Ami de Lewis Hamilton, porteur de la flamme olympique et presque acteur dans Harry Potter, Theo est un phénomène de précocité.

Printemps 2006. Les Anglais ne comprennent plus rien : Sven-Göran Eriksson verse Theo Walcott dans sa sélection pour la Coupe du Monde. Le Suédois en prend pour son grade, on n’est pas loin de le traiter de grand corps malade et d’esprit tordu. Combien de matches de D1 joués par Walcott ? Pas un seul ! Eriksson s’est basé sur deux choses pour sélectionner ce gosse de 17 ans : il a assisté à… quelques minutes d’un entraînement d’Arsenal et a eu une bonne discussion avec Arsène Wenger. Suffisant pour le convaincre. Walcott au Mondial, cela signifie que de gros calibres restent à la maison : Jermain Defoe et Darren Bent. Ceux-là, au moins, ont prouvé qu’ils savaient marquer des buts au plus haut niveau. Mais Eriksson se défend : il parie sur l’avenir.

Aujourd’hui, toute l’Angleterre comprend une chose : SGE a eu raison avant tout le monde. Parce que Walcott affole tout un peuple. The next big thing, c’est lui. Le successeur de Thierry Henry, c’est encore lui. Il a d’ailleurs hérité de son numéro 14 chez les Gunners : pas un hasard. Plutôt un symbole.

Les origines de Walcott : naissance à Londres en 1989, un père jamaïcain, une mère anglaise, une famille qui a plus qu’un faible pour Liverpool. Les idoles de la jeunesse de Theo sont en red : Michael Owen, Robbie Fowler, Steve McManaman. La grande tare de ses jeunes années : une défaillance héréditaire qui lui vaut une épaule régulièrement en compote. Les ligaments se laissent aller, ça se déboîte pour un oui, pour un non. Il se retourne mal dans son lit, et crac. Il a déjà été opéré et des médecins lui avaient prédit qu’il ne pourrait jamais devenir professionnel du foot à cause de ce problème. Et pourtant…

Salaire : 1,25 million par saison… à 17 ans

Walcott, c’est un petit médian/attaquant (1,75m) qui enchaîne très vite les records. Dans son premier club (AFC Newbury), il marque plus de 100 buts en une saison. A 14 ans, Nike le sponsorise. Il passe à Southampton où il bat deux records de précocité : plus jeune joueur de l’équipe Réserve à 15 ans et 175 jours ; plus jeune joueur de Première à 16 ans et 143 jours (en D2). A 16 ans, il a tous les gros sur le dos : Lille (bof…), Chelsea, Manchester United, Tottenham, Liverpool. Et Arsenal, qui rafle finalement le morceau. Ce club casse sa tirelire : Southampton empoche 7,3 millions d’euros et ce montant peut gonfler jusqu’à 17,5 millions en fonction du nombre de matches joués par Walcott avec Arsenal et l’équipe nationale. Jamais, on n’a dépensé autant d’argent pour un gosse de 16 ans dans l’histoire du football anglais.

A 17 ans, Walcott est mûr pour son premier contrat professionnel. A nouveau, il affole les compteurs et les statistiques : il empoche 1,25 million par saison. Arrivé à Arsenal en janvier 2006, il dispute son premier match de Premier League en août. Entre-temps, il a encore battu un record : juste avant la Coupe du Monde, il est devenu le plus jeune international de l’histoire du foot anglais, dans un match amical contre la Hongrie : à 17 ans et 75 jours. Ce jour-là, il a détrôné l’une de ses idoles : Wayne Rooney. Son Mondial allemand s’est résumé à peu de choses (il n’est pas monté une seule minute au jeu) mais il s’est bien vengé dans l’intervalle en devenant une valeur sûre de l’Angleterre. Il a par exemple marqué trois buts lors de la victoire en Croatie (1-4), l’année dernière. Le plus jeune buteur de l’histoire de l’équipe Espoir de son pays, c’est lui. Le plus jeune buteur de l’histoire d’Arsenal en Ligue des Champions, c’est lui aussi – il a amélioré le record de précocité de Cesc Fabregas.

Premier trophée cette saison ? La Ligue des Champions, alors !

Pour marquer encore un peu plus les esprits, pour confirmer son statut de wonderboy du football anglais (dans la lignée de David Beckham, Owen et Rooney), Walcott doit maintenant gagner des trophées. Cette saison, ce sera compliqué. Au classement des buteurs, il ne joue pas avec les grands, il est très loin d’un Nicolas Anelka ou d’un Cristiano Ronaldo. En championnat aussi, ce sera plutôt dur : Arsenal est bien calé dans le Magic Four mais Man Utd et Liverpool ont fait le trou. En Cup, c’est fini. Reste la Ligue des Champions et ce duel face à Manchester Utd-match aller ce mercredi.

Le petit palmarès de Walcott ne renseigne encore qu’une finale de la Coupe de la Ligue, perdue en 2007. Et des distinctions purement individuelles. Il fut autrefois élu Jeune personnalité sportive de l’année par la BBC. Il a été convoqué pour jouer un petit rôle dans Harry Potter et l’Ordre du Phénix : ses obligations avec Arsenal l’en ont empêché mais sa famille a bel et bien joué. Il a fait partie des 80 personnalités anglaises qui ont tenu la flamme olympique dans les rues de Londres pendant l’été 2008. Et, dernier honneur qui n’a rien à voir avec le foot : Walcott est un ami intime de l’homme le plus rapide du monde, Lewis Hamilton.

par pierre danvoye – photo: belga

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