Steven Vandeput, le ministre de la Défense. © Belga

Investissements militaires : grosse claque à la suédoise

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Le gouvernement fédéral s’est mis en tête de programmer, dans une loi, les investissements militaires d’ici 2030. Et de planifier à cette fin 9,2 milliards d’euros. Le Conseil d’Etat carbonise l’ambition. Elle est juridiquement hors de propos.

L’armée n’en finit pas de souffrir, le ceinturon usé jusqu’à la corde. Son gros matériel se fait vieux, l’équipement lourd arrive souvent en bout de course. C’est alors que la suédoise est arrivée. Le gouvernement fédéral (N-VA – MR – Open VLD – CD&V) promet un changement de cap historique, après 25 ans de vaches maigres. Elle s’engage à rendre l’appareil militaire propre comme un sou neuf. Pas du jour au lendemain, bien sûr. Mais au fil d’investissements militaires dûment programmés d’ici 2030.

Cela s’appelle voir grand et loin. Donner une vision stratégique à la Défense. Lui redonner de la stabilité, de la prévisibilité et la crédibilité dont elle a bien besoin aux yeux de l’OTAN. Le gouvernement le dit : il fait dans « l’intergénérationnel. »

La feuille de route est prête, coulée dans un projet de loi qui attend le feu vert du Parlement. Tout y est prévu, planifié : les emplettes militaires d’envergure à boucler d’ici les quinze prochaines années, les montants qui devront leur être consacrés (9,2 milliards d’euros de 2020 à 2030), avec le produit de la vente de matériel militaire en guise de piste de financement à exploiter. Le gouvernement a pensé à tout : même à confier à la commission parlementaire chargée de contrôler les achats et les ventes de matériel militaire, la mission de suivre l’exécution du plan d’investissements.

De la belle ouvrage ? Peut-être. Du vent : à ce stade, sûrement. Invité à donner son avis juridique, le Conseil d’Etat n’accorde guère de crédit à la manoeuvre. Il ne s’agit à ses yeux que de « l’expression d’un engagement politique », sans plus. Qui n’a pas sa place dans une loi à portée normative. Et il appartient encore moins à un gouvernement de se mêler, via une loi, de la façon dont une commission parlementaire doit faire son boulot. La phrase traduisant cette ingérence « sera dès lors omise », précisent les magistrats. Entre autres objections et invitations à revoir cette copie.

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