Lotte Kopecky a conquis l'arc-en-ciel à Glasgow © BELGA

Lotte Kopecky sera-t-elle la Sportive de l’année?

Favorite au titre de Sportive de l’année, Lotte Kopecky illustre l’évolution fulgurante d’un sport féminin belge qui regorge de têtes d’affiche.

Accaparé par les joueuses de tennis au tournant du millénaire, quand Dominique Monami, Kim Clijsters, Justine Henin et même Kirsten Flipkens n’ont laissé que des miettes à la concurrence entre 1998 et 2013, le titre de Sportive belge de l’année s’est, depuis, diversifié. L’athlétisme, la boxe, la gymnastique ou le basket ont propulsé l’une de leurs étoiles au sommet d’une hiérarchie nationale où il ne semble manquer que le cyclisme, pourtant sport belge par excellence. Le 10 décembre, lors du Gala du sport au Skyhall de Brussels Airport, une anomalie de l’histoire du sport féminin belge devrait prendre fin. Certes, Emma Meesseman a porté les Belgian Cats vers un titre de championnes d’Europe et devrait s’inviter sur le podium pour la sixième fois depuis 2017. La basketteuse n’est pourtant que l’outsider, tant la saison de Lotte Kopecky s’est écrite au superlatif.

L’Anversoise avait déjà franchi un palier en 2022, triomphant sur les routes blanches italiennes, les Strade Bianche, avant de s’imposer à domicile à l’occasion du prestigieux Tour des Flandres. Des prestations qui l’avaient amenée à la deuxième place du vote national annuel, dans le sillage d’une Nafissatou Thiam sacrée championne du monde et d’Europe de l’heptathlon. En 2023, année pourrie par les blessures qui l’ont empêchée de défendre son titre mondial, la Namuroise n’entrera pas en ligne de compte. Pas plus que Nina Derwael, trois fois Sportive de l’année depuis 2018, privée de Mondiaux à domicile à cause d’une épaule endolorie.

Kopecky pour l’honneur du cyclisme

Auraient-elles pu faire le poids face à la montée en puissance de Kopecky? Cette année, après avoir remis le couvert sur les routes flamandes à l’occasion du «Ronde», la cycliste s’est distinguée lors du Tour de France en remportant une étape, portant longuement le maillot jaune et finissant sur la deuxième marche du podium. Son sacre se produit pourtant en août, à Glasgow: championne du monde de la course à l’élimination puis de la course aux points sur la piste écossaise, elle s’impose également en solitaire lors de la course en ligne et quitte la Grande-Bretagne avec trois maillots arc-en-ciel, dont le plus prestigieux. Le titre féminin sur route échappait à la Belgique depuis 1973, lorsque Nicole Vandenbroeck avait triomphé à Montjuïch, en Espagne. A l’époque, pas de titre de Sportive belge de l’année pour la Brabançonne, puisque la récompense réservée aux femmes n’a connu sa première édition que deux années plus tard, avec la mise en lumière de la nageuse gantoise Carine Verbauwen.

Depuis, la Belgique n’a plus connu de championne de haut vol sur deux roues, hormis Heidi Van De Vijver et Jolien D’hoore. Nicole Vandenbroeck aurait, certes, pu prétendre au sacre en 1973, mais hommes et femmes étaient alors rassemblés dans la même catégorie. Si le cyclisme a été sacré, c’est alors évidemment grâce à Eddy Merckx, vainqueur cette année-là du Tour d’Italie, du Tour d’Espagne, de Liège-Bastogne-Liège et de Paris-Roubaix, entre autres. Vandenbroeck n’était même pas la première athlète féminine du classement: c’était alors la sprinteuse Rosine Wallez, classée par la presse sportive nationale à une lointaine dix-neuvième place. Il a d’ailleurs fallu attendre l’année suivante pour voir, pour la première fois en huit éditions, une sportive apparaître dans le Top 10 de l’élection, avec la quatrième place de la nageuse Carine Verbauwen. C’est notamment pour cette raison qu’en 1975, proclamée année internationale de la femme par les Nations unies, le syndicat belge des journalistes sportifs a décidé de créer une catégorie exclusivement féminine.

1980, le tournant

En 1975, c’est donc à 13 ans et pour saluer son titre de championne d’Europe chez les juniors que la nageuse est la première femme récompensée par le trophée. Encore sacrée à deux reprises à la fin des années 1970, dans la foulée des deux récompenses accordées à la sauteuse en hauteur Anne-Marie Pira en 1976 et 1977, Carine Verbauwen est indirectement une preuve du niveau assez bas du sport belge féminin à cette époque. Il faut attendre 1980, et le premier des huit titres de Sportive de l’année de la judokate Ingrid Berghmans, pour que la récompense honore une sportive qui a véritablement atteint les sommets mondiaux dans sa discipline, avec un titre de championne du monde conquis cette année-là à New York.

Quatre ans plus tard et toujours de l’autre côté de l’Atlantique, plus précisément à Los Angeles, les sportives belges remportent les premières médailles olympiques féminines de l’histoire du pays: du bronze pour Ingrid Lempereur, sur le 200 mètres brasse, ainsi que pour la rameuse Ann Haesebrouck sur l’épreuve du skiff, en aviron. Depuis, les épreuves féminines ont rapporté à la Belgique vingt de ses 41 médailles glanées au cours des dix dernières olympiades estivales. Surtout, sept des onze médailles d’or remportées sur cette période sont dues aux sportives belges, preuve de l’essor majeur du sport féminin national lors des quarante dernières années. A tel point que même sur deux roues, là où les Flandriens font la loi depuis de longues années, le cycliste de l’année est incontestablement une cycliste.

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