SANS FAUTES !

Le prof d’orthographe est en train de réussir son intérim surprise chez les Verts du président Jean Zarzecki.

Contre toute attente, les Francs Borains réalisent une excellente première tranche. Habitué à lutter pour le maintien, le club du président Jean Zarzecki joue les premiers rôles en Division 3B et vise la tranche. Pourtant, dès la première rencontre de championnat contre Tournai (victoire !), l’entraîneur français Jean-Marc Varnier avait démissionné pour des raisons qui divergent selon les intéressés. C’est Gildo Foda, ancien joueur de La Louvière et entraîneur des jeunes à Mons, qui l’a remplacé. Le seul hic : il a spécifié à son président qu’il n’assurerait qu’un intérim… jusqu’à la fin de la première tranche. Va-t-il rester ? Seul Foda connaît la réponse et se livre à Sport-Foot Magazine. Une chose est sûre : avec lui, les résultats des Verts sont excellents.

 » Mais mes joueurs ont vraiment beaucoup de talent « , explique d’emblée Foda.  » Ils se révèlent jour après jour malgré le fait qu’ils ne peuvent se targuer d’une expérience à un plus haut niveau que la D3. Avec eux, je suis parvenu à instaurer une certaine animation tant sur le terrain que dans les vestiaires. La conséquence est que chacun de mes éléments donne le meilleur de lui-même « .

Quel est votre objectif, maintenant ?

Gil Foda : Prendre tout ce qui est bon à prendre. Notre position au classement constitue un renouveau pour les Francs Borains et leurs supporters. On peut tout de même se permettre de voir plus loin. C’est la raison pour laquelle on va tenter de remporter la première tranche. Cela assurerait donc une place pour le tour final. De là à viser la montée en D2, il y a un pas que certains franchiraient volontiers. Et, Zarzecki, notre président, est animé d’un optimisme exacerbé : la montée est son rêve. Rêver n’est pas dans mes habitudes, mais pourquoi pas ? Le niveau en D3 n’est pas du tout terrible. Il ne faut pas se leurrer : il y a énormément de déchets. La D2 n’est pas non plus d’un excellent niveau. C’est triste car, de mon temps, ça jouait un minimum…

Au niveau tactique, travaillez-vous dans la continuité du système instauré par Varnier lors de la préparation ?

J’avais assisté aux matches d’avant saison. Varnier avait adopté la tactique qui convenait le mieux au groupe. Je l’ai donc reprise en la modulant quelque peu. C’est un 4-4-2 qui se transforme souvent ; soit en 4-5-1, soit en 3-5-2. De toute façon, ça ne veut rien dire. La tactique change en fonction de l’opposition et de sa force. Je l’adapte aussi en fonction des qualités et faiblesses de mon groupe.

A-t-il été difficile de remplacer Varnier après seulement une rencontre ?

La proposition du président m’a beaucoup surpris. Lorsqu’il m’a demandé de reprendre l’équipe, elle tenait la route et ça ne m’a donc pas trop effrayé. De plus, cette proposition me donnait envie mais j’ai tout de même précisé au président que je ne souhaitais réaliser qu’un intérim. Je savais où je mettais les pieds et connaissais les forces en présence. Je ne m’attendais toutefois pas à de telles performances. Mon absence lors de la préparation et le fait que je ne connaissais pas trop les autres équipes constituent mes seuls handicaps. Une formation qui m’a vraiment impressionné est l’Olympic. Les Carolos sont un cran au-dessus de toutes les autres formations de la série. C’est de loin l’ensemble le plus talentueux. Il devrait vraisemblablement émerger en fin de saison.

Pourquoi a-t-on opté pour vous ?

On me connaissait comme coach dans la région du Borinage. J’avais entraîné les jeunes de Mons avec lesquels j’ai gagné un tournoi Nike en Cadets nationaux. J’ai également coaché les Juniors chez les Francs Borains. On a donc pu observer mes aptitudes à exploiter le talent existant… bien qu’entraîner des jeunes n’ait rien à voir avec une équipe Première. On doit apprendre aux jeunes les réalités footballistiques tandis qu’une équipe fanion est un véritable sac de n£uds.

 » Avec Varnier, le club allait dans le mur  »

Quelles ont été les raisons du départ du coach français ?

Sa démission est la conséquence de problèmes relationnels avec le président. Leur cohabitation n’a pas été facile et si elle avait continué, le club aurait été droit dans le mur. De toute manière, nul ne connaîtra les raisons profondes de son départ.

Selon le club, Varnier – qui venait de Tournai – s’était mis trop de pression et n’a pas tenu nerveusement. D’après l’entraîneur français, le président occupait une place beaucoup trop importante dans le secteur sportif. Il aurait même décidé quels joueurs devaient évoluer sur le terrain. Ces directives sont-elles réelles ?

Le président des Francs Borains est tel qu’il est. Il veut tout gérer et tout contrôler à tout moment. Il est vrai qu’il s’immisce un peu dans le domaine sportif mais c’est le boss. Ma situation est plus facile car j’ai été clair dès le début : je ne suis là que pour un intérim et ne suis en fait pas l’entraîneur attitré. La donne n’est donc pas la même par rapport au Français. Il faut quand même parfois tourner sept fois sa langue dans la bouche et opter pour les bonnes tournures de phrases… Mon souhait a été de gérer cette équipe de manière personnelle et, si mes choix n’ont peut-être pas toujours cadré avec certaines décisions, tout s’est bien déroulé. Une des conséquences de cette expérience est que je me suis attaché au groupe. Ça va me faire quelque chose de le quitter. Car c’est certain, je ne reviendrai pas sur ma décision. Je pars après notre prochaine rencontre en ayant rempli les conditions de mon contrat. Ça valait le coup et cela suffit à mon bonheur.

C’est donc décidé. Vous partez… Un changement d’avis est-il envisageable ?

Non, absolument pas. La prolongation de mon contrat entraînerait une situation beaucoup plus compliquée. C’est tentant de continuer vu mes bonnes relations avec les joueurs et les supporters mais j’ai rempli ma mission au maximum de mes possibilités. Je suis réaliste. Si je continue, je ne sais vraiment pas où je vais. De plus, je n’ai aucune ambition de carrière. J’ai adoré entraîner les jeunes En revanche, coacher une équipe Première, c’est un autre monde. Je me suis prouvé que j’en étais capable mais je ne me vois pas plus renouveler cette expérience ailleurs. J’ai simplement saisi une opportunité à un bon moment et j’ai relevé le défi. Point à la ligne. En plus, le club a déjà jeté son dévolu sur mon remplaçant : Bernard Wégria, qui a disputé 484 matches de D1dont 430 avec le FC Liége. Il reprendra l’équipe directement après la première tranche. Je ne le connais pas vraiment. Mais s’il a été choisi, c’est qu’il répond aux attentes du président.

Quel bilan tirez-vous alors de cette expérience ?

Gérer une équipe, c’est devoir composer avec des valeurs humaines. C’est une histoire d’hommes. Il faut retirer la quintessence de quelqu’un. Si l’on y parvient, un grand pas a déjà été fait. C’est un travail très intéressant. Je tente de responsabiliser mes joueurs. Je leur donne des rôles à jouer, qui ne sont jamais négatifs, et des consignes à appliquer. Si tout le monde y parvient, on assiste à un beau récital. Sinon, il est facile de mettre en évidence les fausses notes. Le travail que je donne change en fonction de chaque joueur mais tout est une question de responsabilités. En conclusion, je ne me suis pas pris la tête. J’avais une envie et je l’ai assouvie. Il fallait travailler dur quand l’équipe ne tournait pas à l’entraînement et trouver des solutions. Je ne me suis jamais contenté de faux-fuyants. J’ai souhaité insuffler ma motivation à mes joueurs. Ils ont tout le temps été présents avec la tête et les jambes, deux paramètres indispensables et indissociables.

TIM BAETE

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