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Philae et la manoeuvre de la dernière chance

Les équipes chargées du petit robot Philae, installé sur la comète Tchouri mais muet depuis des mois, vont tenter une manoeuvre de la dernière chance pour essayer de le faire sortir de son silence, a annoncé vendredi l’agence spatiale allemande DLR.

Les ingénieurs vont essayer d’activer une roue à inertie qui se trouve à l’intérieur de Philae. Ils espèrent que cela fera bouger le robot et que cela permettra d’améliorer l’ensoleillement de ses panneaux solaires, explique à l’AFP Philippe Gaudon, de l’agence spatiale française Cnes.

C’est la première fois que cette manoeuvre sera tentée sur ce robot-laboratoire équipé de dix instruments, installé sur la comète depuis novembre 2014 dans le cadre de la mission Rosetta de l’Agence spatiale européenne (ESA).

La commande va être envoyée depuis l’Allemagne à la sonde européenne Rosetta qui la transmettra dimanche au robot, précise-t-il.

Cette commande sera envoyée plusieurs jours de suite, ajoute-t-il.

« Le temps presse, c’est pourquoi nous voulons explorer toutes les possibilités », indique Stefan Ulamec, chargé du robot Philae au DLR, cité dans un communiqué.

« D’ici la fin janvier, les conditions sur la comète deviendront ‘hostiles’ pour le robot et la mission Philae connaîtra une fin naturelle », souligne le DLR.

« C’est une manoeuvre désespérée », estime M. Gaudon. « D’abord, nous ne sommes pas sûrs que Philae reçoive la commande. Ensuite, si la roue s’active, on ne maîtrisera pas la trajectoire et c’est donc risqué », ajoute-t-il.

Il juge « très peu probable que le robot se remette en route ».

Au bout de dix ans de voyage comme passager de Rosetta, Philae a réalisé le 12 novembre 2014 une première historique en atterrissant sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko.

Après plusieurs rebonds imprévus, il s’est stabilisé à l’ombre, entre deux falaises. Le robot a travaillé pendant 60 heures avant de s’éteindre faute d’un ensoleillement suffisant pour ses batteries solaires.

Il s’est réveillé à l’improviste le 13 juin dernier, a établi plusieurs contacts avec la Terre mais ne communique plus depuis le 9 juillet, en dépit des efforts des équipes pour le ranimer.

Plus le temps passe, plus les chances d’entrer en contact avec lui diminuent. Tchouri, qui a été au plus près du Soleil le 13 août, s’en éloigne désormais et les températures à sa surface décroissent. Fin janvier, la comète sera à 300 millions de kilomètres de notre étoile.

Pour pouvoir fonctionner, Philae ne doit pas tomber au-dessous d’une température de – 51 degrés.

Fin janvier, il rentrera donc en hibernation, sans espoir de réveil. Une retraite bien méritée, en attendant que Rosetta ne le rejoigne en septembre 2016 pour finir sa vie sur la comète.

Le but de la mission Rosetta est de mieux comprendre les comètes, témoins de la genèse du système solaire il y a 4,6 milliards d’années.

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