comme d’habitude entre la Première ministre Sophie Wilmès, les principaux ministres du gouvernement fédéral et les ministres-présidents des entités fédérées lors du CNS qui débutera ce jeudi 20 août à 9 heures. Les décisions seront annoncées dans la foulée.

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