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« J’ai toujours la photo de Kim sur mon bureau… »

Craig Tiley veille depuis plus de dix ans au bon déroulement de l’Australian Open, la première levée du Grand Chelem du calendrier, qui commence le 16 janvier à Melbourne. Le directeur du tournoi est également l’un des plus grands fans d’une certaine Kim Clijsters.

New balls, please ! L’année 2017 n’est entamée que depuis deux semaines que le premier grand rendez-vous sportif va déjà avoir lieu. L’Australian Open, la première levée du Grand Chelem en tennis, commence ce lundi 16 janvier à Melbourne. Le spectacle devrait une nouvelle fois être au rendez-vous, et pas uniquement en raison des retours à la compétition de Roger Federer et Rafael Nadal, les deux meilleurs joueurs de ce début de troisième millénaire.

L’Australian Open est le tournoi du circuit le plus apprécié par les joueurs et les spectateurs. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il a été baptisé le « Happy Slam ». Depuis plusieurs années, les organisateurs s’attellent en effet à y servir du tennis comme nulle part ailleurs. Pendant deux semaines, le complexe de Melbourne Park, qui abrite l’événement, se transforme en une immense plaine de jeux qui ne vibre plus seulement au rythme des services de Serena Williams et des passing-shots de Novak Djokovic.

À la baguette, un homme : Craig Tiley. Agé de 54 ans, ce Sud-Africain adopté par les Australiens est le tournament director, le patron, de l’Australian Open. Ancien coach de l’ex-joueur Wayne Ferreira, il veille depuis plus de dix ans au bon déroulement du premier tournoi du Grand Chelem du calendrier, quasiment 24h sur 24h. Et il est également l’un des plus grands fans d’une certaine Kim Clijsters. Entretien…

Craig Tiley, comment se gère un tournoi du Grand Chelem comme l’Australian Open?

« Il faut d’abord s’entourer d’une bonne équipe. J’ai beaucoup de chance d’avoir de remarquables collègues qui sont, entre-temps, devenus des amis. On peut se faire confiance aveuglément. Ensuite, il faut être préparé à tout. La planification et l’identification des éventuels problèmes sont capitales. C’est comme la préparation d’un match de tennis. Et la dernière chose, c’est que nous essayons de ne jamais dire non. Nous recherchons toujours une solution. »

Qu’est-ce qui fait le charme de ce tournoi?

« Nous avons comme leitmotiv de rendre notre tournoi le plus agréable possible. L’Australian Open doit être fun. Fun pour les joueurs, fun pour les spectateurs. En outre, c’est l’été ici, le soleil brille, c’est le début d’une nouvelle année… Tout le monde est de bonne humeur. Et puis, nous avons de merveilleuses infrastructures. Le complexe, que nous cherchons sans cesse à moderniser, est situé en plein centre de la ville. Les gens peuvent s’y rendre à pied, via un tout nouveau pont, ou en tram. Et les animations ne manquent pas. C’est tout cet ensemble qui, je crois, fait notre force. »

Vous ne parlez pas du prize-money. Il a une nouvelle fois été augmenté. Les vainqueurs repartiront avec 3,7 millions de dollars australiens cette année, tandis que les perdants du premier tour toucheront 50.000 dollars !

« Pour les joueurs, c’est peut-être le cas… (sourire) Cela dit, nous considérons qu’ils doivent être correctement rémunérés. Une plus grande partie des bénéfices que font les tournois doit leur être rétrocédée. Nous estimons qu’il était surtout important d’augmenter le prize-money des premiers tours, et même des matches de qualification, afin d’assurer que le tennis soit une option de carrière viable pour chaque joueur qui se lance sur le circuit. C’est ainsi que les perdants du dernier tour des qualifications toucheront 25.000 dollars, une somme qui devrait leur permettre de pouvoir continuer à investir dans leur carrière. »

Pouvez-vous néanmoins comprendre que par les temps qui courent, certaines personnes puissent trouver ces montants indécents…

« C’est un business. Nous avons affaire ici à de grands professionnels. Je peux vous citer quantité d’autres disciplines où les athlètes sont nettement mieux payés. Je pense au football, au basket-ball, au golf… C’est vrai que les membres du Top 10 gagnent très bien leur vie. On peut comparer leurs revenus à ceux des autres sports, mais le tennis ne se limite pas à eux. Il faut penser à celui qui est classé au-delà de la 100e place mondiale… »

Quelle est la pire chose que vous avez dû gérer durant toutes vos années à la tête du tournoi?

« Je retiendrai deux événements. Le premier remonte au match, en 2008, entre Lleyton Hewitt et Marcos Baghdatis. Il s’est achevé à 4h33 du matin. Nous avions pourtant tout bien planifié, mais nous avons joué d’une incroyable malchance, tous les matches dans la Rod Laver Arena ayant duré une éternité. Et le deuxième concerne la fameuse bagarre entre une minorité de soi-disant supporters serbes et croates, en 2007. Ils s’étaient jeté des chaises et des bouteilles de bière à la figure et la police avait dû procéder à de multiples arrestations. »

Quel est votre meilleur souvenir?

« Les relations que j’ai nouées avec les joueurs. J’adore converser avec eux. Maintenant, si vous me demandez un moment particulier, je vous dirais la finale de l’édition 2012 entre Novak Djokovic et Rafael Nadal. C’est probablement le plus beau match de tennis que j’ai vu dans ma vie. J’étais assis au bord du court pendant les 5h53 et ce fut un merveilleux spectacle… »

Il paraît que vous avez aussi noué une relation particulière avec Kim Clijsters…

« D’un point de vue personnel, Kim est ma joueuse préférée. Si nous avions plus de Aussie Kim, ou de Kim Clijsters, le sport serait incroyablement sain. Elle est une grande championne. »

Cela a dû vous faire plaisir de la revoir l’an dernier venir participer au Tournoi des Légendes et travailler comme consultante pour la chaîne de télévision australienne Channel 7.

« Tout à fait. Elle a une nouvelle fois été charmante en acceptant d’être associée aux diverses activités que nous organisions, comme l’hommage aux femmes qui peuvent inspirer les générations futures. Je lui avais dit lors de ses adieux, en 2012, que nous serions toujours là pour elle. Kim adorait jouer ici. Elle avait beaucoup de fans et d’amis. Et je sais combien avoir pu ajouter ce titre sur son CV en 2011 lui a procuré de joie. J’espère qu’elle a apprécié son séjour ici autant que nous avons apprécié sa présence parmi nous. »

Quel souvenir gardez-vous d’elle ?

« Il date de sa victoire en 2011. Le soir, dans le Player’s Lounge, je lui ai demandé si nous pouvions faire une photo de nous deux avec son trophée. Et croyez-le ou pas, mais cette fameuse photo figure toujours sur mon bureau, à la maison. Elle vaut de l’or et je la chéris encore aujourd’hui… »

Serge Fayat

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