Terre brûlée

Le président du Brussels aimerait arrêter mais ne trouve pas de repreneur…

Certains journaux ont déjà annoncé que JohanVermeersch se retirerait de la présidence du FC Brussels le 30 juin. L’intéressé est moins catégorique :  » Il y a un plan A et un plan B. Vous en saurez plus dans les prochains jours.  » La situation de Vermeersch est proche de celle d’ AbbasBayat à Charleroi : il aimerait arrêter mais ne trouve pas de repreneur.

Ce n’est pas la première fois que l’homme fort du deuxième club bruxellois (à moins que ce ne soit désormais le troisième, puisqu’il a été devancé par le White Star cette saison) envisage de jeter l’éponge.  » La D2 est un mouroir « , n’arrête-t-il pas de clamer.  » Peu de rentrées aux guichets, pas de droits TV mais des frais toujours importants. « 

Le découragement l’a déjà gagné à plus d’une reprise. Mais cette fois, il semble que la cote d’alerte ait été atteinte.  » Il faut à tout prix amener des forces vives au club « , soutient-il.  » Le conseil d’administration est réduit à sa plus simple expression, il n’y a plus que trois personnes. L’idéal serait d’en avoir une dizaine. Ce n’est plus tenable.  » (NDLR : le site du club renseigne trois vice-présidents dans l’organigramme : HenriUytterhaegen, DirkRaspoet et LoftiAouni. En dehors de Vermeersch et du bourgmestre de Molenbeek PhilippeMoureaux, président d’honneur, il n’y a aucun autre dirigeant).

Les joueurs attendent trois mois de salaire

Tout le monde lâche Vermeersch. A tous les niveaux. Le staff technique a déserté, à l’exception de ThierryBerghmans qui n’a pas de contrat. Plusieurs joueurs sont déjà partis, et d’autres cherchent à partir. Ils ne sont plus payés depuis trois mois. Sporta, le syndicat des joueurs, a été averti, mais aucune plainte officielle n’a encore été déposée car Vermeersch dispose d’un délai jusqu’au 20 juin (aujourd’hui) pour payer les salaires des trois derniers mois. C’est son habitude d’attendre le dernier délai pour régler ses dettes et passer au travers les mailles du filet en ce qui concerne la licence. Beaucoup de joueurs ne comprennent pas, d’ailleurs, comment il réussit toujours à obtenir cette fameuse licence, année après année. Il semblerait que, récemment, il ait encore perçu une partie d’indemnité pour Igor d eCamargo qui lui aurait permis de nouer les deux bouts.

Le manager ThierryDailly a lui aussi quitté le club. Il se trouve actuellement à Kinshasa mais un de ses proches nous a affirmé que son départ était également lié à la personnalité de Vermeersch : aucune reconnaissance du travail accompli, aucune liberté d’action… c’est toujours Vermeersch qui a le dernier mot. Typique ! DimitriMbuyu, aujourd’hui à Mons, a aussi déjà déclaré qu’il était beaucoup plus libre chez les Dragons qu’au Brussels.

Le franc-parler de Vermeersch, et ses discours parfois maladroits, entre autres vis-à-vis des joueurs africains, lui ont également déjà valu une sacrée réputation et il devient de plus en plus difficile au président de trouver des joueurs, des dirigeants ou des entraîneurs qui acceptent de travailler avec lui.

En deux ans, quatre coaches se sont retrouvés à la barre : ChrisVanPuyvelde, MichelDeWolf, ChristianRits et StéphaneDemol. Toujours des entraîneurs extraordinaires à leurs débuts mais qui ne valaient plus rien après l’un ou l’autre résultat décevant. Demol, le dernier, tient tout de même à rectifier :  » Je n’ai jamais eu aucun problème avec Vermeersch. Ma situation était un peu différente : j’étais arrivé pour trois mois et ceux-ci sont écoulés. Je n’ai jamais eu de contrat, mais je l’avais accepté. Je voulais aider Vermeersch à rester en D2. L’objectif a été atteint et il en était très heureux. Maintenant, je ne peux pas présager de ce qu’il décidera. Je sais qu’il adore son club et je suis persuadé qu’il trouvera une solution.  »

 » Sans moi, il n’y aurait rien « 

Et du côté des agents ?  » En débutant récemment dans le métier, j’ai bien précisé aux responsables de mon agence qu’il y avait deux personnes avec lesquelles je ne voulais pas traiter. L’une d’elles était Vermeersch. Cet homme n’est pas fiable pour un sou « .

Bref, Vermeersch est déçu.  » Et frustré ! », ajoute-t-il. Il n’a toujours pas avalé le fait que deux de ses jeunes joueurs l’aient quitté en faveur d’Anderlecht.  » D’accord, des jeunes qui changent de club, cela arrive partout. Et le Sporting lui-même vient aussi de se faire piquer trois jeunes joueurs par Chelsea. Mais Anderlecht, lui, va toucher de l’argent « , râle-t-il.

C’est pour se prémunir de tels événements – et sans doute aussi pour se venger- qu’il a signé un accord de collaboration avec le Standard qui permet aux Rouches d’avoir le premier choix parmi les footballeurs en herbe qui ont grandi à Molenbeek. Mais un départ de Vermeersch pourrait-il mettre la collaboration en péril ?  » Je ne le pense pas « , estime PierreFrançois, qui représentait encore le Standard lors de la transaction.  » Le contrat a été signé entre les deux clubs. S’inquiète-t-on de savoir si le contrat devient caduque parce que Pierre François n’est plus au Standard ? »

Vermeersch aurait aussi été déçu par les décisions d’ Aspire, qui a préféré investir à Eupen, apparemment plus sain depuis que LucianoD’Onofrio a épongé les dettes et qui, à défaut d’être la capitale de l’Europe, a l’avantage d’être situé géographiquement à la frontière de l’Allemagne et des Pays-Bas. Aspire chercherait encore d’autres clubs où investir, mais pas dans la même division.

Lors de la disparition du RWDM, Vermeersch avait lancé le FC Brussels en reprenant le matricule n°1936 du FC Strombeek et était reparti avec zéro euro de dettes. Elles avoisineraient les 2 ou 3 millions aujourd’hui.  » Sa gestion s’est révélée désastreuse « , affirme un agent.  » Des joueurs qui auraient pu rapporter de l’argent sont partis gratuitement, soit à cause d’erreurs administratives, soit pour défaut de paiement, comme SteveColpaert, CheikhouKouyaté ou JulienGorius.  »

D’autres événements auraient mis Vermeersch à bout. Des ennuis de santé, mais aussi une perte de confiance de la part de la commune, qui confierait de moins en moins de travaux à son entreprise Vermeersch Construct.  » Je fais moins de construction mais je comble par des opérations immobilières « , avait-il confirmé lors d’une interview en décembre 2011.  » J’ai 60 ans, j’approche de la pension. Je suis président depuis 2002, cela fait dix ans. C’est facile de critiquer, mais lorsqu’on cherche quelqu’un qui pourrait faire mieux que moi, personne ne se présente.  »

Beaucoup de personnes, pourtant, mettent en doute sa volonté d’arrêter.  » C’est une menace qu’il laisse planer régulièrement, pour qu’on parle de lui dans les médias « , confie un proche du club.  » Il cherche peut-être du soutien, mais il n’accueillera d’autres collaborateurs qu’à condition qu’il reste en place et continue à détenir les pleins pouvoirs. Toute sa philosophie est basée sur une phrase : – Sans moi, il n’y aurait rien ! Et il préférerait tout brûler plutôt que voir quelqu’un d’autre réussir là où lui a échoué.  »

PAR DANIEL DEVOS – PHOTO: PHOTONEWS

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