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Bientôt une arbitre féminine en Pro League? « Cela prendra des années »

Aurelie Herman
Aurelie Herman Journaliste pour Sport/Foot Magazine

Alors que l’Allemande Bibiana Steinhaus tire sa révérence après avoir arbitré la Supercoupe d’Allemagne et que la Française Stéphanie Frappart s’apprête à diriger Lyon-Marseille en Ligue 1, on fait le point sur la situation de l’arbitrage féminin noir-jaune-rouge.

Mercredi 30 septembre, Allianz Arena. Le Bayern poursuit sa moisson de trophées en remportant la Supercoupe d’Allemagne face au Borussia de Thomas Meunier (auteur d’un sacré raté à 2-1 pour les Bavarois). Outre un cinquième titre en quelques mois gratté par le Rekordmeister, ce match marque la fin de la carrière de Bibiana Steinhaus. Seule et unique femme à officier en Bundesliga jusque-là, elle était la première à avoir dirigé une rencontre dans un grand championnat, en septembre 2017. À 41 ans, cette policière raccroche donc définitivement le sifflet.

De l’autre côté du Rhin, le grand nom de l’arbitrage féminin est Stéphanie Frappart, 36 ans. En août 2019, la Francilienne avait réalisé une prestation sans-faute lors de la Supercoupe d’Europe, entre Chelsea et Liverpool. Un match marqué par un péno accordé par le VAR, la nervosité de Cesar Azpilicueta… et une stat impressionnante. Lors de ce duel 100% britton, Frappart avait en effet parcouru 16,1 kilomètres en 120 minutes, « la plus grande distance enregistrée ces dernières années en Ligue des Champions en plus de 400 matches analysés« , selon Roberto Rosetti, responsable de l’arbitrage de l’UEFA. Une condition physique irréprochable, conjuguée à un sens du dialogue apprécié des joueurs. « Elle est dans l’échange, elle nous justifie ses décisions », indiquait Damien Le Tallec (Montpellier) dans Le Parisien, tandis que Pierrick Cappelle (Angers) ajoutait qu’elle « gère bien son match, ça ne part pas dans tous les sens ». « Certains ne vont pas se présenter de la même manière face à un homme. (…) Ça adoucit un peu les mecs, ils sont moins agressifs », déclaraient également les deux joueurs.

Son prochain défi ? Gérer le choc des Olympiques entre Lyon et Marseille comptant pour la sixième journée de L1. Pas une mince affaire quand on connaît l’antagonisme profond qui s’est creusé entre les deux clubs ces dernières années. Un énorme bordel dont le climax a eu lieu en avril, quand Jacques-Henri Eyraud et Jean-Michel Aulas, respectivement président de l’OM et de l’OL, s’insultaient copieusement sur fond de fin de championnat précoce…

1% d’arbitres féminines seulement en Belgique

Côté belge, on peine à faire naître des vocations niveau sifflet. En 2020, seules 87 femmes arbitrent sur notre sol, soit à peine plus d’1% du nombre total de refs sur l’ensemble du Royaume (5900 en 2019, selon une étude de l’ULB). « Le plus haut niveau masculin où elles officient en tant qu’arbitres principales se situe en première provinciale », précise Stephanie Forde, directrice opérationnelle pour l’arbitrage à l’Union belge. « On a aussi trois assistantes qui prestent dans le foot amateur. Un certain nombre dirige des matches de jeunes ou de provinciales plus basses. Au niveau féminin, on a trois arbitres féminines qui sont désignées pour des rencontres de Super League et six arbitres assistantes. Les autres rencontres sont dirigées par des hommes. » Pas énorme, malgré la courbe ascendante que suit le foot féminin belge ces dernières années.

On veut 10% de femmes en plus en nos rangs chaque saison.

Stephanie Forde, directrice opérationnelle pour l’arbitrage à l’UB

Au niveau international, le panel se réduit encore, étant donné que seules deux Belges figurent au tableau en tant qu’arbitres principales, ainsi que quatre assistantes (elles ne seront plus que trois en janvier 2021). « Pour l’instant, elles se situent dans les groupe 2 et 3, ce qui leur permet d’arbitrer des tournois internationaux féminins U17 et U19, ainsi que des rencontres qualificatives pour l’EURO », complète Stéphanie Forde. C’est par exemple le cas de Lois Otte, qui sifflera une rencontre européenne fin du mois.

Une aide venue des Pays-Bas

Pour remédier à cela, l’Union belge mise sur un plan basé sur deux piliers importants. Le premier vise à augmenter le nombre d’officielles de façon générale. « On veut 10% de femmes en plus en nos rangs chaque saison », explique-t-on du côté de la Maison de verre. Le deuxième consiste à augmenter le niveau qualitatif de nos officielles. « Afin que dans le futur, il y ait plus de femmes qui dirigent des rencontres aux niveaux national et international, chez les hommes comme chez les femmes. »

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Un objectif qui ne comporte pas de date-butoir, mais qui prendra « des années ». « Cela dépend de plusieurs facteurs : nos referees peuvent se blesser, vouloir fonder une famille », rappelle l’une des boss de l’arbitrage en Belgique. « Elles doivent également passer les tests physiques requis pour des matches masculins. C’est donc difficile pour elles d’atteindre le top niveau chez les hommes. Mais on espère que ça sera possible dans le futur. »

Pour parvenir à cet objectif (encore lointain), la fédé a noué un partenariat avec son homologue néerlandaise, avec notamment l’opportunité d’arbitrer des rencontres du championnat féminin oranje, où le public est plus nombreux que chez nous. « On échange des conseils, des infos, mais ce sont surtout des débriefs entre nos officielles et les leurs à propos de matches dirigés dans d’autres pays », dit Forde. Bref, les choses se mettent à bouger. Mais comme pour le développement de la Super League, il faudra se draper de patience avant de voir une Frappart belge fouler les pelouses de Pro League.

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