La sestrine, protéine miracle pour réfractaires au sport. © Getty Images

Avoir des muscles sans faire de sport, désormais possible?

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

Ne pas faire de sport et néanmoins rester en excellente santé, tout en jouissant d’un corps d’athlète ? C’est possible, selon une étude menée conjointement par des universités du Michigan, de Détroit et de Pompeu Fabra à Barcelone. A quoi doit-on ce miracle potentiel ? A la sestrine, une protéine naturellement produite par le corps lors de séances d’entraînement.

Face à la réalité de notre quotidien – sédentarité, vieillissement de la population, atrophie musculaire, excès de triglycérides, insuffisance cardiaque… – les chercheurs du monde entier ont les yeux rivés sur le fonctionnement de nos cellules musculaires. En janvier, des scientifiques de l’Uqam (l’université du Québec) avaient déjà fait sensation en découvrant les bienfaits d’une autre protéine, la parkin, qui ouvrait la voie à une thérapie visant à lutter contre les effets délétères du temps sur nos muscles.

Mais voilà que l’équipe dirigée par le professeur Jun Lee Hee va encore plus loin : la sestrine agit non seulement de façon positive sur la masse musculaire mais elle améliore également l’endurance, dope les capacités respiratoires et stimule la consommation de calories, tout cela en l’absence d’exercice physique. De quoi réjouir les réfractaires au sport qui en ont marre de ressembler à un poulet désossé ou à une dinde de Noël. Et surtout, de quoi rendre un immense service aux personnes vieillissantes, handicapées, malades, paralysées, ou encore aux travailleurs sédentaires pris entre le marteau de leur bureau et l’enclume du manque de temps.

Première étape du travail mené par les chercheurs : mettre deux équipes de drosophiles au sport intensif, via un équipement spécialement pensé pour ces petites mouches naturellement athlétiques. Le premier groupe était constitué de drosophiles  » standard « , le deuxième d’insectes dépourvus de la capacité à produire de la sestrine. Un troisième groupe était, quant à lui, laissé sur le banc de touche. Chez ce dernier, la capacité naturelle à fabriquer de la sestrine était cependant artificiellement stimulée. Bilan des courses ? Au bout de trois semaines, les mouches sous sestrine couraient plus longtemps et avaient développé une masse musculaire supérieure à celle de leurs comparses dépourvues de cette protéine miracle. Plus bluffant encore : les mouches laissées au repos montraient, elles, des capacités sportives accrues par rapport à celles qui avaient passé trois semaines à s’agiter sur leur tapis de course.

Reste qu’avant de disposer d’une pilule remplaçant le sport, les scientifiques doivent encore surmonter deux obstacles : d’une part, les molécules de sestrine sont trop grosses pour pouvoir être synthétisées sous forme de compléments alimentaires. D’autre part, le mécanisme induisant la production de sestrine lors du sport… reste un mystère.

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