WHITE SUPERNOVA

Il y a deux ans, le White Star Woluwe est devenu le White Star Bruxelles. Depuis lors, les nouvelles ne sont pas rassurantes : problèmes financiers, péripéties autour du big boss John Bico et, pour ne rien arranger, un conflit avec le RWDM. Sport/Foot Magazine est allé prendre le pouls du côté du stade Edmond Machtens.

Dimanche après-midi, 11 octobre. Le soleil a choisi son camp au stade Edmond Machtens de Molenbeek : il inonde la Tribune 1 de ses rayons. Cette tribune a été abandonnée – au sens propre – par le White Star : laissée à l’abandon, fermée. Le RWDM, qui joue en Promotion, voudrait l’utiliser. Nous en reparlerons.

La Tribune 2, de l’autre côté du terrain, reste à l’ombre. Vingt minutes avant le coup d’envoi, elle est quasiment vide. La saison dernière, le White Star attirait environ 427 spectateurs. C’était de loin l’affluence la plus faible de la D2, bien en-deçà de Woluwe-Zaventem (735) et de Tubize (672). Et ce n’est pas étonnant, pour une équipe qui a été déplacée de Woluwe-Saint-Lambert, à l’autre bout de la capitale. Ce déménagement était une manoeuvre de John Bico, le manager/coach/directeur sportif du White Star (selon le cas, il biffe les mentions inutiles). Le club, quasiment en faillite en 2013, a été sauvé grâce à l’argent de Dubaï et rebaptisé WS Bruxelles : un changement de dénomination qui devait lui conférer plus de prestige. Tout comme le déménagement vers le renommé stade Machtens. L’ambition de Bico était d’amener le plus rapidement possible le WS Bruxelles en D1. On en est encore loin.

A l’étage inférieur, sous la fenêtre des loges, des équipes de jeunes se rassemblent.  » Aujourd’hui, nous voulons les grouper le plus possible « , explique un steward.  » C’est un test.  » Beaucoup de ces jeunes sont originaires du FC Brussels, qui a été mis en liquidation en juin 2014 et qui jouait jusque-là au stade Machtens. En milieu de saison dernière, le White Star s’est déclaré prêt à accueillir ces jeunes. La stratégie, en les regroupant dans un seul secteur, est claire : il s’agit de mettre l’ambiance.  » On peut changer de femme, de parti politique et même de reli- gion, mais pas de club de football. « , dit la célèbre maxime. A partir du moment où l’on s’est pris de passion pour un club, cet amour est éternel. Et donc, le temps presse pour le White Star, car un autre club lorgne avec de plus en plus d’insistance vers la jeunesse molenbeekoise : le RWDM.

PUISSANCE D’ÉBÈNE

Un quart d’heure avant le coup d’envoi, le stade se met à vibrer lorsque, dans la partie supérieure de la tribune, les supporters du KSK Heist débarquent avec tambour et trompette. Lorsqu’un peu plus tard, la sono est enclenchée, on commence enfin à avoir l’impression qu’un match de football va débuter. Un match de D2, même. Vous savez : cette série qui est capable d’attirer, au même moment, 4.000 spectateurs à Lommel pour la visite de l’Antwerp.

Nous sommes témoins d’un petit incident loufoque : un homme assis en solitaire, au milieu de trois rangées quasi vides, est chassé de sa place par deux autres personnes. Des abonnés. Ils exigent leur place, même s’ils auraient parfaitement pu s’asseoir ailleurs sans le moindre problème. Encore que : juste avant le coup d’envoi, un peu de monde se presse à l’entrée, en bas. Là où sont regroupés les jeunes, les survêtements noirs avec le logo du White Star sont majoritaires. Une seule exception : un gamin habillé en orange.

Aujourd’hui, Bico a coiffé la casquette d’entraîneur et se tient debout, de manière imposante, devant le dug-out du White Star. Il voit son équipe ouvrir la marque après moins de dix minutes, lorsque la défense poreuse de Heist s’ouvre comme la mer Rouge devant Moïse. Mais le football développé n’est pas pour autant chatoyant. Le WSB mise principalement sur sa puissance d’ébène et sa taille. Avec ce football-là, l’équipe devra ramer pour atteindre le Top 8, qui donne accès à la divi- sion 1B la saison prochaine. Après une demi-heure, Heist parvient même à égaliser, mais ne tiendra pas longtemps la distance. Peu de temps après, c’est 2-1 et le capitaine visiteur Bart Webers écope d’un deuxième carton jaune  » léger « . Les circonstances sont favorables au WSB, mais il en faut plus pour que l’am- biance se réchauffe. C’est toujours le tambour du kop visiteur qui donne le ton. Peu avant le repos, Moussa Traoré inscrit son deuxième but de l’après-midi. 3-1, la messe est dite. Heureusement, le speaker du stade y va de bon coeur pour pousser les applaudissements.

En discutant avec quelques supporters du WSB, nous apprenons que l’assistance est encore acceptable aujourd’hui. Il y a rarement plus de monde. Rarement moins, aussi. Les jeunes joueurs sont toujours au poste, disent-ils. La question est de savoir si le White Star peut faire mieux. Il sent le souffle des promo-tionnaires du RWDM dans son dos. Ce club a été fondé cette année par des sympathisants de l’ancien matricule 47. Ils ont acheté le matricule 5479 du Standaard Wetteren pour pouvoir débuter immédiatement en Promotion. Le charismatique Danny Ost en est l’entraîneur et les supporters d’autrefois ne demandent qu’à revenir en masse. L’ancrage du RWDM à Molenbeek est bien plus grand que celui du WSB et le RWDM a donc demandé à la commune de pouvoir jouer au stade Machtens. Le WSB s’y est opposé, car il préfère se passer d’une concurrence supplémentaire. Après de nombreuses palabres, discussions, intrigues politiques et un jugement au tribunal – pour tout résumer – le RWDM a reçu l’autorisation de jouer sur cette pelouse et d’utiliser la Tribune 1. Il doit s’y produire samedi prochain pour la première fois. Mais le WSB ne se laisse pas faire : il y a quelques semaines, lorsque des bénévoles du RWDM voulurent donner un petit coup de peinture à la Tribune 1 laissée à l’abandon, un nouveau cadenas avait été apposé à la porte d’entrée et les murs étaient tapissés de messages grossiers.

EXISTENCE MENACÉE

Entre-temps, le coup d’envoi de la deuxième mi-temps a été donné et le préposé au marquoir est directement sollicité : 4-1. L’espace d’un instant, l’ambiance monte depuis l’étage du bas. Quelques jeunes joueurs encore imberbes lancent des  » Aux armes !  » retentissants. Comme s’ils avaient reçu des instructions pendant la pause. Quelques instruments de musique africains ont aussi été sortis afin de concurrencer le tambour et les chants épisodiques des supporters de Heist.

Où va le White Star ? Comme d’autres clubs de D2, il mise tout (y compris sur le plan financier) sur l’accession au Top 8. L’avenir du club en dépend, estime Bico. Peut-être même sa pérennité. Le White Star donne l’impression d’être une supernova, une étoile qui brille encore de mille feux avant d’exploser.

En deuxième mi-temps, l’excitation retombe rapidement. Alors que la tribune opposée est toujours baignée par les rayons du soleil, les premiers frimats de l’automne se font ressentir dans la Tribune 2. Bien qu’il mène largement et qu’il évolue en supériorité numérique, le WSB oublie de soigner le spectacle et d’alourdir la marque. Quelques rares occa- sions sont gaspillées lamentablement. Ce n’est pas de cette manière que l’on attirera le public. Les jeunes ne se font plus entendre que lorsque Jérémy Huyghebaert envoie le ballon quasiment au-dessus du toit d’une frappe appuyée. Un spoutnik à la recherche d’une supernova.?

PAR PETER MANGELSCHOTS – PHOTOS BELGAIMAGE – JAMES ARTHUR GEKIERE

John Bico veut amener le WS Bruxelles le plus rapidement possible en D1. On en est encore loin.

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