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Paris-Roubaix : les points chauds de l’Enfer du Nord

Du château de Compiègne au vélodrome de Roubaix, la « reine des classiques », le surnom de Paris-Roubaix, comporte plusieurs endroits « chauds », les lieux dits stratégiques.

Troisvilles (km 98,5): l’entrée dans l’Enfer. A l’approche de la petite bourgade du Cambrésis, la tension grimpe. « C’est la bagarre, un sprint permanent, pour être placé, raconte Martial Gayant, directeur sportif de la FDJ. Les coups de frein se multiplient. Des files entières essaient de passer sur les côtés ». A la sortie du village, après le passage devant le café-restaurant Chez Françoise réputé pour son omelette, les coureurs découvrent enfin les pavés. Le plus souvent, un groupe s’est dégagé pour jouer les éclaireurs. En fonction de la force et de la direction du vent, l’aventure ira plus ou moins loin. Voire jusqu’au bout, comme en 1988, l’édition gagnée par l’actuel directeur sportif de Fabian Cancellara, le Belge Dirk DeMol.

Arenberg (km 158): le symbole de Paris-Roubaix depuis 1968 et la mise en place du nouvel itinéraire, autrement plus sélectif que l’ancien. Longue de 2400 mètres, la trouée traverse la forêt en ligne droite, en faux-plat légèrement descendant tout d’abord. D’ordinaire, piétons, vététistes et cavaliers s’approprient cette route forestière située près de l’ancienne mine de Wallers-Arenberg, où fut tourné le film Germinal. Le jour de la course, l’exaltation est à son comble. Une mauvaise chute, comme pour Johan Museeuw et Philippe Gaumont par le passé, est toujours possible. Une crevaison, pour peu que le dépannage soit tardif, peut faire perdre toute chance de victoire.

Mons-en-Pévèle (km 205): à cet endroit de la course, les plus forts se dégagent, immanquablement. « C’est un endroit stratégique, un point crucial d’autant qu’il se situe après 200 kilomètres », insiste Jean-François Pescheux, directeur sportif de la course, à propos de cette zone pavée réintégrée sur le parcours en 2004 après des travaux de rénovation. Le secteur de 3000 mètres, en contrebas de la butte qui constitue le point culminant du pays lillois (107 m d’altitude), est coté parmi les trois les plus difficiles. Tout près de l’endroit où Philippe le Bel manqua de périr dans la bataille opposant les forces françaises à l’armée flamande en 1304.

Carrefour de l’Arbre (km 236,5): après Camphin-en-Pévèle, le dernier lieu pour provoquer la décision. Les pavés disjoints, éprouvants, effrayants, jouxtent le centre d’entraînement des footballeurs de Lille et les champs de pomme de terre. Le secteur, long de 2100 mètres avec un virage gauche à angle droit à sa moitié, épuise les énergies physiques. Mais il réclame aussi un surcroît de lucidité et un mental à toute épreuve. Dans le public, l’excitation culmine au point que des mesures de sécurité draconiennes ont dû être prises depuis 2010 pour endiguer les débordements le plus souvent dus à l’alcool. A la sortie, c’est la départementale goudronnée puis les derniers pavés, bien plus faciles. Avant le vélodrome salvateur au bout de 254 kilomètres.

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