La guerre d'Irak de 2003, symbole de la mort donnée de façon clinique par les Etats libéraux, selon Talal Asad. © MARIO TAMA/GETTY IMAGES

Le terrorisme vu autrement

Bien qu’écrit en 2007, Attentats-suicides. Questions anthropologiques, publié en français dix ans plus tard (Zones sensibles, 156 p.), conserve tout son pouvoir d’interpellation. L’anthropologue américain Talal Asad, fils d’une Saoudienne et d’un juif autrichien converti à l’islam, oblige à considérer autrement le terrorisme par son ton grinçant, érudit et parfois elliptique. Il se concentre délibérément sur les Etats-Unis et Israël. Et interroge notre effroi devant des attentats-suicides, ce corps-à-corps désarticulé des auteurs et des victimes qui survient dans la quotidienneté, alors que des Etats libéraux, forts de leur supériorité séculière, donnent la mort de façon clinique, et à bien plus grande échelle, pour sauvegarder leur civilisation et entretenir en quelque sorte l’immortalité de leurs citoyens. L’auteur ne justifie pas les attentats-suicides mais il fait entendre, appliquée aux guerres asymétriques, la petite musique savante de l’anticolonialisme. Il tournoie autour de l’idée de mort, de la répulsion qu’elle provoque quand elle est donnée supposément pour des raisons religieuses et de notre aveuglement sur les ressorts également religieux, chrétiens, de cette répulsion. Dans le terrorisme, soutient-il, le fait de tuer et de mourir est en lien avec le politique.

Le terrorisme vu autrement

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