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Le bilan très mitigé de Rio+20

Le sommet Rio+20 s’est engagé ce vendredi à promouvoir une « économie verte » épargnant les ressources naturelles de la planète et éradiquant la pauvreté, pendant que les critiques fusaient sur son absence d’objectifs contraignants et de financement.

Vingt ans après le Sommet de la Terre qui avait imposé l’environnement sur l’agenda mondial, le sommet sur le développement durable, précédé par des mois de discussions et de négociations, s’est achevé vendredi à Rio sur la ratification d’un compromis a minima mis au point par le Brésil, pays hôte.

Ce texte a été salué par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon comme étant un « très bon document, une vision sur laquelle nous pourrons bâtir nos rêves ». La société civile, très en colère, a exprimé sa déception pendant les trois jours du sommet, dénonçant l' »échec » et le manque d’ambition de Rio+20. Pour Kumi Naidoo, directeur général de Greenpeace International, « on remet en ordre les fauteuils sur le pont du Titanic alors qu’il est en train de sombrer ».

Hanté par l’échec de la conférence de Copenhague en 2009 qui s’était achevée sur un fiasco retentissant, pays riches et pauvres se sont accordés sur une série de promesses pour guérir les plaies de la planète.

La longue liste de maux inclut la faim, la pauvreté, et aussi la désertification, l’appauvrissement des océans, la pollution et la déforestation, le risque d’extinction de milliers d’espèces… « Nous chefs d’Etat et de gouvernement (…) renouvelons notre engagement envers le développement durable et envers un avenir économiquement, socialement et écologiquement durables pour notre planète et pour les générations présentes et futures », commence le projet de déclaration.

Une mise en place à partir de 2015

Ce texte de 53 pages prône une « économie verte », modèle de développement moins destructeur de la planète dont la population devrait passer de sept milliards aujourd’hui à 9,5 milliards en 2050. Mais en raison des craintes des pays pauvres que ce concept ne cache un protectionnisme déguisé des pays riches, la déclaration souligne que « les politiques d’économie verte » ne doivent pas « imposer de règles rigides », mais « respecter la souveraineté nationale de chaque pays », sans constituer « une restriction déguisée au commerce international ».

Le sommet a lancé le principe d' »Objectifs du développement durable » (ODD) sur le modèle de ceux du Millénaire adoptés en 2000 par l’ONU. Un groupe de travail devra faire ses propositions en 2013, pour une mise en place à partir de 2015. Ces objectifs devront être « en nombre limité, concis et tournés vers l’action », selon la déclaration.

Le financement d’une transition vers une économie verte est resté en suspens : en temps de crise, et avec des budgets à sec, les pays riches n’ont plus les moyens de mettre la main à la poche. Rio+20 encourage ainsi de nouvelles sources de financement – entreprises, partenariats, etc.- ainsi que des « financements innovants », sans les détailler. Neuf pays européens viennent de décider la mise en place de la taxe sur les transactions financières, ce dont s’est vivement réjouie l’ONG Oxfam à Rio.

Ban Ki-Moon a reçu ce vendredi matin une délégation de militants qui ont participé au Sommet des peuples, le contre-sommet organisé par la société civile dans le centre de Rio. Ceux-ci ont exprimé leur « frustration » auprès du chef de l’ONU de ne pas avoir réussi à peser sur le sommet officiel.

Remplaçant le président Barack Obama qui n’a pas fait le déplacement -comme les dirigeants allemand, britannique et russe-, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a déploré le retrait de la déclaration finale du droit des femmes à décider d’avoir ou non des enfants.

Levif.be, avec Belga

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