Un petit miracle de l'acoustique qui va rendre d'énormes services aux plongeurs. © AXEL DETTONI/GETTY IMAGES

Le son qui passe le mur de l’eau, ce petit miracle de l’acoustique

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

Entendre des voix sur le pont d’un bateau alors qu’il n’y a nulle autre embarcation à l’horizon et que votre équipage est muet comme une carpe, ce n’est plus forcément mauvais signe.

Pas la peine d’appeler votre médecin pour lui annoncer que vous êtes la Jeanne d’Arc de la Calypso : ce petit miracle de l’acoustique, on le doit à l’université Yonsei de Séoul, en Corée du Sud. Sous la houlette du professeur Sam Lee, une équipe de physiciens est arrivée à faire passer du son à travers la barrière eau – air, et ce avec un taux de déperdition tellement acceptable qu’il semble désormais tout à fait possible de communiquer, depuis un navire, avec des plongeurs immergés en haute profondeur.

Les ondes sonores n’aiment pas changer de milieu. Quand elles sont émises sous l’eau, elles butent contre la surface et sont impitoyablement renvoyées vers le fond. Le son reste donc captif. A peine 0,1 % des ondes sonores émises dans l’eau nous parviennent. Autant dire : presque rien. Or, maintenant, grâce à un tout petit appareil flottant, mis au point à Séoul, les ondes sonores peuvent littéralement bondir hors de l’eau pour atteindre (assez) confortablement nos esgourdes : 30 % des ondes subaquatiques passent ainsi l’impitoyable barrière eau – air. Celle-là même qui – jusqu’à présent – bloquait tout.

Concrètement, les chercheurs sud-coréens ont créé un artefact métallique cylindrique, qui se maintient à flot grâce à un petit poids. L’engin évoque un pneu de voiture avec cette membrane en caoutchouc flottant en son centre. Mais ce qui fait vraiment la particularité de ce nouvel outil de communication, c’est l’utilisation, dans sa conception, d’un  » métamatériau  » capable de se jouer des lois de la propagation du son.

Les métamatériaux, ce sont ces matériaux artificiellement structurés, aux propriétés qu’on ne retrouve pas dans des éléments naturels, et que l’on destine à une tâche bien précise. En substance, pour fabriquer un métamatériau, on insère dans une matrice une multitude d’inclusions dont les propriétés mécaniques (comme la vitesse de propagation du son) sont très différentes de celles dont la matrice en question est originellement dotée.

Si elle reste perfectible, la prouesse est jolie. Elle va rendre d’énormes services aux plongeurs, leur sauver la vie, peut-être, mais elle va aussi permettre de mieux sonder les mystères du monde subaquatique. Autre application réjouissante : pourquoi ne pas se servir d’ondes sonores, pour obtenir des images bien plus nettes de l’intérieur du corps humain que celles obtenues avec les moyens actuels ?

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