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Allemagne: Merkel résiste, Steinbrück marque des points à la télévision

Le Vif

A trois semaines des élections fédérales, la chancelière Angela Merkel a été peu mise en danger par son rival socio-démocrate Peer Steinbrück lors d’un débat télévisé dimanche soir. Elle garde une avance confortable dans les sondages.

Pour Peer Steinbrück, tête de liste des socio-démocrates allemands pour les législatives du 22 septembre prochain, ce duel télévisé était la dernière chance de relancer une campagne électorale jusque-là chahutée. Dans les sondages, l’ancien ministre des Finances est très loin d’atteindre la popularité de la chancelière, déjà au pouvoir depuis huit ans. Dimanche soir, devant les yeux de millions d’Allemands, dont la plupart restent peu motivés par cette campagne, il a donc voulu partir à l’offensive face à Angela Merkel.

Mais la chancelière, qui arborait fièrement un collier aux couleurs du drapeau allemand, a peu été prise en défaut au sein de ce débat. Comme attendu, Angela Merkel a joué la continuité en se targuant d’un bon bilan économique: « Vous me connaissez, nous avons eu cinq belles années en Allemagne. C’est ensemble que nous réussirons, à ce que l’Allemagne aille de l’avant », a-t-elle expliqué en fin de débat aux téléspectateurs.

Malgré l’insistance de Peer Steinbrück sur les problèmes de précarisation d’une grande partie des employés, la chancelière s’est d’abord appuyée sur les bons chiffres de l’économie allemande. Notamment sur les 41 millions d’employés « un chiffre jamais atteint » et la perspective de pouvoir stopper les nouvelles dettes à partir de 2015.

Désaccords sur le salaire minimum et la Grèce

C’est principalement sur l’introduction d’un salaire minimum généralisé et sur la gestion de la crise grecque que l’expérimenté Peer Steinbrück a voulu montrer sa différence avec l’actuel gouvernement de centre-droit composé de la CDU et des libéraux du FDP. En effet, contrairement à la plupart des pays européens, il n’existe pas de salaire minimum en Allemagne. Le SPD ainsi que l’ensemble de la gauche, plaide pour son introduction, à une hauteur horaire brute de 8,50 euros. Angela Merkel a rappelé qu’elle ne souhaitait mettre une rémunération plancher que dans les branches où les partenaires sociaux ne se seraient pas mis d’accord.

La position de l’Allemagne dans la crise de l’Euro et notamment face à la Grèce a également été au coeur du débat. Peer Steinbrück a annoncé que la gestion de la crise européenne par l’Allemagne a été « un échec ». Il a appelé à plus de solidarité à travers « un programme de reconstruction et de croissance » plutôt que de continuer uniquement la pression des réformes. « N’oublions pas qu’à une époque l’Allemagne a elle-même été massivement aidée », a-t-il évoqué en référence au plan Marshall après la guerre.

Pas d’intervention en Syrie

Sur un point au moins, les deux ont semblé d’accord, à savoir sur le refus d’une intervention en Syrie. Condamnant fortement l’utilisation d’armes chimiques, la chancelière, ainsi que Peer Steinbrück, ont indiqué clairement que l’Allemagne ne participerait pas à une intervention en Syrie sans mandat de l’ONU ou de l’OTAN. Sans grande surprise, ce duel s’est révélé relativement équilibré. Mais Peer Steinbrück a pu montrer devant des millions de téléspectateurs qu’il pouvait tenir tête à la chancelière. Certainement pas assez pour pouvoir grappiller le lourd retard de son parti (23% contre 39% pour la CDU) dans les sondages.

Par Sébastien Vannier

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