Dessert tactique #7 : le pressing de Raskin, la disparition d’Olsson et les buts de Frey
Retour en cinq bouchées sur les observations tactiques du week-end sur les pelouses de Pro League.
Avec Nicolas Raskin, Luka Elsner est passé au pressing
Réputé pour la compacité de son bloc lors de sa courte pige courtraisienne, le coach du Standard semble avoir radicalement changé d’idées ces dernières semaines. Une métamorphose qui n’est pas seulement visible dans le système de jeu des Liégeois, passés à une défense à trois, mais également dans les intentions.
C’est au début du mois de février que la mue a commencé. Celle qui présente des Rouches moins regroupés, plus agressifs à l’heure de récupérer le ballon. Une nouvelle donne qui coïncide avec la bonne forme de Nicolas Raskin, aboyeur en chef du milieu principautaire et toujours prompt à mordre dans le ballon pour l’arracher des chevilles adverses. Plus haut sur le terrain, protégé successivement par Merveille Bokadi puis Gojko Cimirot, le leader de l’entrejeu liégeois gratte une bonne dose de ballons et se projette dans la foulée grâce à un jeu naturellement orienté vers l’avant. Si les buts tardent à suivre les intentions – un seul inscrit lors des cinq derniers matches – l’approche a le mérite de protéger un peu mieux les cages rouches en attaquant souvent le ballon bien avant qu’il ne représente un danger.
Jean-Louis Garcia et le métal frigorifié
Sous les ordres de Jordi Condom, Seraing était malmené défensivement à cause d’un bloc friable en perte de balle et d’une transition défensive aux airs de cohue dans une maison hantée. Un désordre qui avait néanmoins le mérite de profiter aux Métallos à l’autre bout du terrain, avec une mise en évidence des talents majeurs de l’équipe, agglutinés aux avant-postes entre les pieds de Youssef Maziz et le flair de Georges Mikautadze.
Arrivé pour jouer les pompiers, l’expérimenté Jean-Louis Garcia a misé sur la méthode française pour éteindre l’incendie. Un bloc compact, des transitions et une recherche de l’efficacité au détriment du jeu, souvent coûteux à cause d’approximations à la relance. Les Sérésiens ont cessé d’enflammer les abords de la surface adverse, avec une série en cours de 573 minutes sans trouver le chemin des filets, mais n’ont pas pour autant verrouillé leur but. Seraing s’est plongé dans l’eau tiède, et n’a pas tardé à couver un dangereux refroidissement.
Pourquoi Kristoffer Olsson est sorti du onze mauve
La chorégraphie était soigneusement étudiée. Des latéraux qui se projettent, des ailiers qui glissent à l’intérieur, et deux milieux qui protègent l’équipe en cas de transition offensive. Le problème, c’est que le mouvement des Mauves de Vincent Kompany a fini par être aussi bien connu des adversaires que des Bruxellois. L’effet de surprise évaporé et la clé défensive trouvée, le coach du Sporting a dû ouvrir une porte supplémentaire pour entrer dans la surface adverse. Puisque les couloirs et les pocket zones étaient déjà embrasées, c’était au couloir axial qu’il fallait mettre le feu.
Kristoffer Olsson n’a rien d’un pyromane. Le Suédois a les pieds propres et un football soigné comme une formule de politesse, mais manque de cet élan qui brise des lignes et ouvre des brèches. Moins ceinture de sécurité, plus pédale d’accélération, Majeed Ashimeru a donc pris le volant du jeu mauve pour amener une menace supplémentaire sur les défenses adverses. Un nouveau mouvement que les adversaires d’Anderlecht n’ont pas encore réussi à maîtriser. Pas un hasard si le Ghanéen est l’un des hommes les plus en vue du football bruxellois ces dernières semaines.
Michael Frey, vingt-deux buts dans le néant
Au sein même d’un vestiaire aux tempéraments bien trempés, le buteur suisse du Great Old fait débat. Michael Frey n’aurait pas dû faire le poids avec son football de déménageur, dans une équipe vouée à dominer ses adversaires et à se promener dans des couloirs de jeu bien trop étroits pour les épaules massives de l’Helvète. Pourtant, l’ancien de Waasland-Beveren truste toujours les hautes sphères du classement des buteurs, et a une nouvelle fois sauvé un Antwerp chancelant dans le derby de la Métropole.
Finalement, l’environnement footballistique de Frey n’a pas tellement changé depuis le Freethiel. Un jeu de combats singuliers et de raids solitaires, simplement animé par de meilleurs acteurs pour camper les seconds rôles autour du film de ses buts. Puncheur isolé, presque déconnecté du football de son équipe quand il s’agit de faire autre chose qu’imposer sa puissance dans un duel aérien, le Suisse ne se connecte à son équipe qu’en bout de chaîne, quand il faut mettre un ballon au fond. L’avantage d’aller chercher un buteur dans une équipe qui jouait le maintien, c’est qu’il a au moins appris à se contenter de pas grand-chose.
Courtrai et la zone faible de l’Union
C’était au bout du mois de décembre. Presque une éternité. Depuis ces deux buts plantés par le Cercle au Parc Duden, personne n’était parvenu à faire trembler deux fois les filets d’Anthony Moris dans la même rencontre. Une série qui a pris fin sur la pelouse du stade des Éperons d’or, avec un doublé de Faiz Selemani pour incarner dans les chiffres l’après-midi chamboulée d’un leader malmené défensivement.
Si une bonne partie des neuf frappes courtraisiennes ont découlé d’une phase arrêtée, les hommes de Karim Belhocine ont gêné l’Union avec un système de jeu qui chatouille souvent les courbes des défenses à trois. Un 4-4-2 avec des attaquants qui pèsent sur le trio défensif, et des ailiers qui profitent de l’espace libéré au coeur du jeu pour y laisser libre cours à leur inspiration. À ce petit jeu, on ne trouve pas souvent meilleur que Selemani, qui facture désormais treize buts et six passes décisives cette saison. Pas assez sur le flanc pour tomber dans les griffes de Bart Nieuwkoop, trop éloigné de l’axe pour disparaître dans le triangle saint-gillois, le Comorien s’est régalé des espaces offerts par ses attaquants. Les failles de l’Union se trouveraient-elles dans cette zone, juste hors de la portée d’Ismaël Kandouss ?
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