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Nils Schouterden: « Les footballeurs ne doivent surtout pas trop se plaindre »

Le capitaine de l’AS Eupen, qui rejoint Chypre, revient sur un mois difficile, marqué par le coronavirus.

1. Eupen a rejoué samedi pour la première fois depuis le 6 décembre, sans toi. Comment as-tu passé le mois écoulé?

J’ai moi-même passé dix jours à la maison, contaminé. À part une perte de goût et des maux de tête, je n’ai pas souffert, mais ça m’a quand même incité à réfléchir: en continuant à jouer, est-ce que je ne mettais pas en danger les personnes qui font partie de mon cercle privé? J’ai fini par conclure que nous ne devions pas voir les choses sous un angle trop négatif et que les footballeurs ne doivent surtout pas trop se plaindre. Nous pouvons nous estimer heureux de pouvoir jouer, même si les matches s’enchaînent rapidement et qu’il faut constamment attendre le résultat des tests. Mais pour être franc, arrêter en mars et passer plusieurs mois à la maison était bien pire. Nous avons connu une situation extrême: à un moment donné, seuls cinq joueurs étaient négatifs. Il a fallu leur adjoindre des Espoirs pour qu’ils puissent s’entraîner. Nous avons repris les séances lundi de la semaine dernière. Après quelques jours difficiles (on repart vraiment à zéro), j’étais de nouveau prêt, mais quand j’ai pris connaissance de la sévérité des mesures anti-corona à Chypre, nous avons décidé que je ne jouerais pas au club, partiellement aussi parce que mon transfert avait fait l’objet d’une fuite. Donc, j’ai disputé mon dernier match sous le maillot d’Eupen le 6 décembre.

2. Voulais-tu quitter Eupen ou le club voulait-il se défaire de toi?

L’été passé, nous avons eu un entretien franc. J’ai appris que je n’aurais pas beaucoup d’occasions de jouer. Le directeur technique, Jordi Condom, avait des contacts avec quelques clubs en Espagne, en Castille et à Carthagène, une région que je connais bien. J’étais prêt à m’y rendre, mais ça ne s’est pas fait, car le club en question devait d’abord vendre des joueurs et n’y est pas parvenu. Mon manager, Stijn Francis, m’a trouvé un club à Larnaca. J’y connais Florian Taulemesse, avec lequel j’ai joué à Eupen et avec qui je suis toujours resté en contact. C’est devenu un ami. L’entraîneur a tenté de me convaincre de rester, mais j’ai 31 ans et je veux jouer dans un autre pays.

À Eupen, même des noms comme Adriano Correia et Andreas Beck se comportent normalement.

Nils Schouterden

3. Eupen avait un noyau extrêmement étoffé. Même Andreas Beck, ancien international, a fait banquette. Ça n’a pas dû être facile.

J’ai déjà vécu une situation similaire ici, par exemple quand Claude Makelele m’a renvoyé dans le noyau B et que tout le monde s’attendait à ce que je m’en aille. Mais j’ai serré les dents et Makelele m’a repris. J’ai compris que j’avais un comportement fautif et que l’entraîneur avait une bonne raison de m’écarter. Je l’ai reconnu. Au début de cette saison, j’ai quand même été inquiet en voyant débarquer des nouveaux joueurs semaine après semaine, mais l’entraîneur d’Eupen est un homme très bon. Beñat San José comprend tout, il s’intéresse aussi à l’homme derrière le footballeur. Même quand il ne vous reprend pas, vous ne vous sentez pas classé. J’ai rarement connu pareille compréhension au sein du noyau et j’ai déjà transité par un certain nombre de clubs. L’entraîneur en Beñat n’est pas heureux de me voir partir, mais l’homme m’a dit: « Fais-le, tu l’as mérité ». Beñat ne traite jamais ses joueurs de manière négative.

4. Eupen visait haut, cette saison, après avoir enrôlé quelques noms, mais il risque de vivre une nouvelle saison grise. Pourquoi?

Parce que la finition est mauvaise et les attaquants n’en sont pas les seuls responsables. Nous étions animés d’un sentiment positif pendant la préparation. Nous jouions bien, nous avons même pris la mesure de grands clubs. Nous aurions dû prendre plus de points après le premier mois. Peu d’équipes nous étaient supérieures. Le Club Bruges, Genk était très bons aussi, mais c’est tout.

5. Eupen va-t-il te manquer ou es-tu content de quitter un club qui suscite peu d’intérêt?

Je trouve injuste que la presse nous oublie. Eupen est un club très stable, un chouette club, doté d’une ambiance chaleureuse, familiale, grâce aux nombreux collaborateurs issus d’Eupen, des gens positifs. Il est donc agréable d’y jouer. Même des noms comme Adriano Correia et Andreas Beck se comportent normalement. Malgré leur statut sportif, ils sont simplement one of the boys.

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